jeudi 23 août 2007, par
La guerre franco-thaïlandaise (1940-1941) a opposé la Thaïlande du général Plaek Pibulsonggram, plus connu sous le nom de Phibun, et la France de Vichy dans la péninsule indochinoise.
Après la déroute française de 1940, le premier ministre thaïlandais Phibun entrevoit une chance pour la Thaïlande de récupérer les territoires abandonnés à la France durant le règne de Chulalongkorn (provinces de Melou Prei et de Tonlé Repou en 1904, et provinces de Battambang, de Sisophon et de Siem Reap en 1907, toutes rattachées au Cambodge), et de venger les humiliations subies en 1893 (rattachement du Laos à l’Indochine française) et 1904.
L’affaiblissement de la métropole rendait le maintien du contrôle français sur l’Indochine hasardeux et difficile. L’administration coloniale, privée d’aide et de renforts, avait été forcée à autoriser les Japonais à s’installer en Indochine française après la prise de Lang Son (offensive des 22-25 septembre 1940). La faible résistance française face à cette invasion convainc le régime de Phibun qu’un affrontement militaire tournerait à son avantage.
Après des manifestations nationalistes et anti-françaises à Bangkok, des escarmouches frontalières se succèdent le long du Mékong. L’aviation thaïlandaise, supérieure en nombre, bombarde de jour Vientiane, Sisophon, et Battambang en toute impunité. Les forces aériennes françaises tentent des raids en représailles, mais les dégâts causés à la Thaïlande sont bien moindres. L’amiral Jean Decoux, gouverneur général d’Indochine, reconnaît d’ailleurs que les aviateurs thaïlandais pilotaient comme des hommes ayant plusieurs campagnes à leur actif. En décembre, la Thaïlande occupe Pak-Lay et le Bassac.
Début janvier 1941, le Burapha Thai et les armées Isaan lancent une offensive sur le Laos et le Cambodge. La résistance française est immédiatement en place, mais de nombreuses unités sont surpassées par les forces thaïlandaises, mieux équipées. Les Thaïlandais occupent rapidement le Laos, alors qu’au Cambodge la résistance française est meilleure.
Le 16 janvier 1941, la France lance une large contre-offensive sur les villages thaïlandais de Yang Dang Khum et de Phum Preav, où se déroulent les plus féroces combats de la guerre. La contre-attaque française est taillée en pièces, et s’achève par une retraite, mais les Thaïlandais ne peuvent poursuivre les forces françaises, leurs chars ayant été cloués au sol par l’artillerie française.
Alors que la situation à terre est critique pour la France, l’amiral Jean Decoux (1884-1963) donne l’autorisation à l’amiral Terraux, commandant la Marine en Indochine, d’exécuter une opération contre la Marine thaïlandaise.
L’ordre est donné aux navires de guerre disponibles d’attaquer dans le golfe de Thaïlande. Une reconnaissance aérienne est effectuée le 16 janvier à Satahib (pointe Est de la baie de Bangkok) et à Koh Chang.
Au matin du 17 janvier 1941, le "groupe occasionnel", flotte de circonstance formée du croiseur Lamotte-Picquet, des avisos coloniaux Dumont d’Urville, Amiral Charner et des avisos Marne et Tahure, placé sous le commandement du capitaine de vaisseau Régis Bérenger, commandant le croiseur Lamotte-Picquet, attaque les cuirassés et torpilleurs thaïlandais à Koh Chang.
Bien que la flotte ennemie la surclasse en nombre - et de loin - l’opération de la marine française, menée avec brio, s’achève par une victoire complète. À l’issue du combat, qui dure presque deux heures, le bilan est lourd côté thaïlandais. Les torpilleurs Chomburi et Songkla sont coulés. Le garde-côtes cuirassé Dombhuri chavire, en flammes. Une bonne partie de la flotte de guerre thaïlandaise est détruite.
Plus de 300 hommes sont morts du côté thaïlandais et il n’y a guère que 80 survivants.
C’est une victoire importante.[1] De plus, la bataille de Koh Chang, le 17 janvier 1941, est la dernière bataille navale remportée par la France (en fait, la seule victoire navale remportée par la France au cours des deux guerres mondiales).
Cependant, le 24 janvier, la bataille aérienne finale a lieu lorsque l’aéroport français d’Angkor est atteint par un raid des bombardiers thaïlandais.
La guerre fait environ 3400 morts.
Le Japon, désireux de s’assurer la colaboration militaire de la Thaïlande, intervient rapidement en médiateur dans le conflit. Un ultimatum impose d’abord aux deux belligérants un armistice, proclamé le 28. Le 9 mai, la France, sous contrainte japonaise, signe un traité de paix, par lequel elle abandonne les provinces de Battambang et Siem Réap (littéralement "loi siamoise"), prises au Cambodge, de Champasak et Sayaburi (prises au Laos). Ce traité est suivi d’un autre entre la France et le Laos le 21 août. La puissance protectrice du Cambodge et du Laos n’a pas pu les protéger.
Cette annexion provoque l’arrêt des livraisons de pétrole des États-Unis au Japon (avril 1941) et la création, par les services secrets anglo-saxons, du Thaï Séri (les Thaïs libres), organisation clandestine anti-japonaise. Après Pearl Harbor, le peuple et l’assemblée thaïlandaise se mobilisent contre le Japon, qui l’attaque. Après la courte campagne conclue par la bataille de Prachuab Khirikhan, la Thaïlande s’allie au Japon.
sources wikipedia
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