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La réaction américaine

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Les militaires eux-mêmes n’étaient pas à l’abri de la contagion. Le président des chefs d’état-major combiné, le général Wheeler, retour de Saigon (ou ses quartiers avaient été soumis aux bombardements ennemis), apparut profondément soucieux. Westmoreland lui-même, bien qu’il se fût montré optimiste concernant l’issu de l’offensive du Têt, estimait que l’ennemi étaitcapable de lancer d’autres opérations. Wheeler et ses collègues récoltèrent en outre de sérieux maux de tête provoqués par d’autres problèmes : les Nord-Coréens venaient juste de s’emparer du navire de transmission américain Pueblo ; la situation à Berlin et au Moyen-Orient mena çait de s’enflammer à nouveau à tout moment ; la réserve stratégique de l’US Army était tombée à une division — et la guerre du Vietnam avait eu des effets déplorables sur le moral des forces américaines partout dans le monde.
Le général Wheeler, désireux de reconstituer la réserve stratégique et d’être prêt à faire face aux futures actions de l’ennemi au Sud Vietnam, exhorta Westmoreland à exiger d’importants renforts américains. Soucieux de profiter de la situation, Westmoreland y vit l’occasion d’acquérir des forces susceptibles de lui servir, si le Président l’autorisait à envahir le Laos et le Cambodge, et à lancer une attaque amphibie pour piéger les forces nord-vietnamiennes à l’intérieur de la zone démilitarisée. Le général perçut, de plus, que la demande de réserves ferait comprendre aux Nord-Vietnamiens que les Etats-Unis n’accepteraient d’autre règlement que la victoire.
Le président Johnson ne sut trop quoi faire face à cette demande de 206 000 hommes supplémentaires — moitié pour le Sud Vietnam, moitié pour la réserve stratégique. Il exigea deux analyses poussées des réalisations susceptibles d’être effectuées avec ces renforts. La première fut confiée à un comité présidé par le nouveau secrétaire à la Défense, Clark M. Clifford, la seconde à un groupe d’anciens militaires comprenant d’éminents commandants de la deuxième guerre mondiale. Exagérément impressionnés, peut-être, par ce qu’ils avaient lu dans les journaux et vu à la télévision, les deux groupes se prononcèrent contre le renforcement.
Le Président accepta leur conseil. Mais, avant toute annonce publique, le New York Times révéla le fait que l’administration étudiait l’envoi de 206 000 soldats de plus « au Vietnam ». La presse et la télévision réagirent dans le style critique alors habituel pour presque tout ce qui touchait à la guerre. Les médias attribuèrent le résultat relativement médiocre obtenu par le Président aux élections primaires du parti démocrate dans le New Hampshire, quelques jours plus tard, à une manifestation de protestation contre la guerre de la part des votants. En réalité, comme la suite devait le montrer, le vote fut plutôt une protestation contre l’incapacité de Johnson à prendre une position plus dure après l’offensive du Têt...
Au Sud Vietnam, les événements des mois qui suivirent prouvèrent que l’ennemi avait été durement touché dans l’offensive du Têt, comme l’avait affirmé Westmoreland. Les communistes tentèrent deux attaques de poursuite — l’une en mai, l’autre en octobre à la roquettes et au mortier, mais ce ne furent que des opérations mort-nées. Le programme de pacification, prématurément enterré par la presse, reprit de la vitesse. Le contrôle du gouvernement fut rapidement restauré dans la partie du pays abandonnée durant l’offensive et se vit même considérablement renforcé. Loin d’être démoralisée, I’ARVN fit preuve de capacités et d’un moral plus élevés : les recrues foisonnaient ! Les Américains mirent sur pied un programme destiné à fournir aux réguliers et aux miliciens de nouvelles et meilleures armes et de nouveaux équipements.
Quant au peuple, pour la première fois, il sembla montrer un réel soutien au gouvernement de Saigon. Celui-ci fut bientôt à même d’armer des milliers de gens et de former une force d’autodéfense à l’échelle de la nation. Un gouvernement qui craint son peuple lui fournit-il les armes qui se retourneront contre lui ?
Le président Johnson décida alors qu’apres quatre ans et demi passés au Vietnam, le général Westmoreland devait être promu au poste de chef d’état-major de l’US Army, et que son adjoint à Saigon, le général Creighton W. Abrams, serait le nouveau commandant américain sur le terrain. Bien que Johnson eût pris cette décision à la mi-janvier, avant l’offensive du Têt, son annonce différée permit aux critiques de Westmoreland de continuer à prétendre que le Président, déçu par le général lors de l’offensive du Têt, l’avait « promu sur une voie de garage »...


sources Connaissance de l’histoire Hachette1983

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