samedi 17 mars 2007, par
Les Grecs qui défendaient les Thermopyles apprirent du devin Mégistias, d’abord, que la mort leur viendrait avec le jour : il l’avait vu dans les entrailles des victimes. Ensuite, il y eut des transfuges qui leur annoncèrent que les Perses tournaient leurs positions : ceux-ci les alertèrent dans le courant de la nuit. Le troisième avertissement leur vint des sentinelles qui, des hauteurs, accoururent les prévenir aux premières lueurs du jour. Alors les Grecs tinrent conseil et leurs avis différèrent, car les uns refusaient tout abandon de poste, et les autres étaient de l’avis opposé. Ils se séparèrent donc, et les uns se retirèrent et s’en retournèrent dans leur a s les autres, avec Léonidas, se déclarèrent prêts à rester sur place. On dit encore que Léonidas, de lui-même, les renvoya parce qu’il tenait à sauver leurs vies ; pour lui et pour les Spartiates qui l’accompagnaient, l’honneur ne leur permettait pas d’abandonner le poste qu’ils étaient justement venus garder.
Voici d’ailleurs l’opinion que j’adopte de préférence, et pleinement : quand Léonidas vit ses alliés si peu enthousiastes, si peu disposés à rester jusqu’au bout avec lui, il les fit partir, je pense, mais jugea déshonorant pour lui de quitter son poste ; à demeurer sur place, il laissait une gloire immense après lui, et la fortune de Sparte n’en était pas diminuée. En effet les Spartiates avaient consulté l’oracle sur cette guerre au moment même où elle commençait, et la Pythie leur avait déclaré que Lacédémone devait tomber sous les coups des Barbares ou que son roi devait périr. Voici la réponse qu’elle leur fit, en vers hexamètres : Pour vous, citoyens de la vaste Sparte, Votre grande cité glorieuse ou bien sous les coups des PerséidesTombe, ou bien elle demeure ; mais sur la race d’Héraclès,Sur un roi défunt alors pleurera la terre de LacédémonSon ennemi, la force des taureaux ne l’arrêtera pas ni celle des lions,Quand il viendra : sa force est celle de Zeus. Non, je te le dis, il ne s’arrêtera pas avant d’avoir reçu sa proie, ou l’une ou l’autre.
Hérodote
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