jeudi 20 septembre 2007, par
La décision concernant les forces à engager était prise. La 9’ armée du général Model avec deux divisions de Panzer, deux de Panzergrenadier et neuf d’infanterie de-
vaient attaquer par le nord. Au sud, la 4’ armée de Panzer du général Hoth et sept divisions d’infanterie devaient ratisser le terrain. Les deux mâchoires de la tenaille devaient se joindre à l’est de Koursk, encerclant ainsi le saillant et isolant d’énormes forces russes.
Mais bien que l’opération ait été décidée, Hitler hésitait toujours.
Sachant que les Russes renforçaient leurs défenses, il reporta la date initialement proposée pour le déclenchement de « Zitadelle » au début de juillet : deux bataillons de Panzer pourraient ainsi sortir des chaînes de montage et renforcer la mâchoire nord de la tenaille sous les ordres de Model.
Le début de ce qui allait être comme l’on appelé à juste titre, la plus grande bataille de chars de l’Histoire, fut finalement fixé au 4 juillet à 15 heures, en dépit des propositions d’abandon répétées de von Kluge, von Manstein et Guderian.
Face aux 36 divisions allemandes, se trouvait une force de 11 armées soviétiques comprenant les 6’ et 7’ armées d’élite de la Garde qui avaient combattu si vaillamment à Stalingrad ainsi que la 1" armée de chars. Chaque armée soviétique correspondait approximativement à un corps d’armée allemand.
En ce qui concerne la puissance de feu, il n’y avait guère de différence entre les forces en présence, mais les Russes avaient renforcé le coin nord du saillant, qui devait encaisser la poussée principale de Model, par des champs de mines à forte densité : selon le maréchal Rokossovski, commandant interarmées sur le front de Koursk avec Vatutin, « On n’aurait pas pu placer l’une des médailles de Goering entre deux mines. »
Il y avait 2 200 mines antichars et 2 500 mines antipersonnel par 1 600 mètres de front défensif, soit quatre fois la densité des champs de mines de Stalingrad.
En outre, il n’y avait pas moins de 20 000 canons de types divers, y compris 6 000 canons antichars de 76,2 mm et plus de 900 lance-roquettes Katyousha. Pour l’attaque, les Soviétiques avaient le célèbre T34, l’un des meilleurs engins blindés fabriqué durant la guerre, avec son canon de 76 mm à longue portée, d’une grande fiabilité.
La force offensive allemande reposait pour une grande part sur le Panther D, un bon char sous bien des aspects mais qui présentait de nombreux défauts sur le plan technique du fait de sa mise en service précipitée. D’autre part, les Allemands possédaient encore une supériorité aérienne considérable, comme allaient le prouver les escadrons de bombardiers en piqué Stuka.
Mais si les forces en présence étaient assez bien équilibrées il existait d’autres facteurs qui allaient décider du sort de la bataille, et dont le moindre n’était pas la perte de l’effet de surprise.
Le terrain sur lequel la bataille allait se dérouler était modérément favorable pour un combat de chars. Koursk se trouve entre les vallées du Don et du Dniepr : une région de faibles hauteurs et de vastes plaines fertiles, irriguée de nombreuses rivières dont la Pena au cours rapide entre des rives escarpées.
Les champs de blé s’étendent sans interruption sur des kilomètres.
Les routes existantes sont pour la plupart des chemins de terre qui deviennent inutilisables lors de fortes pluies. De nombreux villages sont éparpillés dans les vallées peu encaissées et de petits bosquets hérissent les hauteurs. Au nord du village de Beresowka, se trouve une zone fortement boisée, de forme à peu près circulaire et de 6,5 kilomètres environ de diamètre.
Le long de la face sud du saillant, la 4’ armée de Panzer de Hoth était déployée en ligne selon une courbe légère qui s’étendait d’ouest en est sur près de 50 kilomètres. Tout d’abord, les 3e et 11e divisions de Panzer et la division Gross Deutschland (unité de Panzergrenadier dotée d’un grand nombre de chars, appartenant au 48’ corps de Panzer) ; puis les trois divisions S.S. Leibstandarte Adolf Hitler, Totenkopf (tête de mort) et Das Reich, appartenant au corps de Panzer S.S. ; à l’aile droite, les 6e, 19e et 7e divisions de Panzer du 3e corps de Panzer.
La coopération entre les forces terrestres et aériennes devait être des plus étroites el les Allemands avaient pris le plus grand soin de déployer leurs énormes forces blindées à la faveur de l’obscurité. Le moral selon Model était élevé et était encore fortifié par une message du Führer :
« Soldats du Reich !
Aujourd’hui vous allez participer à une of fensive d’une importance telle que l’avenir de la guerre peut dépendre entièrement di son résultat. Plus que tout autre chose, vota victoire montrera au monde entier que tout résistance à la puissance de l’armée aile mande est sans espoir. »
Malheureusement, le message arriva au cours d’un bombardement intense de l’artillerie russe qui confirma que les défenseurs étaient avertis de l’imminence du déclenchement de l’attaque.
Sans doute ce bombardement entama la capacité de frappe des assaillants, mais l’attaque commença comme prévu à 15 heures précises après un tir de riposte de l’artillerie et quelques attaques dévastatrices sur les lignes in ancées russes par les bombardiers en piqué Stuka.
A 19 heures, l’infanterie et les grenadiers des trois divisions du flanc gauche de la mâchoire sud percèrent la ligne avant russe à Luchanino, Alexejewka et Sawidowka, trois villages qui n’étaient que faiblement tenus par les défenseurs.
Cette faible résistance fut un bel exemple de la tactique très utilisée par les Soviétiques pendant la bataille de Koursk et consistant à tromper les attaquants en les amenant sur des positions qui par la suite se révélaient intenables.
La mâchoire nord de la tenaille sous les ordres de Model parvint à opérer une percée dans le saillant sur un front de 24 kilomètres et le 47’ corps de Panzer avança de quelques 8 kilomètres au cours des 30 heures qui suivirent mais au prix de pertes élevées en chars d’assaut Porsche Ferdinand (ou Elefant).
Ces chars n’avaient pas de mitrailleuse et, comme Guderian l’avait prédit depuis longtemps ; ils se révélèrent rapidement vulnérables. Au fur et à mesure que les chars légers qui les escortaient étaient mis hors de combat, ils se trouvaient à la merci des fantassins qui bondissaient de tranchées étroites et dirigeaient leurs lance-flammes vers les volets d’aération des moteurs, enflammant ainsi le carburant et forçant les équipages à se laisser griller vivants ou à sauter du char et être faits prisonniers.
La percée de Model devait encore gagner 8 kilomètres vers le sud et vers l’ouest au cours de la semaine suivante. Les sapeurs qui tentaient, sous les tirs de couverture, d’ouvrir des passages dans les champs de mines découvrirent que cela ne servait qu’à aider les Russes qui réussirent quelques tirs à la roquette et au canon de 76 mm sur les chars qui les traversaient.
« Malgré notre âpre lutte dans le nord, écrivit par la suite un jeune officier, nous n’avancions pratiquement nulle part, nous restions immobiles. C’était comme à Verdun en 1916.
Il y avait un petit village appelé Teploye. Nous l’avons vu pour la première fois le deuxième jour et nous ne l’avons jamais vu aussi nettement qu’alors. Une fumée noire et épaisse montant des chars défoncés flottait dans l’air et chaque fois que la fumée se dissipait nous apercevions de nouveau Teploye, mais c’était comme un mirage. Nous ne sommes jamais allés plus près. »
Au sud, les forces de Hoth gagnaient du terrain grâce à leurs détachements avancés d’infanterie et de grenadiers, mais au prix de pertes très élevées. Pendant la nuit, les défenseurs se replièrent et le front fut bombardé sur toute son étendue.
Paul Hausser le commandant des trois divisions S.S. Leibstandarte, Totenkopf et Das Reich écrivit plus tard : « A maintes reprises nous avons montré les faiblesses de cette tactique qui nous fait tenir à tout prix le terrain que nous avons gagné trop facilement.
Après en avoir chassé les Russes nous aurions dû nous replier et les laisser bombarder l’endroit. Alors nous aurions pu pousser nos blindés avec un peu plus de sûreté. »
Ce manque d’imagination qui caractérisait les plans allemands eut, dans ce cas particulier, d’heureuses conséquences. Au cours de la nuit une averse soudaine fit déborder la Pena et ses affluents, transformant le sol en une fondrière impraticable.
Sans cela, les chars auraient été amenés•sur la ligne de bombardement. Les pertes furent, malgré tout, importantes en raison de la difficulté qu’il y avait à trouver des emplacements camouflés : lorsque le jour se leva sur les vallées inondées, l’armée de l’Air rouge s’en prit aux chars embourbés.
sources mensuel Connaissance de l’Histoire 1977 1982 Hachette
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