jeudi 22 mars 2007, par
Un ordre de chevalerie ne va pas sans cheval. Ainsi, l’histoire de l’ordre du Temple fut intimement liée à cet animal. Pour commencer, un noble qui était reçu dans l’ordre pouvait faire don de son destrier, un cheval de combat que les écuyers tenaient à destre, c’est à dire à droite. Après 1140, on comptait de nombreux donateurs de la grande noblesse léguant aux Templiers des armes et des chevaux.
Pour équiper son armée, l’ordre du Temple fournissait trois chevaux à chacun de ses chevaliers dont l’entretien était assuré par un écuyer (article 33 de la règle). Ces chevaux devaient être harnachés de la plus simple manière exprimant le vœu de pauvreté. Selon la règle " Nous défendons totalement que les frères aient de l’or et de l’argent à leur brides, à leurs étriers et à leurs éperons". Parmi ces chevaux se trouvait un destrier qui était entraîné au combat et réservé à la guerre. Les autres chevaux étaient des sommiers ou bêtes de somme de race comtoise ou percheronne. Ce pouvaient être aussi des mulets appelés "bêtes mulaces". Ils assuraient le transport du chevalier et du matériel. Il y avait aussi le palefroi, plus spécialement utilisé pour les longs déplacements.
Selon les retraits, la hiérarchie de l’ordre s’exprimait à travers l’attribution réglementaire des montures. Les retraits commencent ainsi : "Le maître doit avoir quatre bêtes..." indiquant l’importance du sujet. D’ailleurs, les trois premiers articles du maître de l’ordre portaient sur son entourage et le soin aux chevaux. On apprend ainsi que les chevaux étaient nourris en mesures d’orge et qu’un maréchal-ferrant se trouvait dans l’entourage du maître.
Parmi les chevaux du maître se trouvait un turcoman, pur sang arabe qui était un cheval de guerre d’élite et de grande valeur car très rapide.
Quatre chevaux étaient fournis à tous les hauts dignitaires, sénéchal, maréchal, commandeur de la terre et du royaume de Jérusalem, commandeur de la cité de Jérusalem, commandeurs de Tripoli et d’Antioche, drapier, commandeurs des maisons (commanderies), turcopolier. Les frères sergents tels que le sous-maréchal, le gonfanonier, le cuisinier, le maréchal-ferrant et le commandeur du port d’Acre avaient droit à deux chevaux. Les autres frères sergents ne disposaient que d’une seule monture. Les turcopoles, soldats arabes au service de l’ordre du Temple, devaient fournir eux-même leurs chevaux.
C’était le maréchal de l’Ordre qui veillait à l’entretien de tous les chevaux et du matériel, armes, armures et harnais, sans lesquels la guerre n’était pas possible. Il était responsable de l’achat des chevaux et il devait s’assurer de leur parfaite qualité. Un cheval rétif devait lui être montré avant d’être écarté du service.
Les destriers étaient équipés d’une selle à "croce" (à crosse), appelée aussi selle à arçonnière, qui était une selle montante pour la guerre et qui permettait de maintenir le cavalier lors de la charge. Les commanderies du sud de la France, mais aussi celles de Castille, d’Aragon et de Gascogne, étaient spécialisées dans l’élevage des chevaux[. Ceux-ci étaient ensuite acheminés dans les États latins d’Orient par voie maritime. Pour cela, ils étaient transportés dans les cales des nefs templières et livrés à la caravane du maréchal de l’ordre qui supervisait la répartition des bêtes selon les besoins. Lorsqu’un Templier mourait ou était envoyé dans un autre État, ses chevaux revenaient à la maréchaussée
Rares sont les représentations des Templiers. Il nous est cependant parvenu une peinture murale d’un chevalier du Temple en train de charger sur son destrier. Il s’agit d’une fresque de la chapelle de Cressac en Charente, datant de 1170 ou 1180.
Le noble des XIIe et XIIIe siècle devait se faire confectionner un équipement complet (vêtement et armes) pour être adoubé chevalier. Ce matériel, nécessitant essentiellement des métaux, valait une fortune et pesait environ cinquante kilos. Les chevaliers Templiers devaient disposer d’un tel équipement.
La protection du corps était assurée par :
– un écu (ou bouclier) de forme triangulaire, pointe en bas. Il était fait de bois et recouvert d’une feuille de métal ou de cuir. Il servait à protéger le corps, mais sa taille fut réduite dans le courant du XIIe siècle pour être allégé et donc plus maniable.
– une cotte de mailles constituée de milliers d’anneaux en fer d’un centimètre de diamètre entrelassés et parfois rivetés. Cette cotte était constituée de quatre parties : les chausses de mailles attachées à la ceinture par des lanières de cuir, le haubert protégeait le corps et les bras et le camail ou coiffe de mailles. Un mortier ou casquette en cuir était posé sur la tête pour supporter le heaume. Les mains étaient protégées par des gants en mailles appelés gants d’arme (article 325 de la Règle). Il est à noter que le haubert fut raccourci au genou au cours du XIIIe siècle pour être plus léger.
– un heaume sans visière mobile ou un chapeau de fer, ce dernier ne protégeant pas le visage.
Le sous-vêtement se composait d’une chemise de lin et de braies. La protection du corps était renforcée par le port de chausses de cuir attachées par des lanières, et un gambison ou gambeson en cuir. Pour finir, le surcot, porté sur la cotte, est aussi appelé jupon d’arme ou cotte d’arme. Il était cousu d’une croix rouge, insigne de l’ordre, devant comme derrière. Il permettait de reconnaître les combattants Templiers sur le champ de bataille comme en tout lieu. Le baudrier, porté autour des reins, était une ceinture spéciale qui permettait d’accrocher l’épée et de maintenir le surcot près du corps.
Selon Georges Bordonove, le Templier recevait une épée, une lance, une masse et un couteau lors de sa réception dans l’ordre.
Maniée à deux mains, l’épée avait un double tranchant et un bout arrondi. En effet, elle devait être maniée de façon à frapper de "taille", c’est-à-dire avec le tranchant. Elle était pratiquement employée comme une masse d’arme dans la mesure où il était impossible de transpercer une cotte de mailles avec. Toutefois, contre un ennemi qui n’avait pas cette protection, l’épée se révélait plus efficace et plus élégante que la masse.
La masse d’arme templière était principalement une masse dite turque aux pointes saillantes. L’épée et les masses servaient à frapper l’ennemi de manière à lui briser les os. Les blessés mourraient alors d’hémorragie interne. La lance était une perche en bois terminée par une pointe en fer forgé appelée tête de fer. Chaque frère détenait trois couteaux dont un couteau d’arme, un autre "de pain taillé" qui servait à manger et un canif à lame étroite.
Le drapeau de l’ordre du Temple était appelé le gonfanon baucent. Baucent, qui signifie bicolore, avait plusieurs graphies : baussant, baucent ou balcent. C’était un rectangle vertical composé de deux bandes, l’une blanche et l’autre noire, coupées au tiers supérieur. Porté en hauteur au bout d’une lance, il était le signe de ralliement des combattants Templiers sur le champ de bataille, protégé en combat par une dizaine de chevaliers. Celui qui en était responsable était appelé le gonfanonier. Selon la circonstance, le gonfanonier désignait un porteur qui pouvait être un écuyer, un soldat turcopole ou une sentinelle. Le gonfanonier chevauchait devant et conduisait son escadron sous le commandement du maréchal de l’Ordre.
Le gonfanon devait être visible en permanence sur le champ de bataille et c’est pourquoi il était interdit de l’abaisser. Ce manquement grave au règlement pouvait être puni par la sanction la plus sévère, c’est à dire la perte de l’habit qui signifiait le renvoi de l’Ordre. Selon l’historien Georges Bordonove, lorsque le gonfanon principal tombait parce que son porteur et sa garde avaient été tués, le commandeur des chevaliers déroulait un étendard de secours et reprenait la charge. Si celui-ci venait à disparaître à son tour, un commandeur d’escadron devait lever son pennon noir et blanc et rallier tous les Templiers présents.
Si les couleurs templières n’étaient plus visibles, les Templiers survivants devaient rejoindre la bannière des Hospitaliers. Dans le cas où celle-ci était tombée, les Templiers devaient rallier la première bannière chrétienne qu’ils apercevaient.
Le gonfanon baucent est représenté dans les fresques de la chapelle templière San Bevignate de Pérouse en Italie. La bande blanche se situe dans la partie supérieure. Il est aussi dessiné dans la chronica majorum, les Chroniques de Matthieu Paris en 1245. Dans ce cas, la bande blanche se trouve dans la partie inférieure.
Le saint patron et protecteur des Templiers était saint Georges, le saint chevalier. Il était également le patron de l’ordre teutonique et plus généralement de tous les chevaliers chrétiens. Son tombeau est vénéré à Lydda en Israël.
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– Source : article Ordre du temple sur Wikipédia
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