mardi 1er mai 2007, par
Caradoc est un ancêtre semi-légendaire des rois de Gwent (Pays de Galles) vivant pendant le Ve siècle. Il est d’ailleurs évoqué dans la légende du roi Arthur comme faisant parti des chevaliers de la Table Ronde avec le surnom de Breichbras (« bras fort »).
Bien que le nom « Caradoc » et les formes qui en dérivent fussent particulièrement rares au Moyen Âge, il semble que le terme « Caradogs », que l’on trouve dans les généalogies et les hagiographies galloises, comme par exemple Life of St. Tatheus (« La Vie de saint Tathée ») désigne la même personne. En raison du nombre d’occurrences du nom, il existe une grande confusion quant à l’identité de Caradoc, tant du point de vue historique que littéraire. Il pourrait ainsi être confondu avec le héros breton[1] Caratacos, appelé aussi Caradoc, Cerdic de Wessex, et de nombreux autres Caradoc ayant vécu en des temps moins reculés. Sa généalogie varie selon les textes : il est appelé le fils de Llyr Marini plusieurs fois dans les Mabinogion, tandis qu’une légende bretonne le dénomme Caradoc l’Ancien, ajoutant ainsi à la confusion.
Il apparaît dans les Triades galloises et y est décrit comme un des chefs âgés qui entourent Arthur à Celliwig (Cornouailles) et comme l’un des trois chevaliers de l’île de Bretagne. Son cheval porte le nom de Luagor (« fendeur d’hôte »). Son épouse, Tegau Eurfron (« poitrine d’or »" est aussi évoquée dans les triades comme l’une des trois superbes jeunes filles qui évoluent à la cour d’Arthur. Le grand amour qui unit Caradoc à son épouse est considéré comme l’un des trois liens supérieurs de Bretagne. Cette tradition pourrait être issue d’un roman français du XIIe siècle (voir ci-dessous). Selon les légendes arthuriennes, Caradoc était membre de la Table Ronde à l’époque d’Uther Pendragon, mais, lorsque Arthur s’empara du pouvoir, il se rebella en s’alliant à d’autres rois. Il finit par se réconcilier avec le jeune roi et devint un de ses plus fidèles alliés.
Caradoc apparaît fréquemment dans la littérature arthurienne et en est même parfois le personnage principal, comme dans la Vie de Caradoc, incluse dans le premier cycle de Chrétien de Troyes, Perceval ou le Conte du Graal. L’histoire, probablement inspirée de la tradition celtique, semble avoir pour but d’expliquer la raison pour laquelle Caradoc reçut son surnom de « Bras-fort » : Caradoc l’Ancien épouse la belle Ysave, mais celle-ci est promptement séduite par un enchanteur du nom d’Eliavres. Celui-ci jette un sort à Caradoc dont l’effet l’amène à confondre son épouse avec divers animaux de ferme, tandis que le sorcier s’emploie à concevoir un fils. Caradoc l’Ancien donne à l’enfant son propre nom et le garçon devient un jeune et talentueux nobliau. Caradoc le Jeune part pour la cour d’Arthur et devient chevalier de la Table-Ronde comme son père.
Peu après, Eliavres pénètre dans la salle et demande à se livrer à un essai de décapitation (un motif celtique l’évoque dans le Festin de Bricriu (« Fled Bricrend »), écrit en vieil irlandais, et dans Sir Gawain et le chevalier vert, écrit en anglais médiéval). Il demande à un chevalier de lui couper la tête, sa seule condition étant que, s’il y survit, il prendra la tête du chevalier en échange. Caradoc relève le défi et, en homme d’honneur, offre sa nuque à la lame du sorcier qui réussit à remettre sa tête en place. Eliavres refuse de tuer le jeune Caradoc, mais il lui révèle qu’il est son père.
Caradoc le Jeune est fort logiquement peiné d’apprendre cette nouvelle. Il s’embarque pour de nombreuses aventures chevaleresques, au cours desquelles il rencontre notamment son meilleur ami, le seigneur Cador, en voyage avec sa sœur Guinier. De retour dans son royaume, il révèle le cocuage de son père, et les deux Caradoc, l’Ancien et le Jeune, mettent au point une vengeance humiliante à l’encontre d’Eliavres par le moyen de plusieurs animaux de ferme. L’offenseur est enfermé loin de sa maîtresse Ysave.
Tout va bien jusqu’à ce que le sorcier tente de s’évader. Alors que Caradoc le Jeune essaie de l’arrêter, Eliavres ordonne à un serpent de s’enrouler autour du bras de Caradoc qui se brise et lui retire son énergie vitale. Cador et Guinier passant par là trouvent le moyen d’enlever le serpent du bras de Caradoc. Ce dernier doit s’asseoir dans un bac à vinaigre tandis que Guinier s’assoit dans une cuve de lait en prenant soin d’exhiber ses seins. Le serpent, que l’odeur du vinaigre rebute, s’enfuit en direction de Guinier, mais Cador le tue de son épée. Malheureusement, ce faisant, il coupe aussi le mamelon de Guinier (qui sera plus tard remplacé par un mamelon en or). Bien que Caradoc soit libéré, son bras demeurera définitivement meurtri, d’où son surnom de « Bras-Court ». Guinier et Caradoc se marient et, après avoir passé le traditionnel test de fidélité (au cours duquel les fiancés doivent boire dans une corne), tous deux mènent une vie heureuse.
On trouve ce conte dans les trois versions du Premier Cycle ainsi que dans l’un des romans de Renart, quoique sous une forme abrégée. Bien qu’il n’apparaisse pas avant la dernière décennie du XIIIe siècle, il est très probable qu’il soit inspiré d’une version galloise, car on trouve des allusions à ce conte dans les Triades galloises. Les Triades évoquent la femme de Caradoc, Tegau, pour son amour et sa fidélité, et son surnom d’Eurfon (Poitrine-d’Or) convient tout à fait à la Guinier de la Vie de Caradoc. De plus, on y évoque le manteau utilisé lors du test de fidélité. Dans les contes, ce manteau remplace souvent la corne dans laquelle on boit lors des tests de chasteté.
sources wikipedia
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