mercredi 4 avril 2007, par
Après la mort d’Hasdrubal, personne ne douta que l’initiative des soldats qui avaient sur-le-champ porté le jeune Hannibal dans le prétoire et l’avaient proclamé général d’un cri et d’une voix unanimes, ne fût confirmée par le suffrage du peuple. Il avait à peine atteint l’âge de puberté, que déjà une lettre d’Hasdrubal l’avait mandé près de lui.
Dans une délibération du sénat à ce sujet, la faction Barcine appuyait vivement la proposition : Hannibal, disait-elle, devait s’habituer au métier des armes et recueillir l’héritage de la puissance paternelle. Hannon, chef de la faction contraire, prit la parole : "On vous adresse, dit-il, une demande qui paraît fort juste, et pourtant je suis d’avis qu’elle soit rejetée." La bizarrerie de cette opinion ambiguë avait fixé l’attention générale. "Oui, reprit Hannon, Hasdrubal se croit pleinement autorisé à réclamer du fils ce qu’il prodigua au père, à la fleur de sa jeunesse. Mais nous sied-il à nous de permettre que nos jeunes gens, pour faire ’apprentissage de la guerre, soient livrés d’abord aux caprices de nos généraux ? Craignons-nous d’ailleurs que le fils d’Amilcar ne voie pas assez tôt l’image du pouvoir absolu, de l’autorité royale que son père a exercée ?
Et, lorsque le gendre de ce souverain commande à nos armées par droit héréditaire, le sceptre du fils pèsera-t-il trop tard sur notre tête ? Que ce jeune homme reste à Carthage ; qu’il y apprenne, par l’obéissance aux lois et aux magistrats, à vivre au sein de l’égalité : tel est mon avis. Craignons que cette faible étincelle n’allume un jour un vaste
incendie."
Eugène Lasserre, Tite-Live, Histoire romaine, t. IV, Paris, Garnier, 1937
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