mardi 9 juin 2015, par
La STAVKA donna l’ordre au commandement du front de Crimée de replier ses forces sur le rempart turc, pour y installer une défense stable. Mais l’ennemi réussit, le 11 mai, à cerner une partie des forces du front près d’Ak-Monay. Le 15 mai, il occupa la ville de Kertch.
Pendant cette période, les forces aériennes allemandes effectuèrent à peu près 1 800 sorties par jour.
Le haut commandement soviétique n’avait d’autre solution que de retirer de la presqu’île de Kertch les forces du front de Crimée. Entre le 15 et le 20 mai, elles franchirent donc le détroit de Kertch jusqu’à la péninsule de Taman et au cap Tchouchka, dans des conditions extrêmement difficiles. L’ennemi leur infligea, en effet, de lourdes pertes tant aux points d’embarquement et de débarquement qu’au cours de la traversée elle-même. Il y eut plus de 86 000 hommes évacués, dont 23 000 blessés. Certaines formations et unités du front de Crimée ne parvinrent pas à gagner la presqu’île de Taman et restèrent sur place, où elles organisèrent des détachements de partisans dans les carrières de pierre de Kertch et continuèrent à lutter héroïquement contre l’envahisseur.
L’effondrement du front de Crimée, en ce printemps de 1942, était extrêmement grave. Au cours du seul mois de mai, ce front perdit 176 000 hommes, et de nombreux commandants d’unité de l’armée Rouge périrent dans les batailles de la presqu’île de ,Kertch. Les Allemands s’emparèrent de la quasi-totalité de l’équipement et des armes lourdes des forces soviétiques et les utilisèrent plus tard contre les héroïques défenseurs de Sébastopol.
La raison fondamentale de l’échec du front de Crimée s’expliquait avant tout par l’incapacité du commandement du front et du représentant de la STAVKA (le commissaire d’armée Mekhlis) à organiser d’abord la défense contre les forces allemandes, ensuite l’évacuation de la péninsule. A cause de l’impéritie du commandement du front, il n’y eut pas plus de coopération entre les armées qu’entre les forces terrestres et aériennes. Ces dernières étaient d’ailleurs dispersées et agissaient en dehors de toute référence au plan général d’opérations. Le commandant du front, son état-major et le représentant de la STAVKA donnaient des ordres sans tenir compte de la situation, sans connaître l’état réel des forces et, qui plus est, les donnaient très tard. Ils n’avaient en outre aucun contact personnel avec les troupes et, pendant les jours critiques de l’opération défensive ; on gaspilla un temps précieux en de nombreuses et stériles réunions du conseil militaire du front, alors qu’il fallait tout simplement une direction opérationnelle et précise.
Mekhlis a certainement été le grand responsable de la catastrophe de la presqu’île de .Kertch. Il n’a pas été à la hauteur de sa tâche de représentant de la STAVKA ; il n’a pas su faire exécuter à temps l’ordre de repli des forces du front de Crimée sur le rempart turc. En outre, il avait empiété cavalièrement sur les fonctions du commandant du front, l’avait remplacé et avait donné des missions aux diverses forces sans tenir compte de la situation réelle. La STAVKA dut démettre Mekhlis de ses fonctions de commissaire du peuple adjoint à la Défense et de chef du directoire politique principal de l’armée Rouge. Le commandant du front et son « délégué au conseil militaire » furent également limogés et rétrogradés.
Colonel Vassili Morozov Historia magazine 1968
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