lundi 2 avril 2007, par
Déroute de l’armée romaine près de la Trébie
Au moment où, dans leur effroi, ils allaient se rejeter sur les Carthaginois eux-mêmes, Hannibal ordonna de les faire repasser du centre vers les extrémités, et de les diriger sur l’aile gauche, contre les Gaulois auxiliaires : la déroute ne fut pas un instant douteuse. Surcroît d’alarmes pour les Romains, à la vue de la fuite des auxiliaires. Aussi, obligés de combattre sur tous les points, dix mille hommes environ, car le reste ne put s’échapper, s’ouvrirent un passage, par le massacre de beaucoup d’ennemis, à travers le centre de l’armée africaine, renforcée de Gaulois auxiliaires ; et, comme il leur était impossible de regagner le camp, dont la Trébie leur fermait l’entrée, ou de distinguer assez, à cause de la pluie, les endroits où ils auraient pu venir au secours des leurs, ils se rendirent droit à Plaisance. Chacun ensuite chercha à s’échapper d’un côté ou d’un autre. Ceux qui coururent vers la rivière furent engloutis dans les eaux, ou accablés par les Carthaginois, s’ils hésitaient à tenter le passage. Ceux qui, dans leur fuite, s’étaient dispersés à travers champs, prirent la route de Plaisance, sur les traces du corps d’armée qui effectuait sa retraite. D’autres enfin, enhardis par la crainte même de l’ennemi, s’élancèrent dans la Trébie, la traversèrent heureusement, et se réfugièrent dans leurs lignes. Une pluie mêlée de neige, et la rigueur intolérable du froid, firent périr une grande quantité de chevaux et presque tous les éléphants. Les Carthaginois ne poursuivirent pas les Romains au-delà du fleuve, et ils retournèrent dans leur camp, tellement transis et glacés, qu’à peine ils sentaient la joie de leur victoire. Aussi la nuit suivante, lorsque le détachement commis à la garde de nos retranchements, et les faibles débris de nos troupes nombreuses passaient la Trébie sur des radeaux, les Carthaginois ne s’en aperçurent point ; soit parce que la pluie tombait par torrents, ou qu’incapables, par leur lassitude et par leurs blessures, de faire aucun mouvement, ils feignirent de ne rien entendre. Scipion, sans être inquiété dans sa marche silencieuse, conduisit sa division à Plaisance : de là, traversant le Pô, il gagna Crémone, pour que le cantonnement de deux armées ne restât point à la charge d’une seule colonie.
Eugène Lasserre, Tite-Live, Histoire romaine, t. IV, Paris, Garnier, 1937
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