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Sur le plan purement analytique, on pourrait attribuer cette victoire des Alliés à l’influence des groupes de protection, aux escortes aériennes soutenues, au nouveau petit radar et aux autres armes nouvelles fournies par les savants et les technologues. Mais un élément considérable ne doit pas être oublié : les progrès effectués par le centre de dépistage de l’Amirauté britannique pour l’interprétation des renseignements concernant les mouvements de sous-marins. Les nouvelles façons de traiter toutes les formes de renseignements, en particulier les signaux émis par les sous-marins, permettaient de prévoir, avec une grande précision, la formation des meutes et de détourner les convois des principales zones de danger.
Mais la réalité de la victoire avait des sources encore plus profondes. Elle résidait, en fait, dans le courage et l’endurance des hommes qui dirigeaient les escorteurs et les navires marchands, dans leur refus de s’avouer vaincus au cours des sombres années l941 et l942, et dans l’obstination qui les poussait à retourner sans cesse vers cet immense champ de bataille où l’adversité pesait si lourdement. Il y a eu au cours des siècles des victoires dans l’histoire de la marine anglaise qui brillent comme des joyaux à travers les âges. Aucune de ces victoires ne peut briller davantage que celle remportée dans cette longue et cruelle bataille menée sur les océans.
Dans le principe d’une stratégie globale, le succès de la Bataille de l’Atlantique a toujours été reconnu comme la nécessité essentielle à la victoire finale. Lorsque les armées allemandes envahirent la plus grande partie de l’Europe en l940 et l941, ce fut la puissance maritime de l’Angleterre, aidée par les marines de ses dominions et de ses alliés. oui se dressait seule contre les puissances de l’Axe et leur volonté de dominer le monde. Cette puissance, avec son élasticité et son ressort naturel, tenait le cercle autour de l’Allemagne et de l’Italie, refusant à l’ennemi les richesses du monde qui se trouvait au-delà des océans. La campagne des U-boote fut l’arme choisie par les puissances de l’Axe pour rompre le cercle. En fait, ce fut la seule. Elle faillit réussir. Les chiffres des pertes alliées en l941, en l942 et au début de l943 sont là pour en témoigner. Après la victoire qui était décidée en mai l943, le cercle n’était toujours pas brisé mais encore pouvait-on le resserrer jusqu’à rendre dangereuses, pour la marine allemande, ses propres eaux territoriales.

Avec cette victoire, un flot ininterrompu de convois, soigneusement protégés, traversa l’Atlantique en l944. Il apportait à l’Angleterre les troupes, les armes, les tanks et les munitions nécessaires à l’attaque de l’Europe occupée par les Allemands. La route ainsi ouverte rendait le cours de la future campagne d’Europe clair et inévitable. Vers l’Angleterre, vers Malte, l’Afrique du Nord et la Russie, affluaient les hommes et les armes qui allaient bientôt donner l’assaut final. Tout était transporté par mer et l’arrivée à bon port de ces hommes et de ce matériel proclamait l’offensive envisagée. Les victoires qui devaient être remportées plus tard, dans un futur où les armées et les forces aériennes des Alliés devaient fracasser la résistance de l’ennemi, avaient été rendues possibles par la liberté totale offerte aux routes maritimes à travers le monde.
Ainsi, une fois de plus, l’histoire se répétait, car dans toutes les guerres, la victoire sur mer a toujours précédé la victoire sur terre. Vers le milieu de l’année l943, la victoire maritime était assurée et la mission principale des marines alliées était remplie ; le tour était maintenant aux armées de terre et de l’air de prendre la relève et d’emporter la victoire finale.