jeudi 26 janvier 2012, par
Les guerres médiques sont des guerres ayant opposé, durant la première moitié du Ve s. av. J.-C., le monde grec à l’Empire perse.
Dans un premier temps, ces conflits qui eurent pour cause le désir du roi des Perses Darios de poursuivre le travail d’expansion de Cyrus en soumettant les Grecs d’Ionie, en Asie mineure, puis des Grecs d’Europe aboutirent à la reconnaissance de la suprématie perse sur les cités d’Ionie ; puis les Perses envahirent la Grèce, mais n’en échouèrent pas moins dans toutes leurs expéditions, malgré leur énorme supériorité numérique. Dans une seconde phase, les Grecs parvinrent à sauvegarder leur indépendance, et, finalement, à asseoir leur domination.
À la fin du VIe siècle av. J.-C., le monde grec connaissait une situation paradoxale : ses régions les plus florissantes, celles où la civilisation des cités était la plus brillante, l’activité économique, la plus prospère, la vie culturelle et scientifique la plus avancée, n’étaient plus libres. Les cités grecques de l’Ionie (Milet, Éphèse, Chio, Abydos) avaient été soumises aux Perses, et devaient verser à leur roi, Darios Ier, un très lourd tribut. Cette situation de dépendance fut à l’origine d’une révolte de l’Ionie.
En 499, certains revers militaires de Darios dans la steppe danubienne furent le signal du déclenchement de la révolte, dirigée par Aristagoras de Milet. Athènes et Érétrie appuyèrent énergiquement ce soulèvement en fournissant respectivement vingt et cinq bateaux. Mais les divisions internes des cités grecques, l’impréparation des opérations militaires et la neutralité de Sparte firent tourner la révolte au désastre, malgré quelques victoires (prise de Sardes, une des capitales du Grand Roi, en 498) : après la prise d’Éphèse par les armées perses, Milet fut à son tour investie et incendiée, et sa population déportée en esclavage en Mésopotamie (494). Les cités grecques de l’Ionie durent faire totale allégeance, suivies par Argos, Corinthe et Égine.
Cette révolte avait constitué un avertissement pour Darios : le rôle joué par les cités grecques d’Europe dans la révolte de l’Ionie lui avait montré la nécessité d’imposer son autorité sur les deux rives de la mer Égée pour assurer définitivement la tranquillité de l’Asie mineure.
Darios décida donc d’envahir la Grèce. Après avoir donné la préférence stratégique à la voie terrestre, une première expédition, dirigée par Mardonios franchit l’Hellespont en 491. Cependant, la résistance acharnée des peuples de Thrace et de Macédoine, et l’incendie de la flotte perse au large du mont Athos, le contraignirent à arrêter son avance pour pacifier définitivement le nord de la Grèce avant de s’aventurer plus au sud. Devant la supériorité numérique des armées perses, le tyran de Chersonèse, Miltiade, se replia et chercha refuge à Athènes, où il devint un des dix stratèges. Deux ans plus tard, une seconde expédition perse, déclenchée simultanément sur terre et sur mer, prenait cette fois pour objectifs la destruction d’Athènes et de l’Eubée, en représailles de l’aide qu’elles avaient fournie à la révolte de Milet.
L’expédition, dirigée par Datis et Artaphernês, réunissait des forces très importantes d’infanterie et de cavalerie (probablement plus de 25 000 hommes) transportées par mer sous la protection d’une flotte de guerre. Les Perses investirent et incendièrent Naxos, soumirent les Cyclades et, après avoir pris d’assaut et pillé Érétrie, et réduit ses habitants en esclavage, débarquèrent sans coup férir en Attique, dans la baie de Marathon.
La question était de savoir si les redoutables archers perses, combattant tant à pied qu’à cheval, pourraient avoir raison des phalanges grecques, lourdement armées et presqu’entièrement cuirassées. En fait, il ne s’agissait pas d’une simple bataille entre soldats de métier et miliciens hoplites : les Grecs étaient des citoyens-soldats qui défendaient la leur Cité, c’est-à-dire l’organisation politique qu’ils s’étaient donnée et qui avait fait d’eux des citoyens libres, à l’opposé des « sujets » de l’Empire perse. À l’aube d’un jour de septembre 490, le choc eut lieu dans la plaine de Marathon : les 10 000 hoplites athéniens, appuyés seulement par quelques détachements envoyés par Platées, et commandés par Miltiade, avaient en face d’eux les 20 000 combattants du Grand Roi. Chargeant au pas de course pour éviter les tirs des archers ennemis, les Grecs, par un mouvement tournant de leurs ailes, mirent en déroute une armée deux fois plus nombreuse. Vaincus, les Perses durent reprendre la mer après avoir subi de très lourdes pertes, mais avec la quasi totalité de leur vaisseaux.
Militiade et les stratèges grecs ramenèrent sur-le-champ leurs troupes vers Athènes pour prévenir un débarquement des Perses au Pirée : la victoire fut donc totale, et Athènes était sauvée. Mais pour combien de temps ? La victoire de Marathon, qui avait donné aux Grecs la conscience d’être solidaires devant un ennemi commun, eut pour première conséquence le rapprochement tactique d’Athènes, sortie victorieuse de l’épreuve, et de Sparte, enfin consciente du péril.
Ce péril se concrétisa en 483. En effet, Xerxès, qui avait succédé à son père Darios en 486, préparait alors sur terre et sur mer une offensive considérable, avec une armée de plusieurs centaines de milliers d’hommes, à ce qu’en dit Hérodote, et une flotte de plus de 1 200 vaisseaux. Alors qu’Athènes s’était activement préparé à ce retour probable des Perses en faisant construire une flotte de guerre sous la direction de Thémistocle, il fallut attendre l’été 481 pour que les autres cités réagissent au danger.
La volonté de résistance, en effet, était loin d’être unanime chez les Grecs : certaines cités, comme Thèbes, refusèrent de se battre ; d’autres, comme Sparte, auraient préféré assurer la défense du Péloponnèse sur l’isthme de Corinthe. Finalement, le commandement des forces communes (symmachie hellène) fut confié à Léonidas, roi de Sparte, dont l’armée était la plus puissante. Après une bataille navale indécise près du cap Artémision (481), l’armée greque fut contrainte d’abandonner la Thessalie. Léonidas, à la tête de 300 Spartiates et de 5 600 Thespiotes et Béotiens, se sacrifia héroïquement au défilé des Thermopyles pour permettre l’évacuation du gros de l’armée grecque. Une fois les Thermopyles contournées, l’Attique s’offrait aux armées de Xerxès : les poulations des cités grecques s’enfuirent dans le Péloponnèse ; Athènes, évacuée, ets brûlée par les troupes perses. Dans le même temps, la flotte de Xerxès s’apprêtait à occuper la rade de Phalère ; cependant, une avance plus au sud de son armée ne pouvait se faire sans avoir au préalable détruit la flotte grecque dont la présence sur ses flancs faisait pese une menace permanente.
C’est alors que, par la ruse, Thémistocle parvint à attirer une partie de la flotte perse dans le détroit de Salamine (septembre 480). Conformément aux plans de Thémistocle, les navires grecs, plus légers et moins nombreux, pouvaient manoeuvrer aisément à l’intérieur du détroit, où les lourdes galères perses au contraire se gênaient mutuellement. Les hoplites grecs embarqués, mieux armés que leurs adversaires, eurent le dessus. Après un engagement confus mais meurtrier, la défaite perse tourna à la catastrophe ; la flotte perse s’enfuit, sérieusement diminuée, tandis que les Grecs se livrèrent au massacre des naufragés et d’un corps expéditionnaire perse débarqué sur la petite île voisine d’Astypalia. Xerxès, dans la crainte d’être coupé de ses arrières, dut se retirer, en laissant en Thessalie son général Mardonios. L’année suivante, celui-ci envahit de nouveau l’Attique, puis se retira en Béotie, cherchant le lieu le plus propice pour affronter les phalanges grecques décidées, cette fois, à livrer une bataille de front : 40 000 hoplites, dont 10 000 Spartiates, ayant à leur tête Pausanias, supportèrent le choc de la puissante armée du Grand Roi, puis, contre-attaquant, la mirent en fuite à Platées. La victoire navale des Grecs, au cap Mycale, au large des côtes asiatiques, éloigna définitivement le péril perse.
L’expansion de l’Empire perse vers l’ouest était définitivement arrêtée. Toutes cités grecques d’Ionie recouvrirent leur liberté, et Athènes qui, au cours des deux guerres, avait joué un rôle prépondérant dans la victoire, en tira gloire et profit. En 478, par la création de la Ligue de Délos, confédération maritime de défense commune, elle entreprit de constituer autour d’elle un empire maritime qui allait assurer son hégémonie sur la mer Égée, désormais interdite aux vaisseaux perses, et sa domination sur le monde grec. La guerre se termina en 449, et la défaite des Perses fut confirmée par la paix de Callias.
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