vendredi 30 mars 2007, par
En 1916, les avions de reconnaissance étaient très rares, et limités dans leur utilisation. Jellicoe et Scheer comptaient tous les deux sur des croiseurs de reconnaissance pour localiser leur adversaire. Les deux groupes de croiseurs de reconnaissance sous le commandement de Beatty et de Hipper entrèrent en contact à 2h00 et, après un bref échange de tirs, rebroussèrent chemin pour guider le gros de leur flotte.
Beatty, un chef apprécié et agressif de la Royal Navy, parfois impulsif, commandait les 52 navires des premier, deuxième et cinquième escadrons de croiseurs, les premier, deuxième et troisième escadrons de croiseurs légers et les première, neuvième, dixième et treizième flottilles, tous en provenance du port écossais de Rosyth.
A 3h45, Beatty établit le contact visuel avec Hipper et ses quarante navires, et leur duel par croiseurs interposés commença. A ce moment, Hipper se dirigeait cap au sud, tentant d’amener Beatty dans le piège de la flotte de Scheer. Les deux camps ouvrirent le feu à une distance de quinze kilomètres. Après quelques minutes, des nuages de charbon et d’explosifs empêchèrent toute visibilité. Ces conditions furent un problème pour les deux camps, mais le soleil à l’ouest donnait un avantage aux Allemands en dessinant les navires britanniques sur l’horizon. A 4h05, Jellicoe envoya le troisième escadron de croiseurs en avant sous le commandement de Hood pour porter assistance à Beatty. Pendant ce temps, au coeur de la bataille en cours, le groupe de Beatty était en difficulté. Après avoir été touché cinq fois par les tirs du croiseur Von der Tann, l’Indefatigable coula à 4h03 suite à une explosion de munitions. Plus d’un millier d’hommes mourut dans l’explosion et disparurent sous l’eau en moins de deux minutes. Chaque camp perdit également deux destroyers dans l’engagement.
En voyant la destruction du Queen Mary, on raconte que Beatty a eu ces mots : « Il y a quelque chose qui cloche avec nos satanés bateaux aujourd’hui ». Mais en dépit de la perte rapide de deux bâtiments importants, Beatty changea de cap pour attaquer les Allemands de plus près. Avec l’arrivée du cinquième escadron et de l’excellente artillerie britannique, la victoire changea de camp, et Hipper se retrouva au bord du désastre. Il est important de noter que les forces de Beatty utilisaient des canons de 12, 13 et même 15 pouces, tandis que Hipper n’avait à sa disposition que des canons de 11 et 12 pouces. Cette différence signifie que Hipper devait s’approcher plus près que Beatty pour ouvrir le feu. La victoire changea encore une fois de camp lors de l’arrivée de Scheer à 4h30. La position de Beatty devint plus difficile à tenir. Etant donné que Beatty pensait que la flotte de Scheer était toujours au port, l’alerte de la flotte de Scheer en approche, signalée par le HMS Southampton, arriva comme une mauvaise surprise. Hipper avait réussi à attirer Beatty dans le piège de Scheer. Malheureusement pour les Allemands, le Southampton était allé trop loin au sud de la bataille, permettant à Beatty d’échapper au piège.
A 4h40, Beatty ordonna à sa flotte de changer de cap, espérant attirer la flotte allemande dans le piège de la Grande Flotte. Les croiseurs britanniques changèrent de cap sans difficulté, mais une confusion dans les signaux de pont du HMS Lion, sévèrement endommagé, laissa les bâtiments du cinquième escadron livrés à eux-mêmes. Lorsque leur commandant, Evan-Thomas, comprit que le reste de la flotte de Beatty faisait route dans la direction opposée, il était presque hors de portée des canons de Scheer.
A 4h57, le Barham commença à changer de cap, retardé par les erreurs de signaux, et le reste du cinquième escadron le suivit. Pendant les quinze minutes suivantes, le cinquième escadron combattit la flotte allemande entière, le Barham et le Valiant tirant sur Hipper, le Warspite et le Malaya tirant sur Scheer. Le Konig, le Grosser Kurfurst, le Markgraf, le Seydlitz, le Lutzow et le Derfflinger furent touchés au cours de cet échange. Une fois hors de vue de Hipper, Beatty fit route au nord nord-est et prit Hipper en tenaille avec le cinquième escadron. Le Lutzow, le Seydlitz et le Derfflinger furent à nouveau touchés, et Hipper battit en retraite.Scheer suivit, espérant mettre sa grosse artillerie à portée de Beatty. Les escadrons de croiseurs de Jellicoe fonçaient à toute vapeur en direction de la flotte de Beatty, mais hésitaient encore à s’engager car ils voulaient connaître le cap de la flotte allemande en approche. Cette information était vitale, car une erreur dans le déploiement pouvait conduire au désastre. Ce n’est qu’à 6h15 que Jellicoe put connaître la position et le cap de la flotte de Scheer, juste au moment où Jellicoe arriva en vue des unités de Beatty, dans un horizon de fumée et d’éclairs d’artillerie.
Pour Scheer, la vision de la Grande Flotte émergeant de la fumée a dû être un véritable cauchemar. La Grande Flotte ouvrir le feu dès qu’elle fut à portée. Reconnaissant sa position périlleuse, Scher ordonna à tous ses navires de changer de cap en même temps. Heureusement, si cette manoeuvre était difficile, la flotte allemande la réussit à la perfection derrière un écran de fumée diffusé par les destroyers allemands. Pendant que le piège pour Scheer était tendu, l’artillerie allemande accomplit des miracles, mettant hors de combat le Warspite et le Warrior, et explosant le Defense. Le Warrior coula par la suite en tentant de rentrer au port. L’Invincible fut victime d’une explosion de munitions, un obus allemand ayant touché une de ses tourelles à 6h33. Son explosion tua 700 hommes, y compris l’amiral Hood.
Mais ce triomphe eut un prix. Les tirs anglais avait immobilisé le Lutzow, et sévèrement endommagé les autres croiseurs. Seule leur nombre de compartiments supérieur les sauva d’un destin similaire. Scheer se trouva à présent sur la défensive, ne sachant toujours pas qu’il affrontait la Grande Flotte au complet. Il changea à nouveau de cap dans l’espoir de traverser une nouvelle fois les lignes ennemies pour s’échapper vers ses propres champs de mines. Une fois encore un il se trouva face à une ligne de dreadnoughts et dut battre en retraite ou bien être annihilé. A ce moment, une attaque massive de torpilles lancées par les destroyers allemands sauva la flotte allemande du désastre. Si l’effet de cette salve de torpilles fut en soi négligeable, Jellicoe fit changer ses bâtiments de cap, pensant que c’était la seule solution efficace face à une attaque de torpilles dans les circonstances présentes. Le temps que la flotte anglaise change de nouveau son cap, Scheer se trouvait à quinze miles. Il était encore possible d’attaquer les Allemands si Jellicoe ordonnait une interception rapide.
Mais Jellicoe n’ordonna pas cette manoeuvre, craignant que Scheer tente d’attirer la flotte dans un piège de sous-marins ou un champ de mines. Jellicoe mit cap au sud dans le but de s’interposer entre Scheer et les ports allemands. A 19h10, es deux flottes entrèrent à nouveau en contact. Scheer ordonna à Hipper de charger la flotte anglaise tout en ordonnant à sa propre flotte de quitter le combat. Après une vingtaine de minutes de combat, Hipper battit lui aussi en retraite.
Encore une fois, ne désirant pas suivre la même route que la flotte allemande, Jellicoe mit cap au sud-ouest et parvint à intercepter Hipper à 20h15. Au cours de l’engagement qui s’ensuivit, le Lutzow fut coulé, et le Seydlitz et le Derfflinger subirent d’importants dégâts avant que la flotte anglaise prenne une nouvelle fois la décision de ne pas poursuivre les Allemands qui battaient en retraite. Si ces décisions furent plus tard critiquées, Jellicoe ne croyait pas aux incertitudes d’un conflit nocturne. Scheer et Hipper parvinrent enfin à entrer dans leurs champs de mines, vers 3h00 du matin, le premier juin. Pour Scheer, son arrivée dans les eaux allemandes a dû sembler un miracle. Si les Anglais l’avaient à nouveau en plein jour, ses chances de survie étaient très minces.
Puis commença la bataille des relations publiques. Scheer et la Kaiserlische Marine revendiqua la victoire en raison du nombre de navires coulés. La Royal Navy avait perdu six croiseurs et huit destroyers, pour un total de 6100 morts, la marine allemande n’avait perdu qu’un cuirassé, quatre croiseurs légers et trois destroyers, pour un total de 2550 morts. En vérité, le décompte des résultats ne prenait pas en compte les nombreux bâtiments allemands sévèrement endommagés. Les réparations nécessiteraient beaucoup de temps avant que ces bâtiments puissent reprendre la mer.
Face aux critiques adressées à Jellicoe pour ne pas avoir poursuivi plus agressivement la flotte allemande, celui-ci déclara que sa priorité était de protéger la taille de sa flotte. Sa stratégie fut prouvée efficace en raison de l’absence virtuelle de flotte allemande jusqu’à la fin de la guerre. Si Jellicoe a envoyé un télégramme au gouvernement britannique le 2 juin 1916 pour lui dire que la flotte était prête et disponible dans un délai de quatre heures, la flotte allemande n’était en revanche plus apte à combattre. Elle avait de plus subi une telle défaite que ses commandants n’allaient plus jamais oser une confrontation avec la Navy, même une fois leurs navires réparés.
sources :www.gecos.dz
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