samedi 12 novembre 2022, par
La guerre, comme pour tous les pays touchés, fut très difficile pour l’URSS. Le pays est détruit et la guerre a causé la mort de vingt-six millions de personnes, des civils pour la plupart. Mais ce chiffre n’a été mis à jour que récemment, car pendant l’URSS, il ne sera pas officiel et même réduit de moitié afin de cacher l’affaiblissement du pays.
Beaucoup de soviétiques sont partis à l’Est, pour combattre le nazisme ou de leur plein gré ; une partie d’entre eux est rentrée en URSS, mais la plupart étaient des prisonniers de l’Armée rouge morts de faim dans les camps allemands. On compte aussi parmi les victimes les populations qui ont été exterminées, entre autres les Juifs et les communistes, mais aussi une multitude d’autres populations entièrement exterminées.
Aux vingt-six millions de morts s’ajoutent des millions de réfugiés, des personnes qui ont été coupées de leur famille à cause du travail, de la déportation ou de l’évacuation notamment, mais également des millions de personnes blessées et mutilées.
En 1946, malgré la démobilisation, on compte plus de vingt millions de femmes de plus que d’hommes, ce qui signifie qu’il existe des millions de mères célibataires alors que la propagande du régime se tourne de plus en plus vers le conservatisme. Dans une atmosphère qui réclame des familles traditionnelles, il existe une multitude de mères célibataires. C’est la raison pour laquelle des médailles de la maternité sont données dès 1944 : lorsqu’une femme a plus de six enfants, elle reçoit un ordre de la gloire maternelle, et dès dix enfants, les femmes deviennent des mères héroïques.
A l’issue de la guerre, les pertes matérielles sont considérables, et les territoires dévastés par l’Armée rouge en retraite ou les Allemands en train de reculer, utilisant la stratégie de détruire tout ce qui peut avoir une valeur militaire pour l’armée. Cette technique était très utilisée par l’Armée rouge qui faisait, entre autres, sauter des voies ferrées. Mais en 1945, l’URSS semble transformée en désert.
La guerre a entraîné un sursaut de patriotisme, par la suite fortement encouragé par le pouvoir : ce dernière renforce l’idée de sacrifice suprême accompli par le peuple soviétique pour justifier ces pertes humaines. De plus, cette victoire tend à prouver la validité du système stalinien, mis en place dès la fin des années 1920. Finalement, la guerre prouve que la politique d’industrialisation et de collectivisation a permis la victoire de l’URSS dans la Seconde Guerre mondiale. [1]
Cette idée de sacrifice suprême engendre un sursaut patriotique et le sentiment que la Russie ne s’est pas sacrifiée pour rien. Mais cela dépend des populations qui font partie de l’Union soviétique, pour qui la victoire peut représenter une véritable tragédie… surtout les « peuples punis ». Dès ce moment, la guerre remplace la révolution comme référence suprême symbolique en URSS. De plus, pour certains peuples, la victoire est montrée comme justifiant aussi les répressions des années 1930 !
La victoire revêt un caractère ambigu, car elle n’est pas fêtée durant des années. Elle est célébrée sur la Place rouge en juin 1945, mais dès 1947, la fête de la victoire est supprimée. De plus, les vétérans doivent se débrouiller seuls, le marché noir émerge soudain, de même pour l’alcoolisme, et des milliers de familles encore vivent dans des trous creusés dans le sol en 1947. Pourtant, d’un autre côté, des privilèges sont accordés à des cercles, certaines villes sont mieux loties que d’autre et il existe les villes héros, à savoir Leningrad et Moscou. Mais non loin, la situation est tragique pour les mutilés, les invalides, ainsi que les personnes âgées.
Des peuples ont connu une tragédie avant la guerre : c’est le cas notamment des Coréens, des Finlandais, des Allemands, plus tard des Tchétchènes et des Tatars de Crimée. Ces derniers, comme les autres nations, ne furent pas épargnés par les purges staliniennes des années 1930. Mais le pire est à venir : le début de la guerre, l’occupation par les troupes allemandes dès 1941, la reconquête par les soviétiques au printemps 1944. Dès lors, Staline ordonne de déporter les Tatars de Crimée accusés collectivement d’avoir collaboré avec l’envahisseur fasciste. Ce sont de véritables rafles qui commencent le 18 mai 1944 et s’achèvent le soir du 20 mai. Près de 180 000 personnes sont expulsées de leurs terres et envoyées en Asie centrale, dont une partie périt pendant le voyage.
Il s’agit d’une détatarisation de la Crimée en quelque sorte. Les Tatars de Crimée devront attendre 1967 pour être réhabilités et obtiendront le droit au retour seulement pendant la Perestroïka, dans l’élan des réformes de Gorbatchev. A ce moment, la détatarisation est décrétée comme illégitime par le pouvoir soviétique, comme la déportation des autres peuples.
Néanmoins, pendant la guerre, l’URSS développe des contacts plus étendus avec l’Occident. En effet, là-bas se trouvent - ou se sont trouvés des millions - de prisonniers de guerre, de fugitifs, de soldats, et aussi les populations déportées à l’intérieur de l’URSS pendant la guerre en provenance de régions qui lui sont rattachées.
La Pologne obtient des territoires à la fin de la guerre qui, avant, étaient appartenaient aux Allemands. Vilnius est prise à la Lituanie, dont elle est la capitale aujourd’hui. En regardant les anciennes frontières de la Pologne jusqu’en 1939, on constate que cette dernière s’est déplacée vers l’Ouest, car elle a perdu des territoires au profit de l’Union soviétique mais en a gagné en Allemagne. De plus, entre la Bessarabie qui formera la Moldavie soviétique et les régions prises à la Pologne, il y a d’énormes déplacements de populations, qui sont souvent tragiques.
Malgré son nombre important de morts et sa situation économique tragique, l’URSS tient une position excellente sur la scène internationale, à la fois morale et victorieuse du nazisme. C’est l’occasion pour le mouvement communiste international d’émerger à nouveau, après avoir connu un moment difficile après le pacte germano-soviétique et les victoires soviétiques à l’Ouest. Le communisme se renforce dans les pays de l’Est, mais aussi en France et en Italie.
Après la guerre, l’Allemagne et le Japon ont capitulé, l’Italie est hors de combat, la Grande-Bretagne et la France sont épuisées par la guerre. Les Etats-Unis jouent un rôle important : leur situation économique n’a rien a voir avec l’URSS, car la guerre ne s’est pas déroulée sur ses territoire. De son côté, l’Union soviétique est en grande faiblesse. Le rôle de Staline après la guerre est de reconstruire le pays, en reformant l’industrie et en reprenant le contrôle sur le monde paysan ; il doit alors combattre l’influence du monde non communiste.
Si l’URSS doit combattre cette influence, elle ne pourra plus s’isoler comme elle l’a fait en 1930. En effet, elle a dès lors un statut de super puissance, et des milliers de fonctionnaires travaillent à l’extérieur du pays, dans le bloc de l’Est. Il en est de même pour les soldats. Ces milliers de soviétiques à l’extérieur de l’URSS représentent un courroie de transmission qui sera susceptible de répandre dans l’Union des sentiments de rejet quant à elle venus d’ailleurs. Les travailleurs favorisent les rencontres. C’est aussi le début d’une prise de conscience de la situation économique sociale et politique de l’autre coté de ce qui va devenir le rideau de fer.
Entre 1946 et 1950 s’applique le quatrième plan quinquennal. [2] Il accorde une grande importance à la forte industrie lourde, qui représente quatre-vingt pourcents du total des investissements. La démobilisation de dix millions d’hommes permet de s’atteler à la reconstruction des villes et des villages. Avec l’exigence de faire encore mieux, c’est le retour du travail à la pièce avec des primes et des ouvriers héroïques pendant que l’Allemagne doit payer les réparations, de même pour ses Alliés.
En 1947, les importations soviétiques proviennent essentiellement de l’Europe de l’Est. Elle obtient des privilèges commerciaux sous forme de démontage d’usines remontées en URSS, entièrement démantelées et acheminées de la Roumanie, la Hongrie et la Bulgarie en guise de réparation. Mais cela représente un aspect négatif pour l’URSS, car elle hérite de matériaux déjà usés industriellement qu’il faudra finalement reconstruire malgré tout.
Le cinquième plan quinquennal s’étend de 1951 à 1955. Il se révèle plutôt proche du quatrième en étant également axé sur l’industrie lourde, mais il comporte d’importants progrès complexes comme l’armement, l’aéronautique et l’énergie atomique. En outre, la production agricole pose un gros problème : il s’agit d’un aspect difficile car une nouvelle offensive du pouvoir est nommée sur la paysannerie. Néanmoins, le problème de la production insuffisante restera la grande faiblesse de l’économique soviétique jusqu’à sa chute.
Après la Seconde Guerre mondiale, l’URSS comporte en plus les républiques baltes et la Moldavie, accumulant quinze républiques soviétiques. Mais avec cette augmentation de républiques soviétiques, celles qui sont autonomes diminuent après la guerre. Celle des allemands de la Volga est supprimée lors du pacte germano-soviétique et l’invasion allemande en juin 1941. De même en ce qui concerne la république autonome de Crimée supprimée en 1944, comme les Tatars. Les républiques autonomes seront en partie rétablies, mais pas celles de la Volga, ni celle de Crimée.
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