Causes et conséquences
mardi 10 mai 2022, par
L’expansion de la Russie vers l’Océan Pacifique en Orient a commencé avant Pierre le Grand au XVIIe siècle. En 1647 a été construite une forteresse à Okhotsk et en 1689, la Russie a signé le traité de Nertchinsk avec la Chine qui est le premier à être conclu par le pouvoir européen ; ce traité excluait la Russie du territoire de l’Amour.
Le développement de la Sibérie a accumulé du retard pour diverses raisons. Néanmoins, la politique instaurée par Nikolaï Mouraviev, le gouverneur général de la Sibérie orientale, établit des postes dans les territoires de l’Amour sur le territoire chinois. En 1854, Khabarovsk est fondée, ce qui est contraire au traité signé avec la Chine ; cette dernière se trouve à ce moment en position de faiblesse après la guerre de l’Opium ainsi que la révolte des Taiping.
Deux traités entre la Russie et la Chine sont signés : en 1858 celui d’Aïgoun et deux ans plus tard celui de Pékin, à la suite desquels la Russie obtient des territoires entre l’Amour et la rivière Nousouri, puis débute la construction de Vladivostok. Cette acquisition de territoires devient la base du départ d’une expansion dans le Mandchourie, en Chine, et c’est là que commence la construction du Transsibérien en 1891. Cette avancée engendrera la guerre russo-japonaise, car la Mandchourie et la Corée sont au centre de l’intérêt russe. En effet, ce territoire est pratique à traverser afin d’atteindre Vladivostok. De son côté, la Corée représente un intérêt avec ses ports où l’eau est chaude ; elle est encore autonome, bien que sous influence chinoise et japonaise qui deviennent tous deux rivaux. Et c’est en 1895 qu’éclate la guerre sino-japonaise, que le Japon remportera. Le traité de Shimonoseki sera cependant révisé.
La Corée est indépendante lorsque le Japon annexe des îles voisines, ainsi que la péninsule de Liaodong comportant la ville de Port Arthur. La Russie entreprend de forcer le Japon a réviser le traité de Shimonoseki de 1895, demandant à ce que Liaodong revienne sous juridiction chinoise. La Russie défend alors la Chine, mais elle n’obtient pas de contrepartie, si ce n’est le droit de construire sur des territoires chinois et de les exploiter ; cela lui permet néanmoins de dominer et d’y mettre des troupes pour contrôler les voies de chemin de fer en Mandchourie, visant à conduire à une future annexion. En effet, en 1898 est signé le traité sino-russe, assurant une politique de partition de la Chine par l’Occident ainsi que la Russie à Port Arthur. Deux ans plus tard, se produit la révolte des Boxers, une réaction nationaliste chinoise qui s’oppose à l’intrusion coloniale de la Russie ; l’insurrection sera réprimée par les puissances occidentales. Les Russes en profitent pour envoyer des troupes en Mandchourie du sud afin de renforcer celles qui s’y trouvent déjà et de les protéger. Lorsque le Japon propose à la Russie d’accepter une domination japonaise sur la Corée, cette dernière refuse, car elle a des intérêts sur la Corée. Elle refuse également la proposition de partager les territoires lorgnés par deux pays impérialistes, le nord de la Mandchourie revenant aux Russes. Mais en janvier 1902, le Japon s’allie à la Grande Bretagne.
En février 1904 se produit l’attaque surprise japonaise sur Port-Arthur, marquant le début de la guerre russo-japonaise : la flotte russe est détruite. Cet événement capital est suivi, en mars 1904, par une défaite navale du côté russe.
Bien qu’elles soient alliées, la France ne fait pas grand-chose pour la Russie : en effet, la guerre est centrée vers Port-Arthur, c’est-à-dire en territoire chinois. A cette époque, la Chine est très faible. Mais cela porte préjudice aux Russes, qui se retrouvent loin de leur base. En juillet 1904, ils voient leur flotte russe du Pacifique détruite lors du siège de Port-Arthur. Six mois plus tard, en janvier 1905, alors que commence la révolution en Russie [1], cette dernière capitule à Port-Arthur. Elle décide alors de faire intervenir la flotte de la baltique en lui faisant entreprendre un long voyage et elle arrive au mois de mai 1905. Elle sera également détruite.
C’est une catastrophe pour la Russie qui, finalement, en août 1905, signe le traité de Portsmouth mettant fin à la guerre russo-japonaise. C’est une véritable humiliation pour la Russie qui doit céder Port-Arthur au Japon ; elle est aussi touchée que lors de la guerre de Crimée. De plus, elle perd sa voie ferrée ainsi que l’île de Sakhaline et la Mandchourie, qui est restituée à la Chine.
La Corée, quand à elle, devient indépendante mais ne le restera que jusqu’en 1910 lorsqu’elle est annexée par le Japon, et restera sous son contrôle jusqu’à la Seconde Guerre mondiale. Excepté la moitié de l’île de Sakhaline, la Russie ne perd pas de territoire central pour elle. Cependant, cette humiliation est lourde car, pour la première fois, un pouvoir asiatique a vaincu un pouvoir européen. Lors de cette guerre, la Russie n’a en réalité que peu perdu… mais son impact a été immense dans la structure interne de l’Empire.
Sources : RIAZANOVSKY, Nicholas, Histoire de la Russie des origines à 1996, Paris, Laffont, 1999.
AMACHER, Korine, La Russie, 1598-1917 : révoltes et mouvements révolutionnaires, Infolio, 2011
[1] voir l’article La révolution de 1905
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