samedi 29 août 2015, par
Pour répondre clairement à cette question, il faut tout d’abord étudier la place de l’Allemagne dans la « guerre froide ».
Déjà, en 1945, des divergences entre Alliés s’étaient élevées à propos de l’avenir de la Pologne, de l’Europe occidentale en général, du rôle de la France dans le monde d’après guerre. Mais sur la question allemande, les Trois Grands firent des efforts considérables pour éviter tout conflit. Et lorsque Winston Churchill, en 1946, dans son fameux discours prononcé à Fulton, Missouri, déclara qu’un rideau de fer » descendait sur l’Europe, il prit bien soin de situer la ligne de partage en dehors de l’Allemagne proprement dite. Le rideau de fer », dit-il, allait de Stettin, sur la Baltique, à Trieste, sur l’Adriatique — c’est-à-dire derrière la frontière orientale de la zone d’occupation russe. Il était clair que Churchill, à cette époque, pensait toujours en fonction d’une coopération des quatre grandes puissances en Allemagne.
Il s’inquiétait d’une division éventuelle de l’Europe mais non d’un conflit possible entre les Quatre Grands en Allemagne. On doit reconnaître d’ailleurs que s’il existait de sérieux désaccords entre les grandes puissances, ils n’avaient pas encore dégénéré en lutte pour le contrôle de l’Allemagne.
Cette lutte commença peu après. Et elle commença à Berlin. En 1946, l’administration soviétique, dans la zone orientale, avait effectué une fusion plus ou moins forcée des partis communiste et socialiste et cherchait à étendre cette mesuré à la ville de Berlin. Les commandants militaires occidentaux furent extrêmement lents à en voir les implications, encore que les Allemands eussent été immédiatement conscients du danger qu’elle représentait. L’unification des partis communiste et socialiste aurait donné aux alliés politiques de l’Union soviétique une majorité électorale écrasante à Berlin.
Berlin était encore considéré comme la capitale d’une Allemagne provisoirement divisée car, par les accords de Potsdam, les Trois Grands s’étaient engagés à établir rapidement une administration centralisée pour toute l’Allemagne. Avec une forte majorité prosoviétique dans la ville, qui pourrait bien perdre sa fonction de capitale de l’Allemagne, Staline serait sur la bonne voie pour s’emparer du contrôle politique de tout le pays.
Il est fort probable que les Soviétiques, pendant cette période, organisaient leur zone non pas pour devenir un État communiste séparé, mais pour servir de tremplin à l’expansion du communisme dans le reste du pays. Berlin devait être l’étape suivante.
Les chefs du parti socialiste à Berlin redoutaient la fusion avec les communistes et demandèrent un référendum dans le parti. Le référendum eut lieu avec l’accord des puissances occidentales (dans les secteurs occidentaux seulement) et les votants, à une majorité écrasante, se prononcèrent contre la fusion des deux partis.
Ce fut alors au tour du commandant russe de réclamer des élections dans tous les secteurs de Berlin afin de donner à tous les électeurs — et non aux membres des « partis socialistes » seulement — l’occasion de décider s’ils voulaient être représentés par les sociaux-démocrates réactionnaires ou le parti socialiste unifié progressiste. La démarche soviétique s’avéra une erreur catastrophique. Les élections eurent lieu à l’automne de 1946 et, à la surprise des seuls Soviétiques, les communistes subirent une défaite sévère dans les trois secteurs occidentaux. Naturellement, comme on pouvait s’y attendre, ils remportèrent une victoire décisive dans le secteur soviétique.
sources Philip Windsor Historia Magazine 1971
Pour participer à ce forum, vous devez vous enregistrer au préalable. Merci d’indiquer ci-dessous l’identifiant personnel qui vous a été fourni. Si vous n’êtes pas enregistré, vous devez vous inscrire.
Derniers commentaires
par ZIELINSKI Richard
par Kiyo
par Marc
par Marc
par Marc
par Marc
par vikings76
par Marie
par philou412
par Gueherec