jeudi 22 mars 2007, par
Alors que Carthage rayonnait de toute sa puissance, les Royaumes Numide de Gaia, Massinissa et Syphax, avaient atteint un degré de développement exceptionel sur les plans économique, social et culturel. Bien que peu, ou encore mal connu, cette période reste l’une des plus passionnantes de l’Histoire de l’Algérie.
Faute de repère plus précis, il faut remonter à l’histoire de Carthage pour accéder à la chronologie des Royaumes Numides.
Selon la chronologie chrétienne, et les récits de Virgile dans l’Enéide, Elissa Didon, soeur de Pygmalion, roi de Tyr, fuyant l’oppression de son frère, débarqua avec ses trésors et une poignée de fidèles Tyriens et Chypriotes sur la côte africaine de Tunis, vers 860-870 avant Jésus Christ. Entre le lac et les marais saumâtres, dans la péninsule formée par l’ancienne embouchure et les alluvions du fleuve Madjerda, elle fonda Carthage "Qart Hadast" (ville nouvelle).
C’est aussi dans l’Enéide, que nous trouvons trace du premier personnage historique du territoire occupé par l’Algérie d’aujourd’hui, Hiarbas ou Iarbas, roi de Getulie, ancienne contrée de l’Afrique en bordure de l’Atlas Saharien. Selon Virgile, Hiarbas, fils de Jupiter Amon et d’une nymphe, demanda à Didon de l’épouser. Ayant essuyé un refus, Hiarbas fit la guerre à Carthage.
Justin, dans les histoires Philippiques, résumé de la grande histoire universelle, adaptée par Trogue Pompée d’une oeuvre grecque plus ancienne, nous présenta l’épisode ainsi :
"Des envoyés de Hiarbas, chef de la tribu (Maxyés) arrivèrent à Cathage pour demander la main de Didon au nom de leur maître . . . Mais ils n’osèrent pas brusquer les choses et cherchèrent un détour. Ils feignirent d’être en quête d’un prince qui consentît à enseigner à Hiarbas et à ses sujets les moyens de vivre d’une manière moins barbare . . ."
Hérodote, au V siècle avant J.C., nous a laissé un apeçu sur le cadre de vie et sur les habitudes des Numides :
"A l’Est du fleuve Triton, vivent les Maxyès, peuple de laboureurs sédentaires possédant des maisons. Selon la tradition, une moitié de leur tête est rasée, l’autre moitié arbore une longue chevelure ; ils se teignent le corps au henné. Ils prétendent descendre des Troyens. La région où ils vivent, montagneuse, plus boisée que le territoire des Nomades, plat et sablonneux, comme d’ailleurs le reste de la Lybie vers le Couchant, abonde en fauves et animaux sauvages de grande taille : lions, éléphants, ours, ânes cornés, bracochères, cinochéphales, serpents . . . "
Hérodote nous renseigne aussi sur l’organisation de l’agriculture et les hauts rendements agricoles de la région.
Il est difficile de déterminer avec exactitude l’origine des Numides, mais l’hypothèse de l’origine troyenne émise par les propos maxyès, est acceptable. Salluste affirme, par ailleurs, que les Massyles et les Massaéysyles auraient été amenés par Hercule, au cours de son périple vers l’Espagne.
Strabon confirme Salluste en ce qui concerne l’authenticité d’Hercule, ce fabuleux roi Assyrien, qui serait venu d’Asie avant Cyrus.
Malgré l’ignorance profonde où nous nous trouvons en ce qui concerne la Numidie jusqu’au IV siècle avant J.C., tout laisse supposer que son développement a suivi le même itinéraire que celui des peuples méditérranéens.
Au plan politique, la Numidie connut des tribus indépendantes, des républiques villageoises, de vastes royqumes dotés d’un pouvoir fort qui s’est superposé qux structures tribales.
Quand la Numidie réapparut au IVe siècle avant J.C., elle formait au couchant ; le royaume des Massaeysiles limité par l’Ampsaga (Rhumel) à l’est et par la Moulouya à l’ouest, avec Siga pour capitale et le royaume des Massyles dans la partie orientale du Constantinois, avec Cirta pour capitale.
Hérodote rapporte que des relations commerciales se dévelppèrent très tôt entre Phéniciens et Numides, favorisant ainsi la pénétration de la langue et dela culture puniques assez profondément dans le pays.
Les Numides apprirent des Phéniciens les procédés agricoles et industriels de la fabrication de l’huile d’olive et du vin, l’exploitation et le travail du cuivre. L’influence culturelle, par contre, fut très li,itée et s’exerça essentiellement par l’inter,édiaire de Carthage ; elle ne se manifesta de manière sûre que dans le domaine de l’art, dont nous retrouvons des exemples dans les grands médracens de l’Aurès et de Tipaza.
D’après Polybe, historien grec, né en 200 avant J.C. et connaisseur de l’Afrique pour y avoir séjourné longtemps, le premier roi des Massyles fut Navarase, beau-frère de Hannibal (247-183 avant J.C.) grand général et homme d’Etat carthaginois.
Après la première guerre punique (264-241 avant J.C.) Carthage dut faire face à la guerre de mercenaires, et fut aidée par la cavalerie numide du prince Navarase.
Au cours des années qui suivirent cette guerre, la puissance carthaginoise s’affaiblit, ce qui permit au roi des Massyles, Gala, grandpère de Massinissa, d’entreprendre la conquête des villes côtières, dont Hippo-Régius, qui devint sa capitale. Il fut reçu triomphalement par la population qui chassa les Carthaginois.
Pendant la deuxième guerre punique (218-202) avant J.C.) Romains et Carthaginois se disputèrent avec acharnement l’alliance des royaumes numides.
Alliée à Hannibal, la cavalerie numide se distingua brillamment. Elle parvint à envahir l’Iberia, la Gaule, traversant les Pyrénéees ; puis les Alpes, contribuant à remporter en 216 avant J.C. la bataille de Cannae, la plus célébre victoire des troupes de Hannibal, demeurée, à ce jour, dans les annales militaires, comme un exemple de stratégie et de tactique.
La résistance et la robustesse des montures et des cavaliers numides y jouèrent un rôle considérable.
Ladeuxième guerre punique prendra fin avec la bataille de Zama. Cesont les troupes numides de Massinissa, rallié à Scipion, qui contrubuèrent à la défaite deCarthage, contrainte aolrs de reconnaître Massinissa comme roi de Numidie.
Au IIIe siècle avant J.C., la Numidie masséylienne était gouvernée par Syphax qui chercha à helléniser son pays, comme le faisaient à cette époque, les autres peuples de la Méditerranée.
La guerre en Iberia achevée et dans la perspective de la guerre en Afrique, Carthaginois et Romains recherchèrent l’alliance du roi numide. Scipion décida alors de traverser le détroit de Gibraltar pour négocier avec lui. D’après Tite-Live, alors que Scipion entrait au port, Hasdrubal y arrivait aussi. Ainsi, ces deux ennemis se retrouvaient-ils sur le territoire du prince numide flatté de voir les deux plus grandes puissances du monde venir solliciter, en même temps, son amitié.
L’Algérie Numide II
Gaia
Pendant que Massinissa se trouvait en Ibéria, la Numidie était gouvernée par son père Gaia. A la mort de ce dernier, Carthaginois et Romains furent contraints de déplacer leurs centres d’intérêts vers l’Afrique.
Massinissa
La succesion au trône de Gaia se fit dans la guerre civile, au cours de laquelle l’héritier du trône, l’oncle de Massinissa fut assasiné par l’aventurier Macetulo, qui souleva le peuple et plaça sur le trône le jeune Lacumaces, tout en conservant le pouvoir.
Massinissa dut alors rentrer et affronter d’abord Lacumaces, puis les troupes de Macetulo renforcées par Syphax.
Il vainquit Macetulo et récupéra le royaume de son père, alors que la lutte avec Syphax ne faisait que commencer. Celui-ci, poussé par Hasdrubal, attaqua et poursuivit Massinissa avec acharnement, l’obligeant à se replier dans les zones montagneuses sans pour autant arrêter les combats.
L’imminence de la guerre en Afrique se précisant, les deux monarques furent contraints de prendre position.
Hasdrubal obligea Syphax, en le mariant à sa fille Siphonisba, à se ranger à ses côtés.
Massinissa, pour sa part, afin de pouvoir récupérer le royaume de son père réduit par Syphax, se retrouva aux côtés de Scipion.
Grâce à l’appui des Romains, en 203 avant J.C., il vainquit et fit prisonnier Syphax dont il épousa la femme : Sophonisba. Scipion, craignant que Sophonisba ne poussât son mari vers le parti carthaginois, exigea qu’elle lui fût livrée. Mais Massinissa avait promis à Sophonisba de ne pas la remettre aux Romains et de lui procurer du poison si cette éventualité se confirmait . . . Et il en fut ainsi.
C’est à la fin de la deuxième guerre punique que Massinissa fut rétabli dans le royaume de ses pères.
Le titre de roi de la Numidie dont il fut solennellement investi par le Sénat, le mit en mesure de récupérer des territoires depuis longtemps carthaginois, et de s’approprier des villes ; des Emporia. L’opulente Leptis Magna fut du nombre des possessions carthaginoises récupérées par le roi numide. Soixante dix localités de la Zeugitanie faisant partie du territoire de Hippo-Regius et s’étendant jusqu’à la Tasca,, furent récupérées, ainsi que la région qui s’étend sur la rive droite du Madjerda.
Lors de son couronnement, Massinissa avait 36 ans. Né en 238 avant J.C., il régna pendant 54 ans jusqu’à sa mort en 148 avant J.C.
Pendant son long règne, il entreprit la construction d’un état unifié et monarchique. D’abord il s’attacha à sédentariser les populations et transforma les pasteurs nomades en agriculteurs.
Il favorisa l’urbanisation de la Numidie, poussant les cultivateurs à former de gros bourgs, auxquels il donna une organisation semblable à celle des villes puniques.
Massinissa qui regardait avec intérêt l’Orient Grec, avait accepté la forme de civilisation que six siècles, placés sous l’influence de Carthage, elle-même hellénisée au cours des deux derniers siècles, avaient apportée aux élites Numides. Il voulait éduquer son peuple selon les méthodes hellénistiques.
Le projet politique le plus cher à Massinissa fut "L’unification de tous les royaumes numides" (L’Afrique du Nord), devenant ainsi l’Aguellid incontesté de son immense royaume.
La récupération des terres ayant appartenu à ses ancêtres lui permit d’introduire de nouvelles méthodes dans des domaines aussi variés que l’agriculture, l’hydraulique et la culture en terrasses.
Massinissa fut probablement, le premier à introduire auprès des paysans le culte hellénistique de Déméter et de Coré.
Pour mieux assurer sa puissance ; il voulut diviniser la monarchie et établir le culte de la divinité royale.
Après sa mort, un temple lui fut érigé à Dougga.
Au plan militaire, son pouvoir, aussi, fut considérable : il entretint une puissante armée et une flotte importante.
Sur le plan économique, la Numidie occupa, pendant son règne, une place prépondérante dans l’économie mondiale de l’époque. Sa gestion fit de son pays un Etat très prospère qui commerçait avec la Grèce et Rome. Cirta en fut la capitale.
Dans son oeuvre d’unification, il empiéta sur le domaine de Carthage, qui lui déclara la guerre. Massinissa en sortit vainqueur.
La puissance grandissante de Massinissa en Afrique inquiéta Rome, au point qu’en déclarant la guerre à Carthage en 149 avant J.C. (troisème guerre punique), elle visait aussi Massinissa.
En détruisant Carthage en 146 avant J.C. et en créant la première colonie romaine en Afrique, Rome mettait une limite à l’extension territoriale de la Numidie et au renforcement de son pouvoir économique et Politique.
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