dimanche 25 juin 2017, par
Le fascisme est un mot italien, provenant de « il fascio » qui signifie « le faisceau » (lumineux), et se rapporte aussi bien à une gerbe composée de plusieurs épis de blé. Ce que ce mot dira plus tard, c’est qu’il contient toute la définition du nationalisme, et pour ainsi dire « la haine des autres ».
Bien que l’Italie fût du côté des Alliés, et donc des gagnants du premier conflit mondial, le peuple Italien se voit perdant des nombreux hommes qui sont morts au front, ainsi que les terres qu’on leur avait promises et qui ne leur appartiennent toujours pas (en l’occurrence la Croatie et la Dalmatie). Le pays s’est battu, mais il manque la récompense. En 1917, l’armée italienne était insuffisante, et le pays a perdu ses conquêtes territoriales. On est loin de l’Empire romain…
Une partie de la population réclame ces terres, tandis qu’une autre partie, constituée des plus indigents, est agitée de mouvements sociaux influencés par la révolution russe de 1917. La crise militaire devient une crise politique. En Italie comme en Russie, on pourrait voir venir une révolution. Cependant, le communisme reste une menace en Europe.
Mussolini crée les faisceaux de combat en 1919, publiés dans un journal. C’est un programme politique, qui exige de nouvelles règles, comme ne pas dépasser les huit heures de travail, la création des syndicats, un salaire minimum, un abaissement de l’âge de la retraite, etc. Le 31 décembre 1919, 31 villes italiennes ont officiellement adhéré au nouveau pouvoir.
Dès 1920 commencent les grèves ouvrières, que les Fascistes soutiendront d’abord avant de les considérer comme un acte d’opposition. Il en est de même pour les révoltes agraires. Les faisceaux de combat deviennent un parti politique en 1921. Il s’agit maintenant de retrouver l’Empire romain, et on se concentre sur la colonisation. Les Fascistes profitent du fait que l’Etat est affaibli par la guerre, et qu’il ne peut se battre contre la force qu’use le parti naissant, lui aussi marqué par la violence de la guerre. C’est un système presque liberticide, avec répression. Le parti ne tombera qu’en 1943.
Le 28 octobre 1922 a lieu la marche sur Rome, un déplacement énorme de Fascistes. C’est ce jour-la que le roi Victor-Emmanuel III refuse l’affrontement et cède le gouvernement à Mussolini. En 1924, il n’y a officiellement plus de Socialistes en Italie. Divisés entre interventionnistes et non interventionniste déjà avant la guerre, les Socialistes ne s’unissent pas et aucun mouvement de révolte n’a lieu. La gauche est affaiblie. Mussolini remporte les élections, et le Pape laisse faire.
Le terme chemise noire est attribué à de jeunes hommes qui partent en mission punitive. C’est un groupe de combat qui vise à faire taire ceux qui s’opposent aux faisceaux de combat. On les appelle aussi les squadristes. A la solde des industriels, ils répriment principalement les Socialistes, et surtout les Communistes. Les patrons d’entreprise cherchent à tout pris à repousser cette nouvelle idéologie qui menace le peuple italien. La démonstration de force semble être seul moyen.
Opérant toujours en équipe, la manière de faire des squadristes est à l’image de la violence réclamée : ils tabassent jusqu’à la mort leurs victimes. Une de leur torture favorite est de leur faire ingérer de l’huile de ricin qui a un effet laxatif immédiat, pour pousser encore plus loin l’humiliation. Les squadristes sont convaincus que la violence régénérera la nation, et leur véritable but est bien d’effrayer tous les opposants. La tâche leur est facilitée par le fait que les autorités les laissent faire. C’est en 1921 que de nombreux adhérents rejoignent le mouvement et deviennent membres, dont la plupart sont de la classe moyenne ou de la classe ouvrière.
Nous sommes en pleine guerre civile.
La rue devient le lieu des massacres, et c’est surtout dans les quartiers socialistes que le nombre de victimes est le plus élevé. Les Socialistes sont trop impuissants pour réagir, et même le pape cèdera au fascisme.
Si à l’état initial, comme cela l’était aussi pour Mussolini, le fascisme était une doctrine socialiste et patriotique, elle devient néanmoins nationaliste et totalitaire. Au moment où l’Italie rentre en guerre, le socialisme se sépare. Il existe désormais les interventionnistes et les non-interventionnistes : Mussolini est un socialiste interventionniste, il vote pour la guerre. Lors du pouvoir de Mussolini, le fascisme se détache définitivement des positions de gauche. Son Duce dit maintenant défendre la patrie, l’Etat, les bourgeois, tout à fait l’inverse d’une société socialiste. Mais le fascisme propose du travail, parle sans cesse de réduire le chômage, et le peuple est séduit. Le Duce est soucieux de faire perdurer le régime. Il met ainsi en place une société totalitaire.
Le monde ouvrier perd ensuite tout moyen de résistance, car Mussolini prend soin de supprimer les syndicats, d’interdire les grèves, etc. Il réintègre les corporations, l’entraide entre les ouvriers au moyen d’une hiérarchie, qui déplaît aux Communistes. Les chemises noires se chargent des Socialistes : les enlèvements s’enchaînent, les quartiers socialistes voient leurs rues se teindre de sang. De nombreux hommes non fascistes sont battus à mort.
La dictature s’instaure, la censure commence, et les opposants sont emprisonnés ; leur seule solution est de s’exiler, car la répression redouble.
Mussolini a besoin des voix du peuple pour remporter les élections, mais le Pape voit d’un mauvais œil la nouvelle doctrine. Il craint que l’Eglise perde son pouvoir, et demande à tout Italien catholique de ne pas voter en faveur du fascisme. C’est alors que Mussolini entreprend de charmer ceux qui lui résistent : il commence par reconnaître l’autorité du pape sur le Vatican, mais pas dans la politique italienne. Il lui accorde le droit de nommer seul ses évêques, et permet également aux catholiques la protection de l’Etat sur leurs associations religieuses. Cette autonomie octroyée au pape durera de 1926 à 1929.
Le pape devient immédiatement favorable au fascisme, en raison des compromis, mais également car le fascisme assure une barrière contre le communisme, l’idéologie des athées.
Il y a à la fois le modèle de la révolution russe à suivre, mais aussi la haine du communisme, qui se présente comme un danger à cause de l’Internationale socialiste, maintenant que Lénine a hissé les Bolcheviques au pouvoir. Ils sont les principaux ennemis de l’Europe occidentale, et particulièrement des Fascistes qui, d’ailleurs, instaurent une dictature totalitaire tandis que le communisme vise une égalité absolue. Les Fascistes hésitent à s’emparer du pouvoir « par les urnes ou par les armes. » Tous les autres partis politiques sont interdits en Italie.
Mussolini veut apparaître comme le sauveur du pays, le vainqueur du combat contre le bolchevisme.
En 1922 déjà, Hitler admirait Mussolini et le fascisme, et les voyait comme un modèle à suivre. En Italie, de plus en plus de cérémonies ont lieu publiquement. Les jeunes portent l’uniforme, on ne les identifie plus, et ils chantent les chants martiaux à l’unisson. On fait le culte des morts pour la patrie, on renforce le nationalisme déjà régnant, et on pousse la jeunesse à se sacrifier comme ces héros l’ont fait, à être solidaire.
« Croire, obéir, combattre » deviennent les trois mots d’ordre de Mussolini.
Mais plutôt que de voir ce parti comme une religion, il serait peut-être plus juste de le considérer comme une secte, dans laquelle le Duce serait le gourou face à un foule privée d’esprit critique, car l’école lui enseigne ce qu’elle doit penser. Avec son salut similaire au salut romain, Mussolini devient l’objet d’idolâtrie des Italiens de l’entre-deux-guerres.
Les cartes postales sont également un moyen de faire paraître le Duce comme le sauveur du peuple italien, et de devenir aussi présent que le Christ lui-même dans les foyers. On voit son portrait partout, et les cartes postales ont l’avantage de faire participer le peuple à la propagation de ces portraits, ou alors à être gardée comme un objet de culte. La radio sert également de diffusion des idées de Mussolini, qui offre de nombreux postes au familles afin d’être mieux entendu.
Bien que l’on retrouve dans le régime fasciste les mêmes mesures anti-juives qu’en Allemagne, ce n’est pas sous l’influence d’Hitler que les commerçants affichèrent « interdit au Juifs » sur les portes de leurs établissements. Hitler prit exemple sur Mussolini pour mener le nazisme en Allemagne. Dans les politiques fascistes, il existait celle du racisme, avec l’obsession d’éviter toute « contamination » avec un non-italien.
Mais le nazisme deviendra plus fort et plus puissant que le fascisme. L’Allemagne prend même les commandes de l’Italie, car Mussolini ne se montre pas à la hauteur. La persécution des Juifs permet un point d’entente en l’occupé et l’occupant. Les deux pays n’ont pas peur de la guerre : ils éduquent leur jeunesse au combat, et leur font accepter les risques qu’il comporte. Après l’école, c’est la jeunesse hitlérienne en Allemagne et la gym en Italie. Il y a ici la marque de la « puissance du groupe ». Les femmes ont le même rôle en Italie et en Allemagne : elles sont renvoyées à la maison car elles sont des concurrentes si elles travaillent, et leur fonction est de faire des enfants. Hitler leur adressera les « trois K » : Kinder, Küche, Kirche (enfants, cuisine, église).
Entre Mussolini et Hitler, c’est presque un jeu qui s’instaure entre eux, avec les dimensions belliqueuses qui délimitent la guerre de 39-45. Concernant leurs bateaux, c’est à celui qui aura le plus grand et le plus efficace. Leurs navires sont surtout des prestiges, plus que des rapports économiques.
Les Anglais et les Américains envahissent l’Italie le 8 septembre 1943. A travers les bombardements et les morts, le pays est libéré du parti fasciste. Auparavant, déjà, Mussolini avait eu affaire à des tentatives d’assassinat : sans procès et l’accusé directement condamné à mort. Mais la fin de la guerre approche, les alliés s’activent, et le parti est affaibli. Au nord, une partie du fasciste parviendra à subsister ; les Italiens ne seront pas accusés de crime de guerre.
SOURCES : L’Histoire n°235 septembre 1999
L’Histoire, n° 292 novembre 2004, Le paquebot chéri de Mussolini, par Pierre Milza
Documentaire : Le fascisme italien en couleurs (1 et 2), ARTE
Les collections de l’Histoire n°3, Italie : Fascisme et antisémitisme d’Etat, Marie-Anne Matard-Bonucci
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