dimanche 29 avril 2007, par
Les élections sont organisées le 26 mars pour désigner les 92 membres du Conseil de la Commune. Compte tenu des départs de Parisiens avant et après le siège de Paris par les Allemands, et de ceux qui suivent Thiers à Versailles (100 000 selon les dires de Thiers) les abstentions sont d’environ 25 pour cent, nombre normal pour l’époque. L’élection d’une vingtaine de candidats « modérés », représentant les classes aisées, montre que les élections furent relativement libres. Les arrondissements de l’Est et du Nord (XVIIIe, XIXe, XXe, Xe, XIe), le XIIe et le XIIIe dans le sud ont voté massivement pour les candidats communards. Les Ier, IIe, VIIIe, IXe et XVIe ont quant à eux voté massivement pour les candidats présentés par les maires du Parti de l’Ordre (environ 40 000 voix) et les abstentions y ont été très importantes. En fait 70 siègeront, du fait de la démission rapide d’élus modérés et de l’impossibilité pour certains d’être présents à Paris (par exemple Blanqui) et des doubles élections. Le Conseil est représentatif des classes populaires et de la petite bourgeoisie parisiennes. On y trouve 25 ouvriers, 12 artisans, 4 employés, 6 commerçants, 3 avocats, 3 médecins, 1 pharmacien, 1 vétérinaire, 1 ingénieur, 1 architecte, 2 artistes peintres, 12 journalistes.
Toutes les tendances politiques républicaines et socialistes sont représentées. Parmi la vingtaine de « jacobins », admirateurs de la Révolution de 1789 et plutôt centralisateurs, on trouve Charles Delescluze, Félix Pyat, Charles Ferdinand Gambon, Paschal Grousset... À peine plus nombreux les « radicaux », partisans de l’autonomie municipale et d’une république démocratique et sociale, tels Arthur Arnould, Charles Amouroux, Victor Clément, Jules Bergeret... On compte une dizaine de « blanquistes », adeptes de l’insurrection avant-gardistes, comme Jean-Baptiste Chardon, Émile Eudes, Théophile Ferré, Raoul Rigault, Gabriel Ranvier... Quelques « proudhoniens », partisans de réformes sociales siègent : Léo Fränkel, Benoît Malon,Eugène Varlin... Enfin des « indépendants » ont été élus, tels Jules Vallès et Gustave Courbet...
Rapidement le Conseil de la Commune se divise en « majorité » et « minorité ». Les majoritaires sont les « jacobins », les « blanquistes » et les « indépendants ». Pour eux le politique l’emporte sur le social. Se voulant les continuateurs de l’action des Montagnards de 1793, ils ne sont pas hostiles aux mesures centralisatrices voire autoritaires ; cependant ils voteront toutes les mesures sociales de la Commune. Ce sont eux qui imposeront la création du Comité de Salut public le 1er mai par 45 voix contre 23. Les minoritaires sont les « radicaux » et les « internationalistes » proudhoniens, ils s’attachent à promouvoir des mesures sociales et anti-autoritaires, ils sont les partisans de la République sociale. Ces tendances se cristalliseront le 28 avril, lorsque les majoritaires imposent la création d’un Comité de salut public, organisme que les minoritaires refusent car il leur semble contraire à l’aspiration démocratique et autonomiste de la Commune. Si ces luttes d’influence sont incomprises d’une grande partie des Parisiens, les deux tendances feront combat commun dès l’entrée des troupes versaillaises dans Paris.
À côté de ces personnalités, il ne faut pas oublier l’extraordinaire effervescence politique que manifestent les classes populaires de Paris. La tension politique est maintenue par les élections à répétition, le 26 mars pour le Conseil de la Commune et le 16 avril pour des élections complémentaires. Les cérémonies officielles permettent aussi les rassemblements : l’installation du Conseil de la Commune à l’hôtel de ville le 28 mars, les obsèques du socialiste Pierre Leroux à la mi-avril, la destruction de l’hôtel particulier de Thiers, la démolition de la Colonne Vendôme le 16 mai. Mais surtout la population peut se retrouver dans de nombreux clubs pour y discuter de la situation, proposer des solutions voire faire pression sur les élus ou aider l’administration communale. Réunis dans les lieux les plus divers, ils permettent à des orateurs réguliers ou occasionnels de faire entendre les aspirations de la population, en particulier la mise sur pied d’un nouvel ordre social favorable aux classes populaires. Si ces clubs sont nombreux dans les quartiers centraux (Ier, IIe, IIIe, IVe, Ve et VIe arrondissements), les quartiers chics de l’ouest parisien n’en comptent aucun (VIIe, VIIIe et XVIe). Les clubs se fédérèrent le 7 mai afin d’avoir des contacts plus efficaces avec le Conseil de la Commune. S’ajoutant aux titres déjà existants, plus de 70 journaux sont créés pendant les 70 jours de la Commune. Mais la liberté de la presse est restreinte dès le 18 avril et le 18 mai le Comité de Salut public interdit les journaux favorables au gouvernement Thiers. Les journaux les plus influents sont Le Cri du Peuple de Jules Vallès, le Mot d’ordre d’Henri Rochefort, l’Affranchi de Paschal Grousset, Le Père Duchesne de Versmersch, la Sociale avec madame André Léo, Le vengeur de Félix Pyat, La Commune.
sources wikipedia
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Messages et commentaires
1. La Commune de Paris : Les acteurs de la Commune , 29 février 2016, 17:07, par Iqaluit
les Jacobins étaient aussi ceux qui étaient contre la monarchie, et on les a appellés comme ça, car le premier français qui s’est rebéllé, s’appelait Jacob
Répondre à ce message1. La Commune de Paris : Les acteurs de la Commune , 6 mars 2021, 17:56, par Alain Dob
C’est la première fois que j’entends parler de ce Jacob là. Comme rebelle, je ne connais que Marius Jacob, l’anarchiste illégaliste (qui servit de modèle à Maurice Leblanc pour créer Arsène Lupin), mais il est né 8 ans après la commune...
Répondre à ce messageLes Jacobins du XIXe siècle se nommaient bien ainsi en référence aux Jacobins de la Révolution Française qui, comme chacun sait tenaient les réunions de leur club dans un ancien couvent de moines jacobins comme d’autres tendances chez les feuillants, les cordeliers...