mardi 18 avril 2006, par
On appelle Turcs les divers peuples dont la langue fait partie de la famille des langues turques. On estime à 150 millions le nombre de personnes appartenant à ce groupe. Il s’agit vraisemblablement des descendants de grandes tribus originaires d’Asie centrale.
La plus ancienne mention du terme « Turk » qui nous soit parvenue nous provient des Göktürk du VIe siècle. Une lettre de l’Empereur de Chine au khan köktürk Isbara l’identifie comme le « grand khan turc » en 585. Les stèles de l’Orkhon, contemporaines, font usage du terme « Turuk ».
Il se pourrait que certaines sources antérieures fassent référence à des peuples turcs, comme une tablette du XXIe siècle av. J.-C. retrouvée sur le site de Mari en Syrie (qui parle d’un peuple appelé « Turukku », en migration vers les régions de Tiguranim et Hirbazanim - nous ne savons pas à quoi correspondent ces noms sumériens), ou un texte chinois datant de 1328 av. J.-C. (en parlant d’un peuple voisin appelé « Tu-Kiu »), ou encore le nom d’un des petits-fils de Noé, « Turk », dans les textes de l’Avesta. On ne peut affirmer qu’il existe un lien entre ces termes, en apparence proches morphologiquement, et les peuples turcs proprement dits ; cependant nombre de personnes pensent avoir trouvé là des sources attestant de l’ancienneté tant du terme que des peuplades elles-mêmes.
Aujourd’hui, en Turquie moderne, l’explication populaire de la racine du mot « turc » déclare que le terme signifie « fort » ou « puissant ».
En français, l’usage du terme « turc » peut prêter à confusion, dans la mesure où seul le contexte permet de faire la distinction entre ses deux sens possibles ; d’une part le peuple turc, c’est-à-dire la majorité ethnique en Turquie actuelle, et d’autre part les peuples turcs au sens large, sujet du présent article. D’autres langues telles que l’anglais utilisent deux termes séparés, respectivement « Turkish » et « Turkic ». De même, en turc moderne, on utilise le mot « Türk » en parlant du groupe ethnique habitant la Turquie, tandis que le mot « Türki » se rapporte aux peuples et cultures turcs au sens large.
On pense que les peuples turcs sont originaires d’Asie centrale. Certains historiens envisagent une origine plus à l’ouest, suivie d’une migration vers l’Asie centrale durant la préhistoire.
Des comparaisons entre le sumérien et les langues turques modernes semblent indiquer l’existence d’un vocabulaire commun ; de là découle la thèse que les Sumériens sont la plus ancienne peuplade turque attestée et qu’ils sont originaires de l’est de la mer Caspienne mais ont cependant établi leur civilisation en Mésopotamie. Cette thèse est cependant sujette à controverse, dans la mesure où la majorité des linguistes considèrent le sumérien comme un isolat linguistique, et est assimilable à un produit de l’idéologie panturque.
Les Huns, dont les origines remontent au moins 1200 av. J.-C., sont considérés comme une des premières tribus turques.
Outre les controverses érudites, on ne sait précisément la date de l’émergence turque de son berceau géographique. Le premier état à avoir porté le nom « turc » est celui des Köktürks (ou Göktürks) au VIe siècle. Ceci porterait à croire que les Turcs vivaient surtout en Mongolie et probablement au Kazakhstan durant le premier millénaire de l’ère chrétienne. La Turquie a d’ailleurs des programmes de restauration des monuments turcs existants en Mongolie.
Parmi les peuples turcs postérieurs, on notera les Karlouks (VIIIe siècle), les Ouïghours, les Kirghizes, les Oghouzes et les Turkmènes. C’est pendant la formation de leurs états que ces peuples sont entrés en contact avec le monde musulman et ont progressivement adopté l’Islam. Il subsiste cependant des populations turques appartenant à d’autres religions, notamment le christianisme, le judaïsme (cf. Khazars), le bouddhisme, et le zoroastrisme.
À partir du Xe siècle, les soldats turcs des califes abbassides s’imposèrent en dirigeants du Moyen-Orient musulman, à l’exception de la Syrie et de l’Égypte. Les Turcs oghouzes et d’autres tribus s’emparèrent du contrôle de diverses régions sous l’égide de la dynastie seldjoukide, s’appropriant plus tard les territoires abbassides et byzantins.
Simultanément, les Kirghizes et Ouïghours se battaient entre eux et contre le puissant Empire de Chine. Enfin les Kirghizes s’installèrent définitivement dans la région aujourd’hui appelée Kirghizstan. Les Tatars s’installèrent quant à eux dans le bassin de la Volga, évinçant du pouvoir local les Bulgares de la Volga. Cette même région s’appelle aujourd’hui Tatarstan et est une République autonome de la Fédération de Russie ; ses grandes villes, notamment Kazan, sont dotées d’une ou plusieurs mosquées, les Tatars étant traditionnellement musulmans.
Suite à la grande invasion mongole du XIIIe siècle, l’empire seljoukide est sur le déclin et c’est sur cette base qu’émerge l’empire ottoman, sans doute le plus connu des empires turcs, pour la richesse de son histoire et sa durée dans le temps, occupant au final des régions allant des Balkans à l’Irak et du sud de la Russie à l’Afrique du Nord. Simultanément, d’autres groupes turcs fondèrent des états de moindre envergure, comme les Safavides d’Iran et l’Empire moghol au nord de l’Inde. Des guerres successives contre la Russie et l’Autriche-Hongrie, ainsi que la montée du nationalisme dans les Balkans seront les causes principales du déclin de l’Empire ottoman ; sa chute définitive survient à l’issue de la Première Guerre mondiale et donne naissance à l’état actuel de Turquie.
Quoi qu’il en soit, les ressemblances entre les diverses langues turques contemporaines semblent indiquer que l’éclatement initial du noyau géographique originel turc est un phénomène relativement récent, sauf en ce qui concerne les Tchouvaches et les Yakoutes.
Actuellement, l’ethnie turque la plus dense réside en Turquie. Les autres groupes turcs importants se trouvent en Azerbaidjan, à Chypre, en Iran, au Kazakhstan, au Kirghizstan, en Russie, au Turkménistan et en Ouzbékistan. On en trouve aussi en Crimée, au Xinjiang (extrême ouest de la Chine), au nord de l’Irak, en Afghanistan, en Moldavie, dans les Balkans (particulièrement en Grèce), en Bulgarie, en Roumanie et en ex-Yougoslavie.
En revanche, il est difficile de séparer précisément les différentes ethnies turques. En voici une liste non exhaustive ; entre parenthèses, leur situation géographique : Azéris (Azerbaïdjan) Bachkirs (1 370 000 en Russie) Balkars (Russie, Caucase du Nord) Gagaouzes (Moldavie) Kachkaïs (Iran) Karakalpaks (Ouzbékistan, République autonome de Karakalpakie, au sud de la mer d’Aral) Karapapak (Caucase, Turquie orientale) Karatchaïs (Russie, Caucase du Nord) Kazakhs (Kazakhstan, Ouzbékistan, Xinjiang (Chine), ouest de la Mongolie) Khorasanis (Iran) Kirghizes (Kirghizstan) Koumyks (Caucase, Daguestan) Noghaïs (Caucase, Daguestan) Ouïghours (Xinjiang (Chine)) Ouzbeks (Ouzbékistan) Tatars (6 320 000 en Russie en 1979) Tatars de Crimée Tchouvaches (1 750 000 en Russie en 1979) Touvans (Sud de la Sibérie, frontière avec la Mongolie) Turkmènes (Turkménistan) Turcs de Turquie Turcs de Chypre Yakoutes (300 000 en République de Yakoutie, Sibérie)
Certains classent les ethnies ci-dessus en six branches : Oghouzes, Kiptchaks, Kourlouks, Sibériens, Tchouvaches et Yakoutes.
Un des principaux obstacles que l’on rencontre lorsqu’on essaie de classer les divers dialectes, langues, peuplades et groupes ethniques turcs est l’effet qu’ont eu l’Union soviétique et la politique stalinienne sur les nationalités. Les modifications de frontières existantes et les déportations massives ont eu des impacts considérables sur des régions traditionnellement diversifiées au niveau ethnique. De ce fait, le classement ci-dessus n’est en aucune manière considéré comme vérité absolue, tant au niveau global que dans le détail. À cela s’ajoutent des éléments relativement nouveaux dus à l’évolution de la situation géopolitique des pays de l’ex-bloc communiste suite à la chute de ce dernier, comme l’émergence d’un esprit nationaliste dans les républiques d’Asie centrale.
Les peuples turcs sont d’apparence physique variée. La majorité d’entre eux, de l’Europe à la Chine, semblent partager des traits avec la race blanche. Certains ont le teint très clair, les yeux bleus et les cheveux blonds ou roux, bien qu’ils soient dans l’ensemble d’apparence méditerranéenne (yeux bruns, cheveux bruns/noirs, peau bronzée, légèrement ou pas). Parfois, des caractéristiques faciales surprenantes sont aussi observables, comme certains Ouzbeks ou Tatars qui ont un faciès visiblement mongol, mais avec des yeux et des cheveux clairs. D’autres Turcs ont un caractère purement mongol, comme certains Kazakhs.
Les linguistes considèrent que les langues turques, mongoles et toungouses forment une famille dite altaïque. Elles possèdent beaucoup de points communs, comme l’harmonie vocalique : les voyelles sont partagées en deux groupes et chaque mot ne peut contenir que des voyelles d’un seul groupe. Ce sont des langues agglutinantes : les mots ne peuvent être dérivés que par adjonction de suffixes. Il n’existe pas de préfixe ou d’infixe comme dans les langues indo-européennes. Ces langues possèdent en revanche peu de vocabulaire en commun, ce qui peut faire douter qu’elles soient d’origine commune. Leurs ressemblance peuvent, en partie, s’expliquer par un long voisinage de leurs porteurs.
A son tour, la famille altaïque est rapprochée de la famille finno-ougrienne, qui comprend des langues parlées par les Hongrois, les Finnois, les Estoniens, ainsi que par les Samoyèdes de Sibérie. Toutes ces langues sont qualifiées d’ouralo-altaïques. Ces rapprochements plaident pour une origine sibérienne des Turcs.
Les Turcs possèdent d’autres points communs avec les peuples sibériens, comme la pratique du chamanisme. C’est en Sibérie que cette religion se trouve sous sa forme la plus pure. Elle est d’ailleurs la religion exclusive des peuples sibériens. Le mythe du loup ou du chien ancêtre est commun aux Turcs, aux Mongols, aux habitants de la Sibérie et de l’Amérique du Nord. Les Kirghiz et les Köktürks disaient provenir d’une caverne, mythe également répandu chez les Amérindiens. Ces similitudes n’ont rien d’étonnant, puisque ces derniers sont originaires de Sibérie.
Les Turcs ont surtout beaucoup de points communs avec les Mongols, ce qui a rendu l’adjectif « turco-mongol » d’usage courant. Leur principale divinité était le Ciel-Dieu, appelé Tängri par les Turcs et Tängär par les Mongols. Il avait pour compagne une déesse de la fécondité appelée Umai, commune aux Turcs et aux Mongols. Ces deux peuples utilisaient le terme de khan pour désigner leurs rois. Aussi longtemps que l’on remonte dans leur histoire, ils ont eu un mode de vie nomade, utilisant la yourte comme habitation. Ces similtudes témoignent d’une longue coexistence des Turcs et des Mongols, durant laquelle les deux peuples se sont mutuellement influencés.
Durant leur expansion vers l’ouest, les Turcs se sont mêlés à des Indo-Européens, qui étaient les premiers habitants connus de l’Asie centrale. C’est la raison pour laquelle il est si difficile de définir une race turque. Par exemple, en arrivant dans le bassin du Tarim, les Ouïgours se sont métissés avec les anciens habitants de cette région, les Tokhariens. Même dans le mythe de l’origine des Köktürks, il est question de métissage : alors que les ancêtres vivaient encore dans leur caverne, ils épousèrent des « femmes du dehors ». Cette caverne était située au nord de Tourfan, qui était un territoire tokharien.
Dans l’ensemble, les peuples turcs sont musulmans sunnites. Cependant, de nombreuses personnes en Turquie orientale sont alevis, et la majorité des Turcs d’Iran et d’Azerbaïdjan sont musulmans chiites.
Les Tchouvaches de Russie et les Gagaouzes de Moldavie sont en majorité chrétiens.
Certaines peuplades ont même conservé leurs traditions chamanistes, tandis que la majorité a adopté l’Islam dès le VIIIe siècle. On les trouve principalement dans les régions et républiques autonomes de Russie voisines du massif de l’Altaï, en Khakassie et à Touva.
Enfin, on trouve quelques peuplades turques bouddhistes, juives, zoroastriennes et baha’ies.
Certains font souvent référence au « monde turc » en parlant des pays, régions et peuples turcs. Par contraste, d’autres s’inquiètent que cette évolution des courants politiques encourage la Turquie actuelle dans ses visées impérialistes ou hégémoniques, dénonçant la chose comme un pur produit du panturquisme.
De même, certains rappellent que de nombreux Arabes se sentent liés aux Turcs en termes culturels, ce qui constituerait un « monde arabe » élargi aux populations turques et ayant un poids politique et culturel largement plus lourd. On peut y voir des avantages, notamment un encouragement à cultiver les liens culturels et linguistiques dans l’optique d’achever des objectifs communs, développer les régions concernées et y améliorer la sécurité.
L’opposition ne manque pas de signaler que la Turquie a un lourd passé nationaliste et impérialiste, et qu’il est souhaitable de conserver la diversité culturelle, politique et religieuse des peuples turcs, plutôt que de les unir sous une bannière panturque très artificielle et dont la portée dans les esprits pourrait avoir une influence néfaste sur toute la région.
Voir en ligne : http://fr.wikipedia.org/wiki/Turcs
Source : Wikipédia
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