lundi 7 novembre 2016, par
Ulysse (en grec ancien Ὀδυσσεύς / Odusseús, en latin Ulixes, puis par déformation Ulysses) est l’un des héros les plus célèbres de la mythologie grecque. Roi d’Ithaque, fils de Laërte et d’Anticlée, il est marié à Pénélope dont il a un fils, Télémaque. Il est renommé pour sa mètis, cette « intelligence rusée » qui rend son conseil très apprécié dans la guerre de Troie à laquelle il participe. C’est encore par la mètis qu’il se distingue dans le long périple qu’il connaît au retour de Troie, chanté par Homère dans son Odyssée.
Chez le Pseudo-Apollodore, qui organise les récits de la mythologie grecque en un ensemble chronologique globalement cohérent, la mort d’Ulysse, annoncée par une prophétie, marque la fin de l’âge des héros, et donc des récits de la mythologie classique. Ulysse est le personnage central du poème de l’Odyssée, à laquelle il donne son nom.
Le nom d’Ulysse existe sous plusieurs formes en grec ancien ; on trouve par exemple : Ὀλυσσεύς / Olusseús, Ὀλυττεύς / Olutteús, Οὑδυσσεύς / Houdusseús ; Οὐλιξεύς / Oulixeús et Οὐλίξης / Oulíxês. L’emprunt latin Ulixēs vient de cette dernière forme.
L’étymologie du nom est sujette à discussions. À la suite d’Homère, le Petit Larousse des mythologies le rattache au verbe ὀδύσσομαι / odússomai (« être irrité », « se fâcher »). Ainsi, au chant XIX de l’Odyssée, Autolycos est invité à choisir un nom pour son petit-fils qui vient de naître, et déclare :
« Comme j’arrive ici fâché contre beaucoup de gens,
hommes et femmes sur la terre qui nourrit les hommes,
Que cet enfant se nomme Le Fâché. »
Mais cette étymologie tardive et conjecturale représente plus un jeu de mots qu’une véritable étymologie. De son côté, Paul Faure rapproche la forme latine Ulixēs du radical grec ολιγ- / olig- au sens de petit. Force est de reconnaître en définitive que le nom d’Ulysse reste fondamentalement inexpliqué.
Enfin, le nom d’Ulysse donne naissance à quelques dérivés : Ὀδυσσεία / Odusseía (l’Odyssée), Ὀδὐσσειον / Odússeion (sanctuaire d’Ulysse) et Ὀλισσεῖδαι / Olisseîdai, nom d’une phratrie à Thèbes et Argos.
Anticlée fut violée par Sisyphe, qui la rendit mère d’Ulysse, dont elle était enceinte lors de son mariage à Laërte. Anticlée, après avoir épousé Laërte, est conduite à Alalcomènes, en Béotie, où naît Ulysse.
Chaque fois qu’Homère évoque le royaume d’Ulysse, il nomme toujours un archipel composé de quatre îles, et qui correspond à l’archipel actuel des îles Ioniennes : Ithaque, Doulichion qu’on peut identifier à l’actuelle Leucade, Samé, aujourd’hui Céphalonie, et Zakynthos. Parlant de ces îles, Ulysse précise qu’elles sont « habitées », νῆσοι πολλαὶ ναιετάουσι, affirmant ainsi qu’il exerce son pouvoir politique sur leur peuple. Loin de se réduire à la seule île d’Ithaque, le royaume d’Ulysse est donc constitué d’un véritable bassin méditerranéen délimité au nord-est par de multiples îles et îlots comme ceux aujourd’hui nommés Arkoudi, Méganisi, Oxia et les Échinades. Les ressources naturelles de ces îles sont précisées : Ithaque et Doulichion produisent du blé mais aussi du vin ; Ithaque « bon pays à chèvres et à porcs », connaît un élevage prospère : Ulysse possède un cheptel de plusieurs milliers de bêtes, sous la conduite d’Eumée, son porcher-chef, ainsi que de plusieurs bouviers et pâtres.
L’île possède en outre des forêts, tout comme Zakynthos. Quand Télémaque dresse le catalogue des nobles pouvant prétendre à la main de Pénélope, il livre une précieuse indication sur les ressources en hommes de ces différentes composantes du royaume : de Doulichion sont venus « cinquante-deux jeunes gens distingués », tandis que d’Ithaque n’en sont venus que douze. Ithaque apparaît ainsi la moins riche, mais l’exploitation de l’ensemble du royaume et les richesses tirées du commerce et des expéditions maritimes permettent à son roi de mener grand train. Ulysse affirme en outre : « J’habite dans Ithaque », indiquant par là que le siège politique de son royaume se trouve sur cette île.
Au moment du déclenchement de la guerre de Troie, Ulysse, persuadé par les arguments de Ménélas et Agamemnon, quitte Ithaque pour prendre part à la guerre dans le camp achéen — alors qu’une prophétie lui a prédit un retour semé d’embûches. Selon d’autres versions, il est lié par le serment de Tyndare, obligeant les prétendants malheureux à la main d’Hélène à aider celui qui l’emporterait. Ulysse, qui a entre temps épousé Pénélope et ne veut pas laisser son jeune fils Télémaque, simule alors la folie pour éviter de partir à la guerre, labourant un champ avec un attelage composé d’un bœuf et d’un cheval et y semant du sel (ou des pierres, selon les versions). La ruse est éventée par Palamède. En effet, il va placer Télémaque au milieu du champ que laboure son père, qui, pour ne pas le blesser, révèle sa lucidité. Ulysse est contraint de rejoindre le camp grec. Dans l’Iliade, il est représenté comme un roi sage, favori d’Athéna, et habile orateur ; il prit part à la guerre à la tête de douze nefs. Il occupe de ce fait une place d’honneur dans le Conseil des rois. Le Conseil, par ailleurs, se tient, tout comme le tribunal de guerre, devant ses nefs, qui sont au milieu de la ligne formée par les vaisseaux grecs sur la plage à Troie. Il est dès lors normal que les Grecs s’y réunissent, parce qu’il est un point central au propre comme au figuré, pour les sacrifices et les décisions de justice.
Lors de l’une de ces assemblées, il châtie le manant Thersite, qui prétend contester la parole des rois, en le frappant de son bâton de commandement. Jugé digne de confiance par les autres rois, il est chargé par Agamemnon de récupérer Briséis auprès d’Achille, après avoir en vain plaidé auprès de ce dernier retranché dans sa tente. C’est également lui qui est chargé des ambassades : avec Ménélas, il se rend à Troie pour négocier le retour d’Hélène, enlevée par Pâris. Ami du jeune guerrier Diomède, il l’accompagne dans la capture de l’espion Dolon. Selon une légende cyclique, ils dérobent également tous deux le Palladion.
Après la mort d’Achille, Ulysse vainc en duel Ajax fils de Télamon, et remporte les armes du Péléide. Enfin, il est l’auteur du stratagème du cheval de Troie, évoqué dans l’Odyssée et les épopées cycliques, parmi les premiers à sortir attaquer.
La guerre de Troie ayant pris fin, Ulysse erre sur la mer après avoir provoqué le courroux de Poséidon. Ses errances comprennent notamment l’épisode des sirènes poussant grâce à leurs chants enchanteurs, les navires vers les récifs ; Ulysse, prévenu par Circé, demande à son équipage de se boucher les oreilles avec de la cire ; quant à lui, il se fait attacher au mât du bateau car il voulait écouter leur chant. Dans un autre épisode, Ulysse lutte contre le cyclope du nom de Polyphème, un fils de Poséidon, dont il crève l’œil grâce à un pieu après l’avoir enivré. Le cyclope, blessé, lance vers Ulysse d’énormes rochers, qui le manquent et s’abiment dans la mer. On identifiait certains îlots de la mer Ionienne à ces rochers. Au cours de nouvelles aventures, Ulysse rencontre la nymphe Calypso qui le garde sur son île durant sept ans et lui offre l’immortalité. Il découvre le peuple des Lotophages et affronte aussi la magicienne Circé, connue pour avoir le pouvoir de transformer les hommes en animaux.
Ulysse se rend au pays des Cimmériens, qui sont, dans l’Odyssée les Enfers ou royaume d’Hadès : c’est l’épisode de la Nekuia. Il y rencontre les ombres errantes de nombreux héros qu’il a côtoyés : Agamemnon, Achille devenu le roi du monde des ombres, Ajax fils de Télamon... Au bout de vingt ans, lorsqu’il rentre à Ithaque, sa patrie, déguisé en mendiant, il tue les prétendants de sa femme Pénélope et la retrouve, elle et son fils Télémaque.
Dans l’Odyssée, Ulysse n’a qu’un fils, Télémaque, qu’il a eu de son épouse Pénélope. La Théogonie d’Hésiode mentionne deux fils, Nausinoos et Nausithoos, issus de l’union entre Ulysse et Calypso. D’autres sources lui prêtent d’autres enfants : Télégonos, Agrios, Cassiphoné et Latinos avec Circé.
La mort d’Ulysse n’est pas racontée dans l’Odyssée, qui s’achève à son retour à Ithaque, mais l’ombre du devin Tirésias prédit à Ulysse qu’il connaîtra une mort douce et heureuse, qui lui viendra « de la mer » ou l’atteindra « hors de la mer », selon le sens que l’on donne à la préposition ἐξ.
En revanche, la mort d’Ulysse est relatée dans une autre épopée du Cycle troyen, la Télégonie, attribuée à Eugammon de Cyrène, et dont nous ne connaissons qu’un résumé très postérieur attribué au grammairien Proclos. Selon la Télégonie, Télégonos, fils d’Ulysse et de Circé, fit le voyage à Ithaque avec quelques compagnons pour connaître son père. Ayant été jeté sur les côtes d’Ithaque sans le connaître, il alla faire des vivres avec ses compagnons qui se livrèrent au pillage. Ulysse, à la tête des habitants d’Ithaque, vint pour repousser ces étrangers : il y eut combat sur le rivage, et Télégonos frappa Ulysse d’une lance dont le bout était fait d’un dard venimeux de raie, accomplissant ainsi la prédiction de Tirésias dans l’Odyssée. Ulysse, mortellement blessé, se souvint alors d’un oracle qui l’avait averti de se méfier de la main de son fils ; il s’informa de l’identité de l’étranger et de son origine. Il reconnut Télégonos et mourut dans ses bras. Athéna les consola tous les deux, en leur disant que tel était l’ordre du destin : elle ordonna même à Télégonos d’épouser Pénélope et de porter à Circé le corps d’Ulysse pour lui faire rendre les honneurs de la sépulture.
L’Ulysse de Xénophon
Selon les Mémorables de Xénophon, Socrate, éduquant ses disciples à la tempérance en nourriture et en boisson, dit que c’est en excitant à manger sans faim et à boire sans soif, que Circé a changé des hommes en pourceaux. Si Ulysse a échappé à la métamorphose, c’est grâce à l’avertissement d’Hermès et sa tempérance naturelle qu’il s’était abstenu de dépasser la satiété.
L’Ulysse de Platon
Dans le Phèdre de Platon, Socrate fait de Palamède le sujet d’un jeu de mots dans lequel il rend avec sympathie Nestor et Ulysse auteurs d’écrits d’art oratoire.
La mètis d’Ulysse
Dans une série d’articles parus entre 1965 et 1974 puis regroupés en volume en 1974, les hellénistes Jean-Pierre Vernant et Marcel Detienne ont mis en avant la cohérence d’une notion propre à la pensée grecque : la mètis, une forme d’intelligence rusée à laquelle sont associés des modes d’action, des structures de pensée et des connotations ambivalentes. Les dieux, les héros et les créatures de la mythologie grecque ont recours à la mètis, mais les Grecs la percevaient aussi chez certains animaux et l’associaient à certains domaines de compétence (la chasse, la pêche, l’équitation). Sans avoir le monopole de cette intelligence rusée, Ulysse est l’un des héros qui lui sont le plus étroitement associés. Dans l’Odyssée, il est dit polutropos, « Ulysse aux mille tours », c’est-à-dire aux mille ruses, qui surpasse en ingéniosité tous les autres héros : sa prudence et sa ruse (déguisements, mensonges) lui sauvent la vie à plusieurs reprises au cours de son périple puis de sa vengeance contre les prétendants de Pénélope. Le mot est cependant remis en question par Antisthène, qui dit que l’expression ne loue pas plus qu’elle ne blâme Ulysse.
Hypothèse du parcours initiatique
Sur le plan symbolique, l’étude des interpolations de textes d’époques et de styles différents dans l’Odyssée montre selon certains auteurs23 qu’il s’agissait à l’origine d’un parcours initiatique symbolique, transformé par Homère en un récit de voyage géographique rappelant peut-être des courants de navigation antiques entre les Pélasges, les Peuples de la mer, les Phéniciens et l’Asie Mineure. À part Troie et la Sicile, la plupart des lieux cités dans l’Odyssée sont difficiles à identifier.
Le culte d’Ulysse à Ithaque
D’importantes découvertes archéologiques effectuées dans la grotte de Loïzos à Port Polis, au nord d’Ithaque, permettent d’affirmer qu’un culte héroïque a été rendu à Ulysse. Cette grotte, aujourd’hui à demi-submergée et écroulée à la suite de plusieurs tremblements de terre, a en effet été un sanctuaire depuis l’âge du Bronze ancien jusqu’à l’époque romaine. En tant que sanctuaire, elle était fermée, placée sous l’autorité de prêtres et gardée par des officiers de la cité. On y a retrouvé entre autres les restes de trépieds en bronze, tout semblables à ceux qui furent offerts à Ulysse par les Phéaciens, restes exposés aujourd’hui dans le petit musée de Stavros. Dans l’antiquité, de tels trépieds étaient des objets de prestige et de prix, « exclusivement destinés à des usages cérémoniels dans les palais des princes ou à des usages cultuels dans les temples des dieux » écrit l’ethnologue Jean Cuisenier. Ils constituaient également le prix offert aux vainqueurs des jeux funèbres en l’honneur des héros. Or, au IIIe siècle encore, on célébrait à Ithaque des jeux appelés Ὀδύσσεια, Odysseia, en l’honneur d’Ulysse. L’analyse des bronzes de la grotte Loïzos permet de les dater du VIIIe siècle av. J.-C., ils sont donc très postérieurs à l’époque d’Ulysse, héros du XIIIe siècle av. J.-C.. Des masques en terre cuite hellénistiques ont aussi été découverts et surtout un tesson de terre cuite de masque votif portant en toutes lettres, et parfaitement déchiffrable, une dédicace à Ulysse : ΕΥΧΗΝ ΟΔΥΣΣΕΙ, « prière (ou vœu) à Ulysse ». Ce fragment daté du IIIe-IIe siècle av. J.-C., aujourd’hui célèbre, atteste sans contestation possible qu’en ces lieux un culte était rendu au héros divinisé ou au dieu Ulysse. Le professeur allemand H.G. Buhholz a localisé près de Stavros, au lieu-dit The School of Homer, le sanctuaire d’Ulysse datant de l’époque hellénistique.
La signification de ce culte est que l’île d’Ithaque était un point de passage obligé pour tous les matelots, capitaines de navires ou chefs d’expéditions en route vers la mer Adriatique, la mer de Sicile ou la mer Tyrrhénienne. Grands navigateurs, les Grecs ont eu besoin de reconnaître des routes maritimes aisément navigables vers l’Ouest, de repérer des mouillages, des amers, et de connaître les régimes des vents et des courants. Ulysse lui-même dit que sa navigation est « une recherche des portes (ou passes) de la mer », πόρους ἁλὸς ἐξερεείνων. Dans ces aventures qui précèdent les expéditions pour la fondation de colonies, la grotte a servi à célébrer une liturgie appropriée pour prononcer avant l’embarquement un vœu qu’on imagine identique à celui qu’Ulysse dans sa nostalgie d’Ithaque répète si souvent : « Puissé-je au logis retrouver sains et saufs ma femme et tous les miens ! » ; et en cas de retour heureux, matelots et capitaines pouvaient y déposer une offrande à Ulysse, ce héros du νόστος, du grand retour, « l’homme aux mille ruses », modèle exemplaire de la métis grecque.
Emplacements du royaume d’Ulysse
La localisation de l’Ithaque décrite par Homère a été longtemps débattue : certains auteurs[réf. nécessaire] pensent qu’il s’agit de l’actuelle Céphalonie, et l’Ithaque actuelle pourrait alors être la Phéacie homérique (souvent identifiée dans l’actuelle Corfou), car d’une part un village du nom de Φεάκοι (Phéakoi) était localisé sur l’île, à Platrithrias28, et d’autre part le nom populaire de l’île, Θιάκη, « Thiaki », pourrait venir de Φεάκια (Phéakia : il ne serait alors pas une déformation d’Ιθάκη - Ithaque). Cependant, il est très probable que l’île actuelle d’Ithaque, qui n’a pratiquement jamais cessé de porter ce nom à travers l’histoire, correspond à l’Ithaque homérique, comme tendent à le prouver les travaux de recherches de plusieurs universitaires grecs.
Le palais dit d’Ulysse à Ithaque
Depuis longtemps hellénistes et archéologues ont cherché à retrouver les vestiges du palais d’Ulysse. Homère situe ce palais « au pied du mont Néion », et à une hauteur suffisante pour apercevoir les bateaux dans la rade et le port, en distinguant les manœuvres des marins. Des fouilles archéologiques ont été menées par l’École britannique d’Athènes à partir de 1930 sur les hauteurs du village actuel de Stavros, au nord d’Ithaque, au lieu-dit « Platreithrias », en grec Πλατρειθρίας. Le site est aujourd’hui familièrement appelé The School of Homer. Au terme de seize ans de recherches, la mission archéologique de l’Université de Ioannina conduite par les professeurs d’archéologie préhistorique Athanase Papadopoulos et Litsa Kondorli a annoncé avoir mis au jour le palais du légendaire roi d’Ithaque. Cette découverte a été menée en collaboration avec plusieurs archéologues de réputation internationale, entre autres, le professeur suédois Paul Aström de l’Université de Göteborg. Elle s’appuie sur de multiples indices concordants. Les restes de l’important bâtiment qui a été découvert suit le modèle des palais mycéniens de Mycènes, Tirynthe et Pylos ; il est construit sur deux niveaux à onze mètres de profondeur et de différence de hauteur, avec des escaliers taillés à même le rocher au flanc de la colline, ce qui confirme les descriptions de l’Odyssée qui évoque les serviteurs montant et descendant sans cesse les escaliers du palais d’Ulysse ; le bâtiment comporte des assises de pierre de grande taille et il est entouré de murailles fortifiées ; les travaux d’aménagement d’une fontaine en sous-sol ont été formellement datés du XIIIe siècle av. J.-C. par un archéologue spécialiste de l’Université de Munich ; des fragments de poterie d’époque mycénienne et des tablettes de terre cuite en Linéaire B ont été récemment découverts. De ces hauteurs, on a vue sur les rades d’Ormos Polis et de Frikès. En 2011, les fouilles se poursuivaient sur ce site. Cette hypothèse est suffisamment étayée selon les chercheurs pour permettre d’affirmer que ce palais d’époque mycénienne n’a pu appartenir qu’au roi d’Ithaque ; il est connu sous le nom de « palais d’Ulysse », comme celui de Pylos est traditionnellement connu sous le nom de « palais de Nestor ».
Littérature
Le personnage d’Ulysse n’a cessé d’inspirer poètes et écrivains, tantôt comme personnage de la mythologie, tantôt comme source d’une réécriture ou d’une actualisation du mythe. Les poètes ont mis en avant tour à tour certains aspects de la personnalité d’Ulysse : Dante évoque Ulysse, homme de ruse et de vengeance, au chant XXVI de l’Enfer, première partie de la Divine Comédie :
« ...et je voulais te demander qui est dans ce feu, si divisé à son sommet qu’on dirait qu’il s’élève du bûcher sur lequel Étéocle fut mis avec son frère ? Il me répondit : « Là dedans sont tourmentés Ulysse et Diomède ; ils sont ensemble emportés par la vengeance, comme ils le furent par la colère. »
Dans cette scène, Dante invente un ultime voyage fait par Ulysse après son retour à Ithaque et qui le conduit à sa perte : incapable de retenir sa soif de voyage, Ulysse repart avec ses compagnons et explore les mers jusqu’au bout du monde, mais finit englouti au cours d’une tempête par la volonté divine. Dans le poème de Dante, auteur chrétien, Ulysse est coupable du péché de libido sciendi, le désir de connaissance excessif. Mais au cours des siècles suivants, les lecteurs de Dante font d’autres interprétations plus positives de ce passage, surtout à l’époque romantique.
Joachim Du Bellay chante le voyageur au début du sonnet 31 des Regrets avec le célèbre vers : « Heureux qui, comme Ulysse, a fait un beau voyage ». Dans son recueil Alcools, (1920) Apollinaire exalte « le sage Ulysse », fidèle à Pénélope, dans deux strophes de la Chanson du Mal-Aimé.
Romanciers et dramaturges ont réinterprété le personnage et son mythe : Ulysse (1922), roman le plus connu de James Joyce, est une transcription de l’Odyssée (organisation en chapitres, symbolisme des aventures...) sur une journée de personnages de Dublin, dont l’artiste qui y joue le rôle de Télémaque. Le mythe d’Ulysse a aussi inspiré à Jean Giono Naissance de l’Odyssée. Mais dans ce roman, Ulysse est un coureur de jupons qui invente l’Odyssée pour justifier sa longue absence. Le personnage d’Ulysse intervient dans la pièce La guerre de Troie n’aura pas lieu de Jean Giraudoux (1935) comme l’homme de la négociation, lucide et réaliste. Enfin, dans le roman Ulysse from Bagdad (2008), Éric-Emmanuel Schmitt réinterprète le personnage et les aventures d’Ulysse sous la forme d’un clandestin qui, partant d’Irak, tenterait de gagner Londres. Schmitt opère une réécriture du mythe : il met en scène un voyage de départ (et non pas un retour comme dans l’Odyssée) et recourt à un humour parodique qui rappelle celui de Giraudoux, sans toutefois renoncer au sérieux de son propos sur la condition des immigrants.
Musique
L’opéra de Claudio Monteverdi Il ritorno d’Ulisse in patria s’inspire de la fin de l’Odyssée.
Georges Brassens, dans sa chanson Heureux qui, comme Ulysse (dont le début reprend le premier vers du poème de Du Bellay), reprend le thème des aventures d’Ulysse en associant le voyage aux valeurs de la liberté et de l’amitié. La chanson est parue dans l’album Brassens chante Bruant, Colpi, Musset, Nadaud, Norge (1984).
Ridan, dans la chanson Ulysse (2007), reprend le poème de Du Bellay.
Juliette, dans sa chanson Petite messe solennelle, évoque le héros grec.
Danse
Le chorégraphe français Jean-Claude Gallotta crée en 1981 son œuvre fondatrice, Ulysse, qu’il revisite à de nombreuses reprises tout au long de sa carrière.
Ulysse apparaît principalement dans des péplums (films à sujets antiques) qui apparaissent très tôt dans l’histoire du cinéma. La plupart sont des adaptations souvent très libres de l’Iliade ou de l’Odyssée. Dès 1905, le Français Georges Méliès réalisé un court métrage muet en noir et blanc intitulé L’Île de Calypso : Ulysse et le Géant Polyphème qui, comme son nom l’indique, fusionne deux épisodes de l’Odyssée. En 1909, Le Retour d’Ulysse, film muet d’André Calmettes et Charles Le Bargy, se concentre sur la seconde moitié de l’épopée avec la vengeance d’Ulysse contre les prétendants. L’un des péplums les plus connus adaptés de l’épopée est Ulysse, péplum italien réalisé par Mario Camerini en 1954, avec Kirk Douglas dans le rôle d’Ulysse. Camerini suit globalement la trame de l’épopée, mais alterne les scènes du voyage d’Ulysse avec quelques scènes se déroulant à Ithaque afin de montrer Pénélope et Télémaque confrontés aux prétendants en l’absence du héros. Surtout, il introduit plusieurs innovations, comme le fait qu’Ulysse feint d’avoir perdu la mémoire lorsqu’il s’échoue sur l’île des Phéaciens, et il fusionne certains épisodes (par exemple l’île de Calypso et le voyage au pays des morts). Plus expérimental, Pink Ulysses, de l’Allemand Eric de Kuyper, sorti en 1990, relate l’épopée dans une esthétique homoérotique.
En 2004, le péplum hollywoodien Troie, de Wolfgang Petersen, adapte très librement l’histoire de la guerre de Troie en s’attardant sur les événements de l’Iliade mais en poursuivant le récit jusqu’à la prise de la ville. Ulysse est interprété par Sean Bean et ses ruses et son pouvoir de persuasion jouent un rôle important dans l’intrigue, qu’il s’agisse de convaincre Achille de rejoindre l’armée ou d’avoir l’idée de la ruse du cheval de Troie.
En dehors des adaptations de l’Odyssée, Ulysse apparaît dans d’autres péplums aux intrigues entièrement originales. Dans Ulysse contre Hercule, film italien de Mario Caiano sorti en 1962, Ulysse provoque le courroux des dieux en crevant l’œil du Cyclope et ceux-ci envoient Hercule pour le capturer.
En dehors des péplums, Ulysse est parfois évoqué dans d’autres types de films qui peuvent s’inspirer du personnage et de ses aventures en les transposant dans d’autres contextes ou en y faisant simplement allusion. Ainsi, dans Le Retour de Mervyn LeRoy, sorti en 1948, le médecin Ulysses Lee Johnson (Clark Gable) est partagé entre son amour pour son épouse Penny (Anne Baxter ; Penny est le diminutif américain de Pénélope), qui l’attend aux États-Unis, et un amour adultère pour une infirmière rencontrée pendant son séjour loin de chez lui durant la guerre. O’Brother des frères Coen (sorti en 2000) est une transposition libre de l’Odyssée dans le Middle West américain.
Bekim Fehmiu incarne Ulysse dans la série L’Odyssée de Franco Rossi (1968).
En 1968, le réalisateur italien Franco Rossi réalise la première adaptation de l’Odyssée en série télévisée, sous le titre L’Odyssée, une co-production franco-italo-germano-yougoslave en huit épisodes de 50 minutes qui suit de très près la trame de l’épopée homérique.
Une mini-série américaine, L’Odyssée, adapte à son tour l’épopée en 1997. Ulysse y est incarné par Armand Assante.
En 2013, une série franco-italo-portugaise, Odysseus, créée par Frédéric Azémar, réalisé par Stéphane Giusti et diffusée en France sur la chaîne Arte, s’inspire quant à elle de la seconde moitié de l’Odyssée et met en scène le retour d’Ulysse à Ithaque vu par ceux qui l’y attendent, Pénélope, Télémaque et les prétendants à la main de Pénélope. La série imagine ensuite ce qui se passe après la fin de l’épopée et donne une vision assez sombre d’Ulysse, rendu paranoïaque et violent par la guerre et par sa longue errance.
Le personnage d’Ulysse apparaît aussi dans des séries télévisées d’animation destinées à un public enfantin ou familial. La série animée franco-japonaise Ulysse 31 (1981) transpose très librement les aventures d’Ulysse dans un univers de science-fiction mâtiné de science fantasy situé au XXXIe siècle ap. J.-C. Ulysse voyage dans un immense vaisseau spatial appelé Odysseus en compagnie de son fils Télémaque et de ses compagnons. L’intrigue commence lorsqu’Ulysse quitte la planète Troie pour rentrer sur Terre. Mais au cours du premier épisode, le vaisseau s’égare sur une planète où vit le Cyclope, une machine monstrueuse faisant l’objet d’un culte sanglant ; pour avoir tué le Cyclope, Ulysse et les passagers de l’Odysseus sont condamnés par les dieux à errer dans la galaxie jusqu’à atteindre le royaume d’Hadès. En 2002, une série animée française, L’Odyssée (2002), créée par David Michel, met en scène les aventures d’Ulysse durant son voyage de retour à Ithaque en s’inspirant très librement de l’Odyssée, dans un univers de péplum agrémenté de fantasy.
sources : wikipedia
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