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El Alamein : Attaque contre le saillant nord

, par

Vers midi, Montgomery se rendit compte de ce qu’allaient coûter les actions de " grignotage engagées par les Néo-Zélandais et il décida d’orienter l’effort en direction du nord, prescrivant à la 9’ D.I. australienne de détruire les unités allemandes du saillant formé entre Tell-el-Eisa et la mer. La 10e D.B. reçut l’ordre de pousser vers l’ouest pour menacer les communications ennemies et les arrières du saillant ; mais elle ne put guère avancer jusqu’à la nuit du 26 au 27.

Les Australiens du général Morshead gagnèrent par contre du terrain, infligeant de lourdes pertes aux Allemands. Les défenses dans ce secteur étaient extrêmement développées ; je crois que c’est là qu’eurent lieu les combats les plus acharnés de toute la bataille ; ils allaient fournir une contribution majeure à la victoire finale.

Le 1, les divisions néo-zélandaise et sud-africaine firent peu de progrès et le commandant de l’armée ordonna un regroupement. Le 30° corps demanda à marquer une pause pour réorganiser son dispositif. Bien que nous eussions réussi à franchir les champs de mines, l’ennemi était encore en mesure de nous opposer de puissantes défenses antichars.

Le regroupement permit de reconstituer les réserves indispensables pour la phase décisive de la bataille. Les Néo-Zélandais passèrent en réserve (leur place étant prise par les Sud-Africains et la 4’ division indienne) ; on leur donna priorité pour le remplacement des chars mis hors de combat, et ils purent se reposer une journée, qu’ils passèrent en partie à se baigner, oubliant les horreurs de Miteiriya Ridge et se préparant pour les épreuves à venir.
Dans la journée du 27, on apprit que deux pétroliers et un cargo ennemis avaient été coulés à l’entrée du port de Tobrouk, ce qui pouvait avoir d’importantes conséquences dans la bataille en cours.
A 14 heures, Montgomery tint une conférence pour expliquer le regroupement, et pour donner ses instructions concernant la poursuite de l’attaque contre le saillant. Il prescrivit aussi au 13° corps d’envoyer dans le secteur nord la 7’ D.B. et quelques autres unités, car dans la nuit du 26 au 27, la 21° Panzer Division s’était, elle-même, déplacée vers le nord ; nous avions localisé son nouveau P.C. par radio-goniométrie.

Toute la journée le DAK lança contre-attaques sur contre-attaques, ce que nous attendions. La Ire D.B. se comporta magnifiquement, détruisant 50 chars et en endommageant un grand nombre.

De son côté, la RAF bombardait les concentrations de blindés allemands. Ce fut donc une journée excitante. Montgomery décida alors que la Ire D.B. avait besoin de repos et il la fit passer en réserve. Elle fut remplacée par deux brigades d’infanterie, provenant 13° corps, lesquelles s’installèrent sur de positions défensives.
Dans la nuit du 28 au 29, la di australienne relança son attaque vers le elle s’enfonça en coin dans les positions ennemies, atteignant presque la route côtière entre Sidi-Abd-el-Rhaman et le Tell-el Le 29, les Allemands multiplièrent les t pour réduire cette pointe, mais toutes contre-attaques échouèrent.

Cette journée du 29 fut passionnas elle se passa à établir les plans et à pi les dispositions en vue de l’attaque de ri qui reçut le nom de code de "Supercharge"
Montgomery voulait déclencher celle plus au nord possible, mais nous plusieurs à estimer que nous aurions de meilleures chances en choisissant un axe plus au sud ; plus proche de la grand route serait notre axe d’attaque, et plus nous aurions devant nous d’allemands, de mi de solides défenses.

Dans la matinée, le commandant en chef le général Alexander, vint nous rendre acompagné de Mr Casey, ministre d’état Le commandant de la 8’ armée, rayons confiance, exposa la situation et ses intentions. Il souligna qu’il avait prédit qu’il avait prédit qu’il faudrait se battre comme des chiens pendant dix jours ; il était maintenant assuré victoire. Mais il comprit qu’au cabinet de Londres - peut-être aussi au Caire - certains commençaient à se demander si montgomery tiendrait bien sa promesse "victoire complète". C’est pourquoi la discussion se centra sur "Supercharge" et je vis que McCreery, le chef d’état-major d’Alexander, pensait comme moi qu’il serait préférable d’attaquer plus au sud.

Après le départ de ces personnalités, je me sentis encore plus préoccupé par l’intention de mon chef d’attaquer au nord. J’étais certain que Rommel ferait le maximum pour couvrir ses principaux dépôts et ses communications, dont la route côtière était l’artère vitale. Il ne pouvait prendre aucun risque dans ce secteur du front. Je m’ouvris de mes craintes au chef du 2’ Bureau de la 8’ armée Bill Williams - et je vis qu’il les partageait. Par bonheur, les ultimes renseignements qui nous parvinrent nous apprirent que la 90’ division légère allemande avait fait mouvement vers le nord probablement à la suite des succès obtenus par les Australiens. Il était donc évident que, plus au sud, le dispositif ennemi était affaibli d’autant. Je décidai de me rendre avec Williams chez Montgomery pour l’informer de ces changements. Le général, qui avait déjà été impressionné par les explications données par Williams lors d’une récente conférence, sur la manière dont les unités allemandes "corsetaient" les divisions italiennes, comprit tout de suite que l’occasion s’offrait d’attaquer un point faible de l’ennemi. Il décida, sur le champ, de modifier l’axe d’attaque. Cela me combla de joie et je téléphonai la nouvelle à McCreery qui fut très heureux de l’apprendre. J’étais convaincu que la décision prise serait une contribution décisive à la victoire.

Les Australiens continuèrent d’attaquer dans la nuit du 30 au 31 et ils franchirent la route côtière. Il sembla, un moment, que les Allemands occupant le saillant allaient être coupés de leurs arrières ; mais ils parvinrent, en engageant des chars, à se dégager. Cette attaque en direction du nord avait du moins rapporté de gros dividendes : elle avait causé d’importantes pertes aux Allemands et surtout elle avait amené l’ennemi à concentrer son attention sur la zone côtière.

Le 1" novembre on apprit que la 21e Panzer Division était remontée encore plus vers le nord ; tout se présentait bien pour la phase finale. Après une pause de 24 heures (pour le repos des troupes) "Supercharge" fut déclenchée à 1 h du matin le 2 novembre. Quelque 300 canons de 25 livres et l’artillerie du 30’ corps appuyaient l’attaque, dont le front au départ était limité à 3 600 mètres, l’objectif initial étant à 5 400 mètres. Les deux brigades d’infanterie engagées en tête atteignirent sans grande difficulté leur premier objectif et des chars le dépassèrent. Par la brèche ainsi créée, on proposa de faire passer les blindés du 10’ corps. La 9’ brigade blindée passa, et atteignit son objectif, mais au prix de fortes pertes. La 1" D.B. arriva à son tour et une dure bataille de blindés s’engagea.

Le 3 novembre on sut que l’adversaire était battu ; nos avions signalaient que des unités se repliaient vers l’ouest et nous savions que Rommel manquerait de camions et de carburant pour assurer le repli de toutes ses forces. Pourtant, cette journée du 3 ne nous vit pas encore déboucher en terrain libre, car l’ennemi s’efforçait de colmater la brèche avec des canons antichars. Mais dans la nuit du 3 au 4, la percée fut complètement réalisée grâce à une attaque soudaine, remarquablement conduite, des 51’ et 4’ divisions indiennes.

La bataille était donc gagnée après onze jours de combat, au terme du délai qu’avait précisément prévu Montgomery. L’ennemi était maintenant en pleine retraite ; nos véhicules de reconnaissance et nos chars opéraient en terrain libre.

Nous savions bien que notre aviation ferait des ravages dans les colonnes ennemies. Les pilotes nous décrivaient des convois fonçant vers l’ouest tout le long de la grande route côtière, à quatre véhicules de front, parfois même huit, qui se suivaient à se toucher. Nous avions l’impression d’une déroute, et ayant la complète maîtrise de l’air nous imaginions un massacre. Ce fut loin d’être le cas et lorsque je suivis la route d’El-Alamein à Daba, là où je m’attendais à un spectacle de dévastation, je fus très déçu de ne voir qu’un petit nombre de véhicules ’détruits. La raison en est, je pense, que nous n’avions pas encore, à ce moment, appris la technique du "strafing" en vol rasant. Nos avions attaquaient avec des bombes lâchées à moyenne altitude, simplement parce que les pilotes n’avaient pas été entraînés à attaquer avec leurs armes de bord en volant très bas. Je compris qu’on avait perdu une occasion de gêner, et de rendre bien plus coûteuse, la retraite des forces de l’Axe.

Une autre cause de déception vint de ce que nous fûmes incapables de couper la retraite à ce qui restait des forces de Rommel, et d’éviter par là toute une série d’opérations que nous aurions donc à monter pour aller à Tripoli et au-delà. Mais Montgomery savait que ce n’était plus qu’une question de temps et il faut dire qu’il n’eut pas de chance, car les forces qu’il avait lancées pour intercepter l’ennemi dans les goulets de Fuka et de Matruh, échouèrent de peu dans cette mission : des orages d’une violence tout à fait inhabituelle dans cette région les paralysèrent alors qu’elles arrivaient à portée de l’ennemi. »


sources :collection : Les documents de l’histoire n°10 "La guerre du désert" éd Hachette 1977 article du Major-général Sir Francis de Guingand

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