jeudi 26 janvier 2012, par
De la cote italienne a la Sicile, il y a tout juste la largeur du détroit de Messine, dont l’importance stratégique n’échappe a personne. Que l’un ou l’autre des deux partenaires s’avisa de le fermer et c’etait le casus Belli.
C’est précisément ce qui devait arriver en 264, a l’initiative des Carthaginois. Ils ne tenaient pourtant que la partie ouest de la Sicile, mais ils visaient a établir leur monopole sur l’ile tout entière, en raison de sa production certainement importante, ce qui ne faisait l’affaire ni des Grecs établis dans le sud, a Syracuse, ni bien sur des Romains nouveaux venus dans la contrée. Les Carthaginois cherchant a s’emparer de Messine, tenue par les Mamertins, anciens mercenaires italiques, et les Syracusains tentant de les en empêcher, Messine se trouva menacée des deux cotes et ses habitants jugèrent bon de faire appel aux Romains. Les légions débarquaient donc a Messine et occupèrent la ville. C’etait la guerre.
L’invasion romaine fut d’ailleurs facilitée par l’attitude de Syracuse, dont le roi Hieron II n’etait pas face de se débarrasser de la présence carthaginoise. Hiéron replia donc ses troupes et conclut avec les Romains une alliance qui leur profita grandement. Agrigente tomba également, mais l’arme romaine échoua devant les villes fortifiées de l’ouest, plus proches du littoral africain et bénéficiant de ce fait d’un meilleur soutien logistique de la part de Carthage. Les Carthaginois, d’autre part, menaçaient les cotes italiennes depuis leurs bases des îles Lipari. Peu a peu, Rome se voyait contrainte a réviser sa politique maritime, et a consentir a un effort considérable d’armement naval. Les Romains firent donc construire, sur le modèle d’un navire ennemi capture, cent vingt bâtiments indispensables a la pour-quitte des opérations. Toutefois-et on reconnaîtra la le sens romain de l’efficacité te-, comme ils se sentaient peu assures de la maniabilité des navires et moins encore de la technique des marine, les Romains inventèrent une machine de guerre, le corbeau, sorte de passerelle munie de crocs coton abattait sur le navire adverse pour en entreprendre aux moindres risques l’abordage. Ils transformaient ainsi fort astucieusement le combat naval, ou ils n’auraient probablement pas fait merveille, en une série de batailles d’infanterie ou, en revanche, ils etaient passes maîtres. L’inventeur du système, un certain consul Duilius, remporta ainsi a Myles, en 260, la première victoire de Rome sur mer : quarante-cinq bâtiments puniques mis hors de combat... et un effet moral non négligeable. La colonne rostrale qu’on volt encore au musée du Capitole, garnie des éperon de bronze des navires carthaginois
D’autre part, l’armée carthaginoise ne constituait pas pour Rome une menace vraiment sérieuse. Si la flotte punique surclassait sans peine la triste marine romaine :" sans notre permission, les Romains ne peuvent même pas se laver les mains dans la mer... ", prétendaient les Carthaginois-leur armée de terre, en revanche, etait loin d’avoir la fiabilité de ces formidables légions de soldats-citoyens que pouvait aligner Rome, surtout quand elles avaient a leur tête un consul capable de les faire manoeuvrer. Faite de mercenaires grecs, ibères, baleines, I’armée carthaginoise connaissait les avantages et les tares du système : technicité excellente, mais fidélité problématique du personnel.
Entre ces deux grands que la descente de Rome jusqu’au sud rendait subitement rivaux, le choc allait être rude et surtout interminable. Une première guerre de vingt-trois ans (265-241), ou Rome connaîtrait une alternance éprouvante de revers et de victoires, s’achève sur un vague traite de paix avec une Carthage humiliée mais mal battue et revancharde. Vingt-trois ans d’entre-deux-guerres permettront aux deux adversaires de se refaire une santé par leur expansion territoriale. Enfin, les hostilités reprendront, inexpiables, durant dix-sept ans (218-201). Rome en sortira définitivement victorieuse, après une série de désastres ou elle manqua chaque fois sombrer. Victoire coûteuse, voire hors de prix si l’on considère les bouleversements économiques, sociaux et moraux engendres par plus de soixante années de guerre, chaude ou froide.
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