lundi 16 janvier 2017, par
Jean Decoux, né à Bordeaux le 5 mai 1884 et mort à Paris le 21 octobre 1963, est un officier de marine français. Vice-amiral d’escadre au début de la Seconde Guerre mondiale il est commandant en chef des forces navales en Extrême-Orient et Gouverneur général de l’Indochine française du 25 juin 1940 au 9 mars 1945.
Jean Decoux naît à Bordeaux le 5 mai 1884 dans une famille originaire de Haute-Savoie. Fils de Michel Decoux et d’Alice Mathéron, il est le puîné de trois enfants. Entré très jeune à l’École navale en 1901, Decoux est promu aspirant de deuxième classe en 1903 puis de première classe l’année suivante, enseigne de vaisseau en 1906, lieutenant de vaisseau en 1913, capitaine de corvette en 1920, capitaine de frégate en 1923, capitaine de vaisseau en 1929 et contre-amiral en 1935. Il est également bientôt nommé à des postes importants, notamment au Secteur de Défense de Toulon en 1938. Il est promu vice-amiral, puis vice-amiral d’escadre en 1939.
Nommé commandant en chef des forces navales en Extrême-Orient, le 13 janvier 1939, par le Président de la République Albert Lebrun, il hisse sa marque de commandement à bord du croiseur La Motte-Picquetn 1 le 12 mai 1939 à Saïgon.
Il est nommé le 25 juin 1940 gouverneur général de l’Indochine française, en remplacement du général Georges Catroux, par décret de Philippe Pétain, devenu quelques jours plus tôt président du conseil de l’éphémère dernier gouvernement de la IIIe Républiquen 2 dans une France alors en plein débâcle. Il ne prend ses fonctions que le 20 juillet après la mise en place du régime de Vichy. Decoux devient alors, selon les mots de l’historien Jean-Baptiste Duroselle, « sous le regard des Japonais et face à 24 millions d’Indochinois, le chef d’une petite France lointaine ».
Ce choix est déterminé principalement par une politique orientée contre toute collaboration avec les forces japonaises. Le général Catroux avait déjà ébauché quelques accords de principe afin d’éviter un conflit immédiat avec le Japon. Les réalités militaires et politiques de la région forcèrent l’amiral Decoux à prendre le même chemin : le 22 septembre 1940, l’invasion japonaise de l’Indochine et la chute de Lạng Sơn, poste frontalier du Tonkin et « verrou de la Chine », l’obligent à laisser les troupes japonaises circuler librement en Indochine.
Cependant, au-delà du statu quo ainsi créé pour maintenir la présence française en Indochine, il devra accepter d’autres exigences japonaises, telles que l’augmentation du nombre de soldats nippons dans la péninsule ou des accords plus avantageux sur les produits exportés (nourriture et minerais).
En 1941, la Thaïlande (ancien Siam), désireuse de reconquérir les anciennes provinces cambodgiennes qu’elle possédait au XVIe siècle, se livre à une série d’agressions le long de sa frontière avec l’Indochine). Pour y mettre fin, Decoux décide de frapper la Thaïlande au moyen d’une offensive et charge l’amiral Jules Terraux et le capitaine de vaisseau Régis Bérenger de cette mission. La victoire navale de Koh Chang, le 17 janvier 1941, la seule remportée par la France, sans le concours de ses alliés, au cours de la Seconde Guerre mondiale, signalera la fin des agressions thaïlandaises. Le Japon intervient, en « médiateur », pour faire signer un armistice aux belligérants, puis un traité. À la suite de négociations de paix ouvertes à Tokyo le 7 février 1941, la France doit céder à la Thaïlande les provinces cambodgiennes de Battambang, Sisophon et Siem Reap et les provinces laotiennes de la rive droite du Mékong (Sayabouri et Champassak). Ce faisant, le Japon s’assure de la collaboration militaire de la Thaïlande.
Sous son autorité se développe le culte du Maréchal et la lutte contre toute forme de relations officielles avec la France libre. La circulaire no 57 CAB du 31 octobre 1940 organise la chasse aux « dissidents », avant d’être durcie par celle du 17 avril 1943 (no 49/S CAB). 110 internements administratifs sont décidés sans jugement ni l’énoncé d’aucune accusation, 197 fonctionnaires français sont radiés, et même 167 Indochinois à la date du 1er octobre 1942. De même, d’après Decoux, repris le 5 juillet 1941 par l’agence de presse ARIP, 132 sanctions disciplinaires ont été prononcées par les seuls services généraux et ceux relevant du gouverneur général. Par ailleurs, les tribunaux militaires prononcent des condamnations sur instruction secrète de Decoux lui-même, et il intervient à plusieurs reprises pour durcir les conditions d’interrogation ou d’internement d’un prisonnier, empêcher son hospitalisation, etc. Le statut des Juifs, décidé par Vichy le 3 octobre 1940 est également appliqué en Indochine par une circulaire du 6 novembre suivant, prenant effet le 20 décembre. 158 personnes, dont 97 civils et 61 militaires sont concernées par la rigueur de la loi et seulement 3 personnes sont exemptées d’après les mesures prévues par les textes législatifs. La même politique est appliquée contre les fonctionnaires francs-maçons - relativement nombreux dans l’enseignement et l’armée - ainsi que les gaullistes. Outre l’impact déstabilisant de telles mesures dans une Indochine sous le regard des Japonais, l’application de ces mesures ne peut se comprendre sans la volonté de Decoux d’afficher sa loyauté au régime de Vichy et de prouver la continuité entre la France et sa lointaine possession asiatique. Cependant, pour la première fois en Indochine des membres de l’élite coloniale blanche sont frappés par des mesures discriminatoires.
En octobre 1940, il monte une expédition pour reconquérir la Nouvelle-Calédonie qui avait opté en septembre pour la France libre après que le gouvernement de Vichy a signé un accord avec le gouvernement japonais autorisant l’envoi de 30 000 « travailleurs japonais avec encadrement de matériel », officiellement pour y extraire les minerais nécessaires à l’industrie japonaise. Il envoie l’Amiral Charner, qui embarque une compagnie d’infanterie coloniale, mais le capitaine Graille, membre de la résistance en Indochine, transmet à Singapour l’information et l’aviso colonial, seulement armé de trois pièces de 138, doit rebrousser chemin quand il aperçoit le croiseur australien Canberra envoyé en travers de sa route au détroit de la Sonde. Peu de temps avant l’arrivée des forces américaines dans ce territoire en mars 1942, l’amiral Decoux et le contre-amiral Bérenger, commandant de la Marine à Saïgon conçoivent le plan d’une opération destinée à en reprendre le contrôle, en collaboration avec les forces aéronavales japonaises. Après un premier câble de Bérenger à Vichy en date du 21 décembre 1941n 4, Decoux télégraphie à son tour au gouvernement le 23 janvier 1942, deux semaines avant la chute de Singapour : « J’estime, avec le Commandant de la Marine que malgré risques de guerre considérablement accrus par une insuffisance de moyens, opération doit être tentée dès que la zone d’action du Japon se rapprochera de Nouvelle-Calédonie », à quoi il lui est répondu : « Nous serions de ce fait considérés comme des belligérants ». Le 28 janvier suivant, il propose de « constituer dès le 1er février une division navale d’Indochine qui serait à [sa] disposition en tant que Haut Commissaire de la France dans le Pacifique », avant de préciser, le 3 février : « Nous ne pouvons en effet espérer y envoyer et maintenir nos seules forces avant qu’une couverture protège les communications et qu’un appui indirect ne leur soit assuré par les forces japonaises ».
En 1943, Decoux prend contact avec le Comité français de la Libération nationale d’Alger mais, son pétainisme le disqualifiant, il n’est pas envisagé comme chef des réseaux de résistance contre les Japonais : de Gaulle lui préfère le chef de l’armée française en Indochine, le général Mordant. Après la chute du régime de Vichy en Europe, Decoux prend les pleins pouvoirs, comme il le prévoyait « en cas de rupture des communications avec la métropole ». Il reconnaît l’autorité du Gouvernement provisoire de la République française (GPRF), et envoie des messages conseillant la prudence, qui ne reçoivent pas de réponse. En octobre 1944, Decoux découvre le rôle de Mordant comme émissaire clandestin du GPRF et menace de démissionner si les pleins pouvoirs ne lui sont pas confirmés. François de Langlade, émissaire du GPRF en Inde, est parachuté en Indochine, et ordonne à Decoux de demeurer à son poste et de nommer Mordant inspecteur général afin de fournir une couverture à ses activités. L’Indochine vit alors, durant quelques mois, sous un système bicéphale de fait, Mordant tenant Decoux en défiance et se considérant comme le vrai patron du territoire.
Par crainte d’un retournement de situation en leur défaveur, les troupes japonaises mettent fin à l’autorité française le 9 mars 1945 par un coup de force sans véritable ultimatum. Seul un « aide-mémoire », émanant du commandement des forces impériales japonaises, est présenté à l’amiral par l’ambassadeur Matsumoto à 19 h pour être rendu, signé ou non, à 21 h. Ce document demande l’accord du gouverneur général Decoux pour que l’ensemble de l’administration de l’Indochine passe sous l’autorité unique de l’armée Japonaise. L’amiral, jugeant ces conditions inacceptables, refuse de donner son accord. Une décision qui lui vaut d’être interné à Loc Ninh en Cochinchine, avec une vingtaine de personnes de son entourage, jusqu’à la capitulation nipponne de septembre 1945.
Le général de Gaulle reproche à Decoux d’avoir collaboré avec les Japonais. Decoux tente en vain de négocier avec Jean Cédile, envoyé du GPRF, pour continuer d’assurer l’intérim en Indochine mais, le 1er octobre, il est ramené en France, pour y être traduit devant la Haute Cour de justice. Il est gardé à vue pendant plusieurs mois à l’hôpital militaire du Val-de-Grâce. Les diverses accusations portées contre lui ayant toutes été reconnues comme sans objet, il bénéficie finalement d’un non-lieu en 1949.
Jean Decoux avait été élevé à la dignité de Grand-officier de la Légion d’honneur par arrêté du 5 septembre 1941.
Il décède à Paris en 1963 et a été enterré à Annecy.
Une rue à Bétheny, dans la Marne, honore la mémoire de l’amiral Decoux dans un quartier aux noms de marins illustres.
Les marins français avaient surnommé l’amiral Decoux, « pan pan » (deux coups).
Jean Decoux est l’auteur de plusieurs ouvrages et articles :
« Le coup de force du 9 mars », dans la Revue des deux Mondes, 15 juillet 1949
À la barre de l’Indochine, Plon, Paris, 1950 ; réédition Soukha Éditions, mars 2013 [archive] (ISBN 978-2919122523)
Sillages dans les mers du Sud, Plon, Paris, 1953, 400 pages
sources wikipedia
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