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2e Guerre Punique

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Ce fut l’affaire de Sagonte qui fournit l’occasion. Cette ville espagnole, bien qu’elle fut l’alliée de Rome, excitait la convoitise des Carthaginois en mal d’ expansion d ans la péninsule Ibérique. C’etait maintenant le fils d’Hamilcar, Hannibal, qui avait pris la tête de l’arme punique. Stratège inspire, grand admirateur, comme tous les capitaines de l’Antiquité, d’Alexandre le Grand et de Pyrrhus, fort averti) avec cela de la culture grecque, Hannibal etait un homme tout a fait remarquable, que sa haine viscérale de Rome poussait a aller toujours plus loin. En 219, Sagonte investie tombait entre ses mains. Les Romains ne pouvaient ne pas réagir. Sans trop y compter, ils exigèrent de Carthage qu’on leur livret le violateur des accords passes en 226, définissant un nouveau partage des zones influence : les Carthaginois avaient quelque peu mordu le trait... Ce fut, bien sur, en vain : les Carthaginois etaient trop heureux de rendre aux yens de Rome, si peu respectueux de leur signature, la monnaie de leur pièce. On n’avait pas oublie les annexions abusives de la Sardaigne et de la Corse. Il n’y avait donc plus qu’a en découdre, ce qu’on envisageait des deux cotes avec l’empressement que donne la foi en la victoire finale. Las ! Rome n’allait pas tarder a déchanter. Des 218, au printemps, l’armée d’Hannibal s’ebranla vers l’Italie. Elle n’etait pas mince : 80000 hommes bien entraînés qu’il amenait d’Espagne-mais les Romains pouvaient en aligner 200000. Pourtant, la marche du chef punique a travers les Pyrénées, le Languedoc, la Provence et finalement les Alpes elles-mêmes, fut une étonnante série de victoires. Son habileté maneuvriere, la puissance de son armement-incluant les fameux éléphants-, [’endurance de ses troupes semèrent chez les Romains, pourtant aguerris, la déroute, voire, hélas ! la panique. Le consul Cornelius Scipion subit les premiers revers des l’automne de 218 sur le Tessin. Un mois plus tard, ce fut le tour de son collègue Sempronius a la Trébie. Ce qui compliquait singulièrement les choses, c’etait l’appoint que les Carthaginois recevaient fort opportunément des Gaulois, si bien que les Romains durent évacuer en catastrophe la Gaule cisalpine. Encore n’avaient-ils rien vu. L’année. suivante, en 217, le consul Flaminius se laissa surprendre en plein brouillard au plus mauvais endroit : coinces entre le lac Trasimène et les collines avoisinantes, les Romains perdirent 15 000 hommes et leur chef.

Scipion, l’Africain

Mais c’etait en 216 que les Romains devaient conna tre le pire, au point que cette année pouvait appara tre comme le commencement de la fin. Après la défaite de Trasimène, on pouvait considérer que la route de Rome s’ouvrait devant Hannibal-qui pourtant ne profita pas des circonstances, puisqu’on le voit alors obliquer vers le sud de l’Italie. Sans doute espérait-il soulever la région avant d’en finir une bonne fois avec Rome. Le consul Fabius, nomme dictateur en raison de l’état d’urgence, avait pris la mesure du danger et de l’infériorité de l’armée. Il fit en sorte de temporiser, d’éviter le contact trop risque, tout en entraînant ses troupes : il y récolta le surnom de Cunctator, le temporisateur. C’etait sage. Mais-point faible du système, comme je l’ai signale plus haut-, deux nouveaux consuls furent nommes en 216, qui rompirent avec la politique d’attentisme de Fabius, et décidaient d’engager une bataille près de Cannes, dans la région des Pouilles. Ce n’était pas la chose a faire, car l’armée, commandée par des gens courageux mais sans génie, y subit la plus terrible défaite de l’histoire romaine. l es 80000 hommes engages, plus de la moitie trouvèrent la mort ainsi que Paul Émile, l’un des consuls,20000 furent captures-et 15000 seulement furent ramènes sur Rome par Varron, le second consul. Le spectacle du charnier éprouvait les nerfs des vainqueurs eux-mêmes. C’est ce désastre qu’évoque. Après Cannes, le poème de J. M. de Heredia. La Ville etait de nouveau a la merci du ’ chef borgne monte sur l’elephant Getule ’, pour le dire comme le poète. Mais Hannibal ne poussa pas ses avantages. Manqua-t-il pour la seconde fois sa chance, comme on le dit parfois ? Plus probablement jugea-t-il que son armée, forte surtout de sa cavalerie et en tout cas dépourvue du matériel indispensable, n’etait pas appropriée au siège d’une ville aussi importante ? Dans son esprit, mieux valait sans doute couper Rome de ses allies méridionaux-qui du reste se soulevaient déjà-, et c’est ce qui le décide finalement a s’installer un certain temps dans le sud de la péninsule. Politique d’abord payante, puisque des la mort du fiel roi Hiéron II, Syracuse passait aux Carthaginois, de même que Tarente, sans compter les assurances qu’Hannibal recevait du roi Philippe V de Macédoine, intéresse par la région de l’Adriatique. Le séjour d’Hannibal a Capoue, qui s’etait rendue a lui, ne fut donc pas sans profit, mais le malheur voulut, du moins pour lui, qu’il s’y éternisas-l’expression ’s’endormir dans les délices de Capoue ’ vient de la-, alors que les Romains mettaient a profit ce temps mort pour se refaire une santé. Ils etaient sagement revenue a la position de Fabius Cunctator, la seule qui fut adaptée a leur situation calamiteuse : temporiser, refuser le combat, recruter et entamer des légions nouvelles. Tant et si bien qu’au prix d’un effort surhumain, ils se trouvaient des 212 de nouveau presse a reprendre les hostilités. Ils ne devaient jamais oublier la sanglante leçon de Trasimène et de Cannes dont le souvenir reviendra obstinément dans la future littérature romaine.

Rome avait puise dans l’imminence de l’ecrasement -qui eut décide de l’avenir de notre civilisation- la force d’un incroyable sursaut d’energie. Il lui fallait vraiment vaincre ou mourir, et son attachement viscéral a ses dieux fut pour l’essentiel dans la passion qu’elle mit a se relever. Des 212, la République passait a l’offensive sur tous les fronts. On commence par contrarierHannibal dans les projets qu’il caressait touchant l’Adriatique : une escadre envoyée sur place y mit fin, d’autant plus efficacement qu’une alliance conclue entre Rome et quelques villes d’Asie Mineure incite le roi de Macédoine a se tenir tranquille. Puis les choses allèrent bon train. On reprit Syracuse en 211, après un siège ou, par parenthèse, périt l’infortuné Archimède. Occupé, dit-on, a résoudre quelque problème de geometrie, il aurait simplement dit au soldat qui marchait sur lui : ’ Ne dérange pas mes figures... ’

Hannibal Barca

Puis on reprit Capoue et Tarente. On imagine que les retrouvailles ne furent point idylliques avec les villes passées si imprudemment aux Carthaginois ils méditeraient longtemps sur l’inconstance du destin et sur les incertitudes des choses de la guerre. Sur le front d’Espagne, ou les affaires se présentaient d’abord moins bien, l’illustre famille des Scipions sut retourner la situation au profit de Rome. Cornelius Scipion, le tout jeune fils de ce consul naguère vaincu sur le Tessin, etait lui aussi un admirateur fervent d’Alexandre le Grand. Il avait su observer la tactique d’Hannibal et il allait avec génie la retourner contre l’inventeur. On reconnait la, une fois de plus, la faculté d’adaptation des Romains. En dépit de son jeune age, Cornelius Scipion avait été nomme proconsul pour l’Espagne, et c’est avec brio qu’il conduisit une série d’operations heureuses. Il ne put, certes, empêcher une armée punique, conduite par le frère d’Hannibal, Hasdrubal Barca-ne le confondons pas avec son beau-frère dont il a été question plus haut-, d’échappe a l’encerclement, mais ce fut sans conséquences, car cet Hasdrubal ne put réussir a joindre l’arme d’Hannibal et il trouva la mort en 207 sur les bords du Métaure. Scipion poussa ses avantages en Espagne méridionale, s’empara de Gades (!’actuelle Cadix) et, enhardi par ses succès, ce général de vingt-cinq ans imagine un débarquement en Afrique, qu’il décide en 204. Cette fois, l’opération réussit : les Romains prirent pied a Utique et progressèrent rapidement en territoire punique. Scipion en profita même pour s’allier au prince numide Massinissa, en froid depuis peu avec Carthage : l’appoint de son excellente cavalerie améliorerait encore les performances de l’arme romaine. Voyant le tour que prenaient les choses et craignant pour la capitale toute proche, les Carthaginois songeaient a la paix : il etait temps encore, pensaient-ils. de la conclure de façon honorable. Mais Scipion exigea comme préalable a toute négociation le rappel en Afrique d’Hannibal, qui devait évacuer l’Italie de ses troupes. Le général punique étant rentrer" au pays, on put constater qu’il avait perdu la main. En 202, il fut si bien vaincu par Scipion a Zama que Carthage, redoutant le pire, se résigna a capituler. Les conditions de paix furent léonines. Carthage devait livrer sa flotte-on voulait bien lui laisser une dizaine d’unit-, ses fameux éléphants, cauchemar des Romains, et ses possessions d’Espagne. Les prisonniers devaient être restitues et les déserteurs livres. Enfin, Carthage s’engageait a payer sur cinquante ans un tribut colossal de 10000 talents, soit trots fois plus que lors du dernier traite de paix, pourtant ruineux. II lui fallait bien sûr renoncer a entre rendre quelque opération militaire que ce soit sans l’aval lu vainqueur. Autant dire que Carthage, qui avait manque vaincre, se retrouvait vassale de Rome : tout espoir de redressement etait désormais exclu. On pouvait compter fur les Romains pour surveiller un ennemi qui lui avait tant couté ! Les deux grandes figures de ce conflit, Hannibal et scipion, allaient connaître des destine bien différents Hannibal, envoyé par les siens en exil, s’en fut poursuivre en Orient, dans le royaume de Syrie, la lutte contre Rome qui etait sa raison de vivre. Quant a Scipion, qui avait réussi au-delà de toute espérance ce que le regrette Regulus n’avait pu mener a bien en dépit de sa vaillance, il savourait son triomphe. 11 avait 1’ame d’un roi et ne s’en cachait pas : il fit même courir, dit-on, la rumeur de son ascendance divine, chose qu’on imagine avec peine aujourd’hui. II ne manquait d’ailleurs pas de classe : respectant son rival malheureux, il ne consentit jamais a ce qu’on le livrât aux vainqueurs, estimant que ce n’etait pas la un acte digne du peuple romain. Mais un destin:ambitieux attendait celui qu’on surnommait maintenant Scipion l’Africain : réaliser une fusion plus étroite entre les traditions de la Rome antique dont il etait le plus beau fleuron, et celles de l’Orient grec vers lequel les Romains ne tarderaient pas a se tourner.

L’espagne au début de la 2e guerre Punique

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