jeudi 20 septembre 2007, par
Au moment où les Alliés débarquent eu Normandie, le Spécial Air Service possède des effectifs importants :
– Deux régiments britanniques.
– Un régiment belge,
– Deux régiments français : le 2e et le 3e SAS.
Le 2e SAS (ou 2e RCP dans la terminologie française) est engagé en Bretagne on premiers éléments sautent le 5 juin au sair Son histoire est relativement bien connue Celle du 3e l’est beaucoup moins. Elle abonde pourtant en exploits farfelus, en coups de courage et d’audace. Ses résultats seront d’une importance primordiale.
La mission que le commandant Chateaujobert, dit Conan, reçoit au début du mois de juillet, est la suivante : « Agissant sur la direction Nantes-Lyon, interdire, en liaison
avec les maquis du centre, toute action des Forces de la Wehrmacht, évaluées à 100 000 hommes, refluant du bassin aquitain .
Il s’agit de couvrir le flanc sud de la 3e armée US de Patton, qui va déboucher de Normandie pour envelopper les forces allemandes situées au nord de la Loire.
Les premiers sticks sont mis à terre le 16 juillet, avec jeeps, armes et bagages. Parfois en liaison avec les maquis, le plus souvent seuls, les SAS font sauter les trains, les dépôts de munitions et de carburant en plein milieu des concentrations de troupes. Ils tendent des embuscades aux camions, attaquent les voitures d’Etat-major. Se promenant ouvertement en jeep de jour, pendant que les bombardements alliés entravent le trafic, ils réservent la nuit pour les embuscades.
L’ennemi prendra souvent les commandos SAS pour des détachements avancés de l’armée Patton. La station de radar de Beaulieu est détruite par une garnison allemande qui recule sous le feu d’un groupe SAS, persuadée que les blindés suivent de près. Les commandos entretiennent le doute et la crainte dans les rangs ennemis en faisant circuler des bruits d’attaque imminente sur tous les points à la fois.
Le 3e squadron avec la moitié du squadron de commandement et le squadron de renfort, aux ordres du capitaine Simon, opère à partir du 16 juillet dans le Poitou et le Limousin, puis se regroupe autour de Châteauroux avant de rejoindre les poches de l’Atlantique. Le 2e squadron du capitaine Sicaud intervient le 5 août dans le nord du Finistère pour conserver intacts les ouvrages d’art que les Allemands menacent de détruire
devant les blindés américains. Récupéré en Angleterre, il est à nouveau parachuté dans le Jura, à proximité duquel opèrent depuis le 12 août, le 1er squadron et l’autre moitié du squadron de commandement aux ordres du commandant Conan.
De son côté, le squadron de jeeps débarque en Normandie, puis éclate en 5 pelotons qui travaillent indépendamment, soit en liaison avec les divers groupes SAS, soit avec les unités de reconnaissance de la 3e armée US. Il s’ensuit un fantastique cross-country à travers les lignes, au milieu des colonnes de Panzers et des convois allemands qui refluent vers l’est et le nord.
Ainsi, dans l’Yonne, à un passage à niveau, la jeep de l’aspirant Aubert-Stribi fonce à tombeau ouvert, suivie par l’équipage des frères Djian. Au moment même où la première jeep va tomber dans une embuscade, Lucien Djian, qui voit la scène d’un seul coup d’oeil, vire en pleine vitesse, enjambe le talus de la voie ferrée qu’il franchit et prend l’ennemi de flanc, à bout portant.
Aubert-Stribi passe sans mal tandis que ses deux mitrailleuses fauchent le FM et ses servants. Sans même s’arrêter, les deux jeeps disparaissent, laissant une vingtaine de cadavres sur la voie. Le 1er septembre, il rejoint le PC du régiment.
Le 4 septembre, le peloton, qui a reçu l’ordre d’agir sur la nationale 6, approche vers quatre heures du matin de Sennecy-leGrand. Un convoi allemand de près de 3 000 hommes en route vers la trouée de Belfort y stationne.
Le capitaine Combaud de Roquebrune décide d’attaquer ; les quatre jeeps foncent à 80 km/h dans la grand-rue. La panique s’empare des Allemands, surpris par la violence du feu, l’audace et la rapidité de l’attaque. Malheureusement, à la sortie du village, les jeeps se trouvent face à face avec un autre convoi ennemi qui arrive. Les premiers camions, incendiés, barrent la route. Il ne reste qu’une seule issue : repasser par Sennecy.
Alors, sous le feu, les jeeps font demi-tour sur place, mais leur élan est brisé par les cadavres qui jonchent la grand-rue. Sauf la première qui atteindra la sortie du village, les trois autres s’immobilisent une à une bloquant le passage.
Les équipages se dégagent et mènent un combat désespéré au corps à corps, dont ils ne peuvent sortir vivants. Seuls, l’adjudant Tramoni, Beaude et Bailleux, blessés tous trois, se traînent à travers champs et s’échappent de cet enfer dont la dernière vision sera pour eux l’aspirant Aubert-Stribi, se défendant au colt, et la jeep en flammes du chef de peloton continuant à cracher le feu de toutes ses armes.
Si les pertes allemandes n’ont pu être dénombrées exactement, il a cependant fallu réquisitionner plus de 30 médecins civils pour soigner leurs blessés.
Le 6 septembre, les 25 SAS des capitaines Rouan et Poro, aidés de 125 FFI, s’emparent de Montceau-les-Mines, puis s’installent en bouchon sur la route et la voie ferrée. A midi, un train se présente et déraille sur la coupure préparée.
Le combat s’engage contre 300 Allemands. De son côté, le capitaine Rouan voit débarquer une autre unité d’un convoi auto.
La situation n’est pas brillante, lorsque le sergent-chef Le Carré et un maquisard, avec un sang-froid qui frise la témérité, sauvent la situation. Sautant sur le remblai, ils s’avancent et demandent d’autorité le commandant d’unité à qui ils déclarent sans ambages : « Vous êtes encerclés par une division aéroportée, rendez-vous ! » Après quelques hésitations, l’Allemand s’exécute.
Au moment où quelques maquisards récupèrent les armes et rassemblent les prisonniers, survient un train blindé. Quelques coups de feu sont échangés. Le Carré intervient. Renouvelant son geste, il ouvre les portières, fait descendre les Allemands et leur ordonne de jeter les armes à terre. Sur ces entrefaites, les hommes du convoi-auto arrivent. Ils regardent le spectacle, et à leur tour, jettent les armes et se rendent.
En quelques instants, au prix de deux tués, les parachutistes se retrouvent à la tête de 500 prisonniers, deux trains, deux chars, plusieurs canons et 500 armes diverses tandis que l’ennemi laisse sur le terrain 20 tués et 32 blessés.
Le bilan général du 3e RCP est suffisamment éloquent : 5 476 Allemands hors de combat, 1 390 prisonniers, 11 trains et 382 véhicules détruits, pour la perte de 41 parachutistes, tués ou disparus.
Le régiment frère, dont la gloire acquise en Bretagne a quelque peu fait oublier le magnifique travail effectué par le 3e RCP, est alors en train de regrouper ses éléments éparpillés sur toute la Bretagne et de se réorganiser. Renforcé par les FFI qui ont combattu dans ses rangs et monté sur jeeps type SAS, le 2e RCP va bientôt prêter main-forte au 3e RCP dans sa mission de flanc-garde.
Le 26 août, 65 jeeps arrivent à Vannes, apportant les bérets amarante que le roi d’Angleterre, en un geste de reconnaissance profonde, accorde aux SAS français. Aussitôt équipées, les jeeps du 2e RCP démarrent vers la Loire et la région de Briare à partir de laquelle les quatre squadrons vont opérer en direction de Nevers, Châteauroux et Bourges.
D’un bilan aussi prestigieux que celui de son homologue, nous ne retiendrons que quelques chiffres indiscutables et qui sont certainement au-dessous de la réalité : 326 Allemands hors de combat, 2 520 prisonniers et 320 véhicules divers pour 2 tués, 12 blessés et une jeep détruite chez les SAS. Cela, semble-t-il, n’a pas besoin de commentaires !
L’épisode le plus extraordinaire se situe le 11 septembre. Ce jour-là, le sous-lieutenant Le Bobinnec, commandant un peloton du 2e squadron, enlève par surprise un avant-poste sur la route de St-Pierre-le-Moutier. Les prisonniers sont assis avec un drapeau blanc sur le capot des jeeps. Il pénètre alors dans le village encombré par un convoi du détachement d’avant-garde de la colonne Elster. Après discussion avec le commandant du convoi, il le persuade qu’il est à l’avant-garde d’une division blindée américaine et que toute résistance est inutile.
Impressionné par l’assurance du sous-lieutenant et déprimé par les attaques incessantes dont la colonne est l’objet, le commandant du détachement finit par céder.
La capitulation englobe 2 500 Allemands, 300 véhicules, 8 canons et tout l’armement individuel correspondant. Les 2e et 3e squadrons, arrivés en renfort, envoient des prisonniers, munis d’une demande de reddition en bonne et due forme au commandant du gros des forces de la Wehrmacht.
Ce dernier refuse de se rendre aux parachutistes ou aux FFI, mais demande à être mis en contact avec le commandant des forces américaines. Le contact réalisé par les SAS, les prisonniers se dirigent vers Orléans sous la garde des parachutistes.
Avec cet exploit se termine, le 14 septembre, la campagne de la Loire. Les Squadrons se regroupent à Briare.
Depuis le 12 septembre, à hauteur de Dijon, la jonction entre les armées alliées de l’ouest et du sud est réalisée.
sources mensuel Connaissance de l’Histoire 1977 1982 Hachette
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