dimanche 14 juin 2015, par
Jacques Émile Massu, né le 5 mai 1908 à Châlons-sur-Marne et mort le 26 octobre 2002 à Conflans-sur-Loing, est un militaire, officier général. Compagnon de la Libération et ancien commandant en chef des forces françaises en Allemagne, il s’illustra notamment dans la colonne Leclerc et la 2e DB, durant la Seconde Guerre mondiale et durant les deux conflits coloniaux d’Indochine et d’Algérie.
Arrière-petit-neveu du maréchal Michel Ney, Jacques Massu est né à Chalons-sur-Marne dans une famille d’officiers militaires français. Il fait ses études au lycée Saint-Louis-de-Gonzague à Paris, au collège libre de Gien (1919-1925) puis au Prytanée national militaire (1926-1928). Entré à l’École spéciale militaire de Saint-Cyr, il en sort en 1930 (promotion maréchal Foch) et commence sa carrière militaire comme sous-lieutenant de l’infanterie coloniale, dans les colonies françaises du Maroc, du Togo et du Tchad.
Il est capitaine en Afrique équatoriale, à la tête de la 3e compagnie du régiment de tirailleurs sénégalais du Tchad et de la subdivision militaire du Tibesti, quand en juin 1940, le capitaine Massu répond à l’appel du 18 juin 1940 du général de Gaulle et rejoint la France libre, aux côtés du gouverneur Félix Éboué.
Il participe à la bataille du Fezzan avec la colonne Leclerc. Méhariste au Tibesti, il a transformé son « vaisseau du désert » en « pétrolier » pour un rendez-vous de ravitaillement avec les camions de Bagnold du Long Range Desert Group qui prenaient les Forces françaises libres (FFL) de Leclerc comme passagers.
En 1941, il est à la tête du bataillon de marche du Tchad. Comme lieutenant-colonel à la 2e DB il participe aux batailles du théâtre de l’ouest européen qui le mène au cœur de l’Allemagne nazie après avoir participé à la libération de Paris en août 1944.
En septembre 1945, le lieutenant-colonel Massu est placé à la tête du détachement précurseur qui débarque à Saïgon et participe au dégagement de la ville et du sud de l’Indochine. Le 19 décembre 1946, le Viêt-minh s’empare d’Hanoï. Le général Leclerc envoie alors au Tonkin le groupement du colonel Massu qui reprend la ville à l’issue d’une action très brutale. Il inflige de lourdes pertes au Viêt-minh qui ne pouvait lutter contre une troupe parfaitement aguerrie par ses campagnes antérieures, les soldats ayant pour la plupart déjà combattu au sein des FFL ou de l’Armée de la Libération durant la Seconde Guerre mondiale. L’empereur Bao Dai avait exigé de Leclerc que le groupement Massu fût renvoyé à Saïgon et que le colonel – qui ne s’était pas embarrassé de faire des prisonniers – fût immédiatement rapatrié en France.
Jacques Massu quitte l’Indochine pour devenir parachutiste. Il prend d’abord la tête de la 1re demi brigade coloniale de commandos parachutistes en Bretagne de 1947 à 1949. En 1951 il prend le commandement de la 4ème Brigade d’AOF à Niamey où est construit sous son autorité, le Fort Massu près de Timia au cœur de l’Aïr. En 1954, il est affecté en Tunisie comme adjoint au commandant de la 11e DI puis comme commandant de la zone opérationnelle nord, au Kef. En juin 1955, devenu général de brigade, il commande le groupe parachutiste d’intervention puis en 1956 la 10e division parachutiste, connue par la suite sous le nom de division Massu avec laquelle il débarque le 6 novembre 1956 à Port-Saïd (Égypte), lors de l’opération de Suez. Après avoir pris la ville, il combat aux côtés des Britanniques qu’il rejoint pour prendre Ismaïlia. L’opération tourne court à la suite du rappel des troupes par les gouvernements français et britanniques sous la pression conjointe des États-Unis et de l’URSS.
Il est alors affecté avec la 10e division en Algérie. Le 7 janvier 1957, le ministre résident dans la colonie française, Robert Lacoste, confie tous les pouvoirs de police à l’armée afin de faire cesser les activités du Front de libération nationale (FLN) dans la capitale algérienne. Les quatre régiments de la 10e division parachutiste quadrillent alors la ville, employant tous les moyens pour dépister le réseau bombes de Yacef Saadi et trouver leurs caches. C’est la bataille d’Alger qu’il remporte avec des méthodes brutales. À ses ordres directs officient notamment Roger Trinquier (théoricien de la guerre subversive dans son ouvrage La Guerre moderne) et Paul Aussaresses. Ce dernier supervise la mise en place du système de renseignement qui comprend l’usage de la torture et les exécutions sommaires. Le général Massu raconte avoir fait sur lui-même l’expérience de la gégène.
Le 13 mai 1958 des manifestations éclatent en Algérie faisant suite à l’exécution de trois soldats français par le FLN. Lors de l’invasion par la foule du siège du gouvernement général, Massu est le seul, grâce à sa popularité, à pouvoir se faire entendre. Faute de pouvoir enrayer le mouvement, il en prend la tête et fonde un comité de salut public dont il se nomme président4 et qui exige du président René Coty la création d’un gouvernement de salut public. Cet épisode du putsch d’Alger accélérera le retour au pouvoir de Charles de Gaulle afin de mettre fin à la crise de mai 1958.
En juillet 1958 Jacques Massu reçoit ses étoiles de général de division et prend, en décembre, la tête du corps d’armée d’Alger en exerçant simultanément les fonctions de préfet régional pour l’Algérois.
Ayant critiqué la politique du président de la République en Algérie, dans une interview accordée au Süddeutsche Zeitung de Munich, il est rappelé à Paris. Bien qu’il démente les propos tenus, il est démis de son poste de commandant du corps d’armée d’Alger en janvier 1960. La nouvelle provoque une réaction violente concrétisée par la semaine des barricades à Alger.
En septembre 1961, il est nommé gouverneur militaire de Metz et commandant de la 6e région militaire.
En mars 1966, il est nommé commandant en chef des forces françaises en Allemagne, en résidence à Baden-Baden où, le 29 mai 1968, Charles de Gaulle viendra le consulter en pleine tourmente de Mai 68. Son rôle politique à cette occasion est controversé. En juillet 1969, il quitte ses fonctions dans l’armée d’active et entre dans la 2e section des officiers généraux.
Jacques Massu a été accusé par d’anciens combattants FLN algériens, notamment Louisette Ighilahriz, d’avoir donné son aval aux pratiques de torture pendant la guerre d’Algérie et même d’y avoir participé. Il a confirmé l’essentiel de ses précédentes déclarations quant aux pratiques et aux descriptions faites dans son livre La Vraie Bataille d’Alger. Dans un entretien télévisé, en 1971, il déclare « J’ai dit officiellement que je reconnaissais l’existence de la méthode et que je la prenais sous ma responsabilité. », ainsi que « la torture telle que j’ai autorisé qu’elle soit pratiquée à Alger ne dégrade pas l’individu. » À la question des 4 000 disparus entre janvier et avril 1957 sous la responsabilité des parachutistes français recensés par Paul Teitgen, le secrétaire général à la police d’Alger en 1957, Massu répond que ce dernier s’était trompé de vocation. Il a écrit en 2000 « qu’on aurait pu s’en passer ». La fin de la guerre d’Algérie a été suivie d’une large loi d’amnistie pour les actes commis en relation avec cette dernière, qu’ils soient du fait du Front de libération nationale (FLN), de l’Organisation armée secrète (OAS) ou des militaires français. Cette loi fut encore complétée en 1966, en juillet 1968 et en 1982.
Vivant retiré, à partir de juillet 1969, dans sa demeure gâtinaise de Conflans-sur-Loing, Jacques Massu consacra de nombreuses années à l’écriture de ses mémoires. Il meurt le 26 octobre 2002 à 94 ans.
Jacques Massu a été marié à deux reprises. Il a eu trois enfants, dont une fille issue de son premier mariage (décédée du vivant de son père), et deux enfants, adoptés lors de son séjour en Algérie.
1930 : sous-lieutenant à sa sortie de Saint-Cyr
1932 : lieutenant
1939 : capitaine
1942 : commandant
1944 : lieutenant-colonel
1946 : colonel
1955 : général de brigade
1958 : général de division
1963 : général de corps d’armée
1966 : général d’armée
Grand-croix de la Légion d’honneur
Compagnon de la Libération par décret du 14 juillet 1941
Croix de guerre 1939-1945 (huit citations)
Croix de guerre des Théâtres d’opérations extérieurs (trois citations)
Croix de la Valeur militaire (deux citations)
Croix du combattant
Médaille coloniale avec agrafes « Maroc », « Afrique française libre », « Fezzan », « Tunisie » et « Extrême-Orient »
Presidential Unit Citation (États-Unis)
Distinguished Service Order (Grande-Bretagne)
Grand-officier de l’ordre du Nichan el Anouar
Grand-officier de l’ordre de l’Étoile noire du Bénin
Grand-croix de l’ordre du Mérite de la République fédérale d’Allemagne
Jacques Massu eut parfois des relations tendues avec Charles de Gaulle, même si les deux hommes se respectaient. On leur prête cette anecdote apocryphe, qui en dit long. À son arrivée à Alger en 1958, le général est accueilli par Massu, et lui lance : « Alors Massu, toujours aussi con ? » Réponse de ce dernier : « Toujours gaulliste, mon général ! »
sources wikipedia
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