lundi 4 mai 2015, par
Ce combat acharné se poursuivit deux semaines durant, les deux camps se renforçant au même rythme si bien qu’aucun ne put prendre le dessus. Dans une tentative pour démoraliser le million de Madrilènes et aussi pour satisfaire la curiosité des officiers allemands désireux de voir la réaction de la population civile lors d’une opération méthodiquement organisée de destruction d’une ville, le général Franco ordonna de bombarder Madrid 24 heures sur 24 en utilisant des bombes à haute charge explosive suivies de bombes incendiaires. Mais les souffrances qu’eurent alors à subir les Madrilènes les unirent plus étroitement que jamais, malgré de très lourdes pertes — un millier de morts entre le 16 et le 19 novembre — les défenses de la ville résistèrent et le moral resta haut.
En outre, la maîtrise du ciel n’appartenait plus aux avions allemands ou italiens qui se heurtaient maintenant souvent à des chasseurs soviétiques, dont un petit monoplan trapu, le Polikarpov II-16 Rata, probablement le meilleur chasseur du monde à cette époque. Les bombardiers soviétiques suffisamment rapides pour échapper aux chasseurs nationalistes, les récents Caproni italiens mis à part, pouvaient atteindre les différentes villes tenues par la rébellion.
A la fin novembre, les nationalistes disposaient de 60 000 hommes sur le front de Madrid dans le secteur de Tolède-Brunete, tandis que les républicains n’en possédaient que 40 000 dans le périmètre de défense qui, enfin, avait été correctement aménagé grâce à l’aide des techniciens soviétiques. L’infanterie républicaine était structurée sur le modèle des banderas nationalistes : trois compagnies d’infanterie, une de mitrailleuses et des unités d’artillerie et de chars en soutien. Les nationalistes se rendirent compte que Madrid ne pouvait être -prise qu’à l’aide d’un très grand nombre d’hommes appuyés par de massifs bombardements aériens et d’artillerie.
Franco, Mola et Varela tinrent une conférence à la fin de novembre et tombèrent d’accord sur la nécessité de rejeter les républicains de l’autre côté de la route de Madrid à l’Escorial pour soulager leurs troupes engagées dans la Casa de Campo. Il fut décidé que, si l’attaque réussissait, l’avance serait poursuivie afin d’isoler de la capitale les forces républicaines opérant dans la Sierra, et de priver ainsi la ville d’eau et d’électricité.
Les rangs républicains se rompirent sous les coups dé boutoir d’une bandera de la Légion et durent reculer dans les faubourgs de Pozuelo et d’Humera ; mais, quand les nationalistes engagèrent leurs tanks pour transformer la retraite en déroute, ils se heurtèrent au feu des blindés soviétiques et durent battre en retraite. Leurs bombardiers Ju52 furent abattus par les chasseurs russes ou forcés de s’enfuir. L’affaire ne profita guère aux nationalistes et entraîna de lourdes pertes dans les deux camps.
Mi-décembre, Varela essaya une fois de plus, de renforcer son flanc gauche afin d’entrer dans Madrid par le nord-ouest. Quatre brigades mobiles, totalisant 17 000 hommes, attaquèrent Boadilla del Monte, précédées du plus puissant tir d’artillerie de toute la guerre et d’une intense préparation aérienne. Les républicains ripostèrent à l’aide de leurs tanks et chasseurs russes et contre-attaquèrent avec des unités fraîches de Brigades Internationales.
La bataille fit rage pendant quatre jours et ne laissa que quelques kilomètres carrés aux républicains qui s’accrochèrent cependant aux villages de Boadilla et Villanueva de la Canada, tactiquement ,importants. Mais six bataillons de la Brigade Internationale avaient été presque totalement décimés. Côté nationaliste, les pertes furent telles qu’on dut faire appel à de nouveaux combattants du Maroc et envoyer sur le front de très nombreux jeunes gens..
De nouveaux plans furent élaborés pour compléter l’encerclement de la ville ; un mouvement vers l’est était projeté à partir du secteur sud afin de franchir la rivière Jarama et de couper les routes de Valence. Cette offensive constituait la pince droite de la tenaille, celle de gauche devant être lancée au sud-ouest de Guadalajara par des bataillons réguliers de l’armée de Mussolini. Une fois coupée du reste de la république espagnole, Madrid était condamnée à mourir.
En fait ni la bataille de Jarama ni celle de Guadalajara ne donnèrent les résultats escomptés et Madrid y survécut, ainsi qu’à d’autres tentatives pendant les deux années suivantes.
Quand s’acheva la bataille. quelques mois avant le début de la seconde guerre mondiale, les lignes du front dans les Sierras, la Casa de Campo et la Cité universitaire étaient à peu près identiques à celles de la fin de 1936.
La vaillante résistance de Madrid prit fin en même temps que la guerre civile espagnole. Peu de temps après. le gouvernement nationaliste de Franco était reconnu par toutes les grandes puissances du monde, mis à part l’Union soviétique.
Quatre mois après le départ de la légion Condor pour l’Allemagne. six divisions de panzers — le fer de lance de la Wehrmacht — entraient en Pologne. c’était le début de la seconde guerre mondiale. Varsovie, après Madrid et d’autres villes espagnoles, allait faire l’expérience des bombardements aériens. La Blitzkrieg mettant en (oeuvre tanks et avions et dont l’efficacité venait d’être éprouvée en Espagne. allait connaître les succès que l’on sait.
sources : article de Peter Elstob connaissance de l’histoire hachette 1982
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