lundi 25 mai 2015, par
Le fusil modèle 1777, qui constitue le point d’aboutissement de toutes les modifications apportées au fusil depuis 1717, est l’œuvre de l’artilleur Gribeauval. Mis au point à la fin de l’Ancien Régime, ce fusil est utilisé pendant la longue période des guerres de la Révolution et du Premier Empire. Il est généralement considéré comme l’apogée du système à silex en France.
Le fusil d’infanterie de 1777 est un fusil à silex à un coup, à chargement par la bouche et à canon lisse (sans rayures internes). Il mesure 1,52 m (1,14 m pour le canon) et pèse 4,6 kg. Prolongé de sa baïonnette à douille, il atteint la longueur impressionnante de 1,92 m, théoriquement suffisante pour permettre au fantassin de se défendre contre une charge de cavalerie après avoir fait feu. Comme tous les fusils réglementaires français du XVIIIe siècle, son calibre est de 17,5 mm. Son bassinet est en cuivre métal moins sensible à la corrosion que le fer ; incliné vers l’avant, ce bassinet permet au fantassin d’amorcer plus rapidement, sans mettre le fusil à l’horizontale. Le fusil de 1777 subit de légères modifications en 1801, entre autres la suppression de la vis d’embouchoir : on parle alors de fusil an IX ou de « 1777 corrigé an IX ».
Le fusil de 1777 se caractérise par sa grande résistance, notamment au niveau du canon (des essais ont montré que ce modèle pouvait tirer 25 000 coups sans être mis hors service). Conçu pour pratiquer le tir sur trois rangs, sa précision est relativement bonne pour une arme à canon lisse (le tir est juste jusqu’à 150 m, efficace jusqu’à 200 ou 250 m et très imprécis au-delà de ces distances). La platine de ce fusil est néanmoins sujette aux ratés (1 coup sur quinze en moyenne).
Si la conception du fusil de 1777 reste très classique, sa fabrication est soumise à des contrôles rigoureux qui font de lui la première arme produite de façon standardisée.
Ce fusil est élaboré peu avant l’entrée en guerre de la France aux côtés des Insurgents américains, sous le contrôle de Jean-Baptiste Vaquette de Gribeauval (1715-1789), inspecteur général de l’artillerie et réformateur de cette arme. Dans les années 1760, Gribeauval normalise l’artillerie royale en inventant puis en utilisant « l’étoile mobile », appareil servant à mesurer exactement les dimensions intérieures d’un canon. Désireux d’étendre cette normalisation aux armes de l’infanterie, l’inspecteur puis lieutenant général met au point, assisté du contrôleur Honoré Blanc (1736-1801), un nouveau modèle de fusil en 1777. Les deux hommes s’accordent sur la nécessité de faciliter les réparations, ce qui suppose une arme standardisée, aux pièces interchangeables, c’est-à-dire identiques d’un fusil à l’autre (du même modèle bien entendu).
Le règlement du 26 février 1777 précise ainsi les dimensions de toutes les pièces du fusil. Des instruments vérificateurs spécialement conçus permettent en outre aux contrôleurs des manufactures de s’assurer de l’uniformité des pièces produites .
Ces instruments vérificateurs complètent utilement le règlement, toujours susceptible, comme tout texte, d’interprétations différentes. Grâce à la qualité de son exécution, inégalée à l’époque, le fusil de 1777 est une arme globalement fiable, de bonne technicité,ce dont témoigne sa robustesse.
Malgré les progrès introduits par Gribeauval et Honoré Blanc, la production du fusil de 1777 ne peut être qualifiée d’industrielle, au sens de mécanique et regroupée : jusqu’aux années 1850 en effet, la fabrication des armes à usage militaire reste essentiellement manuelle et les manufactures s’apparentent
plus à un ensemble d’ateliers dispersés qu’à un lieu unique de production. Le premier fusil véritablement industriel est le modèle Chassepot de 1866. Quant à l’interchangeabilité totale des pièces, elle n’est vraiment atteinte qu’avec le modèle Lebel de 1886.
Le fusil de 1777 est, par ailleurs, à l’origine d’un « système d’armes », ce qui signifie qu’à partir du modèle destiné à l’infanterie, sont déclinées différentes versions à l’usage des officiers, des cadets-gentilshommes, des dragons, des artilleurs, des cavaliers et des troupes de marine. Ce système est complet en 1786.
Le fusil de 1777 se caractérise par son exceptionnelle longévité.
Équipant progressivement les troupes à la fin de l’Ancien Régime, il reste en service sans modifications majeures jusque sous la Monarchie de Juillet. Il subit des transformations plus importantes dans les années 1840 et 1850 : conversion de la platine à silex en système à percussion, introduction de rayures à l’intérieur du canon (permettant une précision plus grande et une portée accrue). Après ces transformations, certains exemplaires demeurent encore en usage dans l’armée française jusqu’au conflit franco-prussien de 1870-1871
sources : musee-armee.fr
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