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Homère

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Homère est réputé avoir été un aède (poète) de la fin du VIIIe siècle av. J.-C. C’est le premier poète grec dont les œuvres nous sont parvenues. Il était surnommé simplement « le Poète » (ὁ Ποιητής / ho Poiêtếs) par les Anciens. Victor Hugo écrivit à son propos dans William Shakespeare : « Le monde naît, Homère chante. C’est l’oiseau de cette aurore ».

Le fait qu’il ait eu une existence réelle ou simplement qu’il représente une personnification tardive d’un éventuel auteur ou collectif (comme Rrose Sélavy ou Nicolas Bourbaki) semble aujourd’hui impossible à établir avec certitude.

Biographie

La tradition veut qu’Homère ait été aveugle. Deux éléments dans les textes homériques appuient cette thèse. Tout d’abord, l’aède Démodocos, qui apparaît dans l’Odyssée pour chanter des épisodes de la guerre de Troie, est aveugle. Ensuite l’auteur de l’Hymne homérique à Apollon Délien (à l’époque attribué à Homère) déclare à son propre sujet : « c’est un aveugle, qui réside à Chios la rocailleuse ».

Martin P. Nilsson remarque cependant, dans Homer and Mycenæ (1933), que dans certaines régions slaves, les bardes sont rituellement qualifiés d’« aveugles ». La perte de la vue est supposée stimuler la mémoire. De plus, symboliquement, l’aveugle est, dans les civilisations antiques, celui qui voit l’invisible transcendant et ne peut voir le visible immanent. C’est une incarnation de l’idée d’inspiration divine. Tirésias ou Œdipe en sont représentatifs : le premier reçoit la cécité en malédiction et le don divinatoire en compensation. Le second perd la vue quand il se met à voir la vérité et accède à une forme de sainteté. Il est probable que la cécité d’Homère soit de ce type.

Plusieurs villes ioniennes (Chios, Smyrne, Cymé ou encore Colophon) se disputent son origine. Lucien de Samosate (v. 120-ap. 180), dans son Histoire vraie (II, 20), fait d’Homère un Babylonien envoyé en otage chez les Grecs, d’où son nom. Le philosophe et érudit Proclos (412-485) conclut la polémique dans sa Vie d’Homère, en disant que celui-ci fut avant tout un « citoyen du monde ».

En fait, nous ne savons presque rien sur la vie d’Homère. Huit biographies anciennes nous sont parvenues, faussement attribuées à Plutarque et Hérodote, mais elles datent probablement de l’ère chrétienne et ne sont pas dignes de confiance.

À signaler qu’une thèse récente, formulée par des auteurs anglo-saxons, postule que l’Odyssée aurait été écrite par une femme sicilienne du VIIe siècle (et dont le personnage de Nausicaa serait une sorte d’autoportrait) : le premier à avoir lancé l’idée est l’écrivain anglais Samuel Butler dans The Authoress of the Odyssey, en 1897. Cette conception a été reprise par le poète Robert Graves dans son roman Homer’s Daughter et tout récemment, en septembre 2006, par l’universitaire Andrew Dalby dans son essai Rediscovering Homer (qui suggère que les deux épopées auraient été écrites par une femme).

Œuvres

On lui attribue la paternité de l’Iliade et de l’Odyssée. L’œuvre épique comique Batrachomyomachia (littéralement « la bataille des grenouilles et des rats », parodie de l’Iliade) et les Hymnes homériques lui sont également attribués, quoiqu’il soit communément admis que ce sont des œuvres dérivées ultérieures.

De manière générale, dans l’Antiquité, le nom d’Homère était pratiquement équivalent à la poésie épique dans son ensemble, de même que celui d’Hésiode désignait toute forme de poésie didactique. De cette manière, on trouve fréquemment son nom accolé aux titres des épopées du Cycle troyen. Archiloque de Paros considérait qu’Homère avait écrit le Margitès, une œuvre comique. Hérodote (V, 37) rapporte que la « poésie homérique » fut bannie par Clisthène, tyran de Sicyone, à cause de ses références à Argos - ceci laisse supposer que le Cycle thébain était également considéré comme homérique. Hérodote lui-même s’interroge sur la paternité homérique des Épigones (IV, 32) et des Chants cypriens (IV, 32). Enfin, nombre d’auteurs antiques citent des vers qu’ils attribuent à Homère, mais qui ne figurent ni dans l’Iliade, ni dans l’Odyssée : Simonide de Céos (fr. 564 PMG), Pindare (Pythiennes, IV, 277-278), etc.

Ce n’est qu’à partir de Platon et Aristote que l’attribution se limite aux deux épopées.

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