vendredi 30 mars 2007, par
Dans la nuit du 8 au 9 février 1904, la flotte japonaise attaque, sans déclaration de guerre, la flotte russe à Port-Arthur, et elle torpille sept bâtiments ennemis. D’un seul coup, le Japon acquiert la maîtrise des mers ; une guerre commence, qui s’achèvera l’année suivante par la victoire du Japon.
Le conflit prend place dans la région du Pacifique Nord, précisément en Mandchourie et en Chine, deux zones où l’Angleterre, les États-Unis et la France luttent pour s’assurer de bonnes positions économiques, mais où, surtout, le Japon et la Russie rivalisent depuis 1891, date de la construction du Transsibérien par ce dernier pays. C’est la politique agressive de la Russie qui est cause du conflit. En 1893, avec l’appui de la France et de l’Allemagne, la Russie humilie le Japon, vainqueur de la Chine en 1895 : elle oblige ce pays à rendre la péninsule du Liaodong, que lui reconnaissait à l’occasion de cette victoire le traité de Shimonoseki. Le Japon avait également obtenu par la même occasion Formose, les îles Pescadores et la reconnaissance par la Chine de l’indépendance de la Corée.
En 1896, par un accord secret avec la Chine, les Russes garantissent le territoire chinois contre les agressions extérieures et, en retour, obtiennent la concession du chemin de fer qui traversera la Mandchourie à partir de Harbin jusqu’à la mer. Ce « Transmandchourien » consacre la pénétration économique russe et son influence dans l’est de la Chine. Lorsque, en 1897, l’assassinat de deux missionnaires allemands aboutit à la cession du territoire de Kiao-Tcheou à l’Allemagne par un bail de 99 ans, le tsar Nicolas II exige un bail de 25 ans pour la partie sud du Liaodong, y compris Port-Arthur. En 1898, la Chine concède à la Russie le bail de Port-Arthur avec le droit d’y établir une base navale. Enfin, en 1900, le soulèvement national chinois des Boxers, en réaction contre les pays étrangers présents, est écrasé par une intervention militaire de huit grandes puissances, à laquelle la Russie participe. Après cela, des troupes russes restent sur le terrain, sous le prétexte de -otéger la construction du Transmandchouriln. Des aventuriers russes proposent, à la même époque, de développer un projet de concessions forestières sur le Yalou en Mandchourie, ce qui permettrait aux sujets du tsar de pénétrer en Corée. Nicolas II est très enthousiasmé par ce projet, car il pense que la Russie a une mission civilisatrice en Asie et il sous-estime grossièrement la puissance et les ambitions japonaises. Son ministre des Finances, Witte, qui s’y oppose formellement, est contraint de démissionner. Les négociations et la guerre Dans un premier temps, le Japon tente de négocier. Il propose un partage qui donnerait aux Russes le nord de la Mandchourie et au Japon le sud, ainsi que la Corée. Mais, très vite, les responsables japonais se rendent compte que les tentatives de conciliation ne servent à rien : l’intervention militaire est décidée.
Alors, le 8 février 1904, le Japon attaque sans déclaration de guerre la flotte russe dans la rade de Port-Arthur. Il est militairement bien préparé et bien organisé ; allié de la GrandeBretagne, il est diplomatiquement soutenu et, enfin, il combat près de ses bases. En face, la Russie n’est pas prête (son commandement en Extrême-Orient, assuré par l’amiral Alexeiev et le général Kouropatkine, est incompétent et ses troupes insuffisantes) ; les renforts sont acheminés par le Transsibérien à voie unique, très lent et interrompu au niveau du lac Baïkal. Enfin, le pouvoir est affaibli par les vagues de mécontentement intérieur.
Cette disproportion explique le succès des opérations japonaises : défaites russes à la bataille de Liaoyang (24 août-5 septembre 1904), au fleuve Cha-ho (5-18 octobre 1904) et à Moukden (21 février-10 mars 1905), qui font reculer l’armée russe dans le nord de la Mandchourie. Les 27-29 mai 1905, la flotte de l’amiral Zinovi Rojdestvenski, venue de la Baltique avec beaucoup de difficultés pourtenter de sauver Port-Arthur, est anéantie au cours de la bataille, au détroit de Tsushima. La Russie est désormais obligée de négocier. La paix : l’humiliation d’une nation occidentale Un armistice est conclu entre les deux gouvernements : si les Russes sont très affaiblis par la révolution de 1905, les finances japonaises sont totalement épuisées et l’Empire nippon n’a plus les moyens de détruire le gros des troupes russes d’Extrême-Orient. Avec la médiation du président américain Theodore Roosevelt, une Conférence de paix est organisée à Portsmouth, aux États-Unis, le 5 septembre 1905. Les clauses du traité signé à cette occasion contiennent les stipulations suivantes : la Russie doit reconnaître la prééminence des intérêts du Japon en Corée ; elle cède à son vainqueur son bail sur la péninsule du Liaodong, sa base de Port-Arthur, la voie ferrée au sud du Chandong et la moitié sud de l’île de Sakhaline. Les deux pays, d’un commun accord, s’engagent à restituer la Mandchourie à la Chine. Malgré l’insistance du Japon, aucune indemnité de guerre n’est prévue.
Cette guerre est un véritable coup de massue pour le gouvernement russe, qui ne s’attendait absolument pas à la défaite. L’humiliation des premiers revers a contribué à précipiter un événement qui aurait eu lieu de toutes manières :’la révolution de janvier 1905. Du côté japonais, en revanche, c’est un véritable triomphe, car, pour la première fois dans l’histoire du monde, une nation occidentale est vaincue par une nation asiatique. L’Empire nippon en tire un prestige militaire considérable, qui durera jusqu’en 1945 ; Une guerre et une révolution En même temps que la Russie se trouve engagée dans un conflit contre le Japon en Asie orientale, elle est affaiblie à l’intérieur par le déclenchement d’une révolution, en janvier 1905.
Cette révolution s’explique par des causes économiques, par le mécontentement étudiant et par l’apparition d’une opposition organisée formée de sociaux-démocrates (S.D.) et de sociaux-révolutionnaires (S.R.), d’obédience marxiste.
La révolution éclate le 22 janvier à Saint-Pétersbourg, où la répression fait 130 morts. Malgré cela, le mouvement s’étend et atteint les milieux de l’armée (mutinerie du cuirassé Potemkine, en mer Noire, dans l’été). La réaction ne parvient à triompher qu’au début de l’année suivante. L’entre-deux-guerres : la pénétration en Chine du Nord Le Japon obtient en 1919 la plupart des anciennes îles allemandes du Pacifique. Mais la conférence de Washington (1921) l’oblige à abandonner à la Chine le Chandong, à évacuer ses troupes de Sibérie et à limiter sa flotte de guerre. Les troupes japonaises occupent Moukden (le 18 septembre 1931) à la suite d’incidents frontaliers, puis toute la Mandchourie, qui devient en 1932 le Mandchoukouo, État indépendant sous protectorat japonais. En 1933, le Japon quitte la S.D.N. En 1937, il occupe une partie de la Chine. De la « guerre du Pacifique » au désastre d’Hiroshima Engagé dans lepacte anti-Komintern en 1936, le Japon lance un ultimatum à l’Indochine française en 1940. Puis, sans avoir au préalable déclaré la guerre aux États-Unis, le général Tojo fait détruire la flotte américaine basée à Pearl Harbor, le 7 décembre 1941. À ce moment commence la guerre du Pacifique les Philippines, Hongkong, la Malaisie, Singapour et l’Indonésie sont occupés. En 1942, la bataille de Midway stoppe l’avance japonaise. De 1943 à 1945, les États-Unis récupèrent du terrain. Ils lancent la bombe atomique le 6 août 1945 sur Hiroshima et le 9 août sur Nagasaki. Le 14 août, le Japon capitule : il est ramené à ses frontières du xixe siècle.
source :Les grands évenements de l’histoire du monde sous la direction de J marseille et N.Laneyrie Dagen ed France loisir 1991
Pour participer à ce forum, vous devez vous enregistrer au préalable. Merci d’indiquer ci-dessous l’identifiant personnel qui vous a été fourni. Si vous n’êtes pas enregistré, vous devez vous inscrire.
Derniers commentaires
par ZIELINSKI Richard
par Kiyo
par Marc
par Marc
par Marc
par Marc
par vikings76
par Marie
par philou412
par Gueherec