lundi 10 décembre 2007, par
Contraste fréquent dans notre histoire, jamais Paris n’aura brillé et ne se sera amusé comme en 1867, alors que s’amoncellent les nouvelles fâcheuses en politique extérieure, que la France a perdu l’hégémonie européenne et que le régime cherche dans le brouillard de nouvelles assises. A l’ouverture des Chambres, le 14 février 1867, Napoléon III a été à peine applaudi. Il a voulu rassurer maladroitement : « L’unification de l’Allemagne ne saurait inquiéter un pays comme le nôtre... » Mais « la France doit s’organiser de manière à être invulnérable ».
Thiers a dressé le bilan des dangers. A la recherche de concours nouveaux (Émile 011ivier), l’empereur s’est décidé, sous l’impulsion de Walewski, à des réformes libérales (19 janvier 1867), mais a fait machine arrière devant les protestations de Rouher et de l’impératrice. D’où, après les espoirs déçus, l’exaspération de tous les libéraux et néolibéraux. L’Exposition universelle, qui va voir l’Europe entière accourir à Paris, s’ouvre dans cette atmosphère chargée de menaces.
frivole elle-même ? Mais qui pourrait noter
aussi toutes les dissonances lugubres que le
soin le plus raffiné avait peine à étouffer ?
Hommes mûrs ou déjà vieillards, tous les sur-
vivants ont gardé de cette époque une double
sensation, sensation d’éblouissement, sensa-
tion d’effroi.
Cette année fut celle des valses de Strauss,
de la Grande-Duchesse de Gérolstein : ce fut
aussi l’année où Maximilien fut immolé, où
s’affermit en Allemagne tout ce qu’avait
préparé Sadowa. Jamais on ne s’amusa avec
tant de frénésie, jamais non plus avec de tels
sursauts d’inquiétude.
Le 1er avril, la cérémonie d’ouverture,au plus fort des inquiétudes, avait laissé une impression navrante,comme le baptême d’un enfant chétif qui semble n’être né que pour mourir. Nul n’avait foi en elle, ni le public, ni les exposants, ni la commission impériale. La nature, comme les passions des hommes, semblait conspirer contre son succès : car le printemps, qui, cette année-là, parut une prolongation de l’hiver, jetait sur toutes choses un voile maussade. On ne voyait que vitrines vides, caisses fermées, touristes clairsemés, perplexes, moins enclins à compléter leur installation qu’à préparer leur départ.
Le Journal de la France Tallendier 1970
article de Pierre de la Gorce
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