samedi 31 mars 2007, par
Avant l’attaque de Pearl Harbor, le rapport des forces navales dans le Pacifique n’était que très légèrement en faveur du Japon : 1 1 cuirassés japonais contre 1 0 alliés, 1 1 porte-avions contre 4, 34 croiseurs contre 35, 110 destroyers contre 90. Au printemps de 1944, cet écart s’est considérablement creusé : la marine impériale aligne 11 cuirassés contre 0, 10 porte-avions contre 3, 25 croiseurs contre 8, 70 destroyers contre 14. Maîtres des mers, les Japonais le sont aussi des airs (grâce à leur aviation embarquée et à l’excellente qualité de leurs chasseurs) ainsi que des terres, puisqu’en plus des pays continentaux et des grandes iles du Sud-Est asiatique leur " périmètre défensif" englobe les îlots Guam et Wake, les îles Marshall et Mariannes et l’archipel Bismarck.
Réduits à la défensive, les Américains ont divisé les restes de leur flotte du Pacifique en 2 Task forces (forces de raid). La direction des opérations combinées de reconquête du sud-est asiatique a été confiée au général MacArthur, l’amiral Chester Nimitz étant responsable de la flotte et des opérations navales dans tout le Pacifique. A la mi-avril, une formation de B-25 des porte-avions Hornet etEnterprise bombarde Tokyo et 2 villes japonaises en plein jour, puis atterrit tant bien que mal en Chine. Les destructions sont peu importantes, l’opération est plus un " coup de bluff " qu’une réelle tentative de passer à l’offensive, mais elle prend pour les 2 camps valeur de symbole. Du côté américain, elle remonte le moral des combattants et de l’arrière, durement éprouvé après les défaites de Pearl Harbor et Bataan. Du côté japonais, elle frappe de stupeur l’opinion publique, persuadée par la propagande officielle que tous les ennemis du Japon ont été terrassés par ses vaillantes armées, et dissipe les illusions de l’état-major impérial, qui comprend enfin, après s’être laissé enivrer par ses victoires, que la vraie guerre vient seulement de commencer.L’amiral Yamamoto, qui a inspiré le raid sur Pearl Harbor, comprend mieux que tout autre que l’attaque a été un échec politique et militaire. Se replier sur les territoires conquis, en laissant à l’US Navy le temps de se remettre du coup reçu serait une grave erreur. Pour vaincre les Etats-Unis avant que leur formidable puissance économique leur ait permis de redresser la situation, il faut contraindre leur flotte à livrer combat, lui opposer le gros de la marine impériale et l’écraser en une seule bataille.
Ainsi naît l’idée d’une attaque contre Midway : Perdue au centre du Pacifique, la petite ile de Midway (dont le nom signifie à mi-chemin) permettrait aux Japonais, s’ils pouvaient s’en rendre maîtres, de menacer directement les iles Hawaii et la côte ouest des États-Unis.Logiquement - et c’est bien ce qu’espère Yamamoto - les Américains lanceront donc toutes leurs forces dans la défense de Midway. Une opération de diversion menaçant les Aléoutiennes, dans le Pacifique Nord,’permettra ensuite de les diviser, en éloignant un ou deux portes avions, et de terminer en une journée l’œuvre destruction commencée à Pearl Harbor.Le plan de Yamamoto est excellent, l’occasion est on ne peut plus favorable à la fin mois d’avril, mais l’état-major impérial la laisse passer en décidant de lancer au préalable l’opération Mo, destinée à régler le problème la Nouvelle-Guinée. Les troupes japonaise ont en effet pris pied sur la côte nord Nouvelle-Bretagne, en Nouvelle-irlande une partie des Salomon.
La prise de Tugali (Salomon) et surtout de Port Moresby sur côte sud de la Nouvelle-Guinée, leur ouvrirait route de l’Australie et contraindrait les Américains à abandonner tout le sud-Ouest Pacifique. A la fin du mois d’avril, la force de frappe de l’amiral Inoye se dirige ver la mer de corail. Elle comprend 3 portes avions emportant 180 appareils, et 6 croiseurs. La flotte américaine défendant la Mer de Corail se compose de 2 porte-avions, emportant 121 appareils, et de 7 croiseurs. La bataille qui se prépare opposera donc des adversaires de puissance à peu près égale, la légère infériorité de la flotte américaine étant compensée par le fait que les services spécialisés de la Navy sont en mesure de déchiffrer tous les messages de la marine impériale. Le 3 mai, les Japonais prennent Tulagi, puis contournent les iles Salomon par l’ouest. Le 6, alors que Corregidor vient de capituler, les 2 escadres ennemies sont dans la mer de Corail, chacune cherchant en vain à repérer l’autre. Le 7, la chasse japonaise bombarde un pétrolier américain et son escorteur - qu’elle a pris pour un porte-avion et un croiseur cependant que la chasse américaine, croyant avoir affaire à la force d’invasion de Port Moresby, se heurte à la force de couverture de l’escadre japonaise et coule le porte-avions léger Shoho.
La Bataille de la mer de Corail commence le 8 au matin. Les chasses adverses se cherchent dans les nuages, quadrillent la mer de Corail, repèrent et attaquent les porte-avions. Atteint par 3 bombes, le Shokaku perd une partie de ses appareils et doit abandonner le combat. Les pertes en avions s’équilibrent (74 pour les Américains, 80 pour les Japonais), mais 2 porte-avions américains sont touchés : le Lexington est coulé ; leYorktown, que les Japonais croient avoir détruit, sera réparé 2 jours plus tard. Au soir du 8, la flotte japonaise se retire. Du point de vue tactique, elle a remporté une nouvelle victoire, puisque le rapport des forces en présence est plus que jamais en faveur du Japon (c’est d’ailleurs ainsi que la nouvelle sera annoncée à Tokyo). Mais du point de vue stratégique, l’échec japonais est évident : Inouye a dû renoncer à prendre Port Moresby et battre en retraite devant une task force américaine, détruisant ainsi le mythe - établi depuis 3 mois - de l’invincibilité de la marine impériale. Si la Bataille de la mer de Corail marque la fin des victoires japonaises, ou du moins le début du redressement américain, elle est également importante, dans l’évolution de la guerre, parce qu’elle est le premier engagement " au-delà de l’horizon " : les deux escadres se sont rencontrées sans s’approcher, les bâtiments engagés demeurant distants de30 à 150 km les uns des autres.
Meme si elle ne se présente plus sous les meilleurs auspices - 2 porte-avions japonais ont dû regagner leurs bases, et les Américains ont eu le temps de renforcer les défenses de l’ile - l’attaque contre Midway peut encore renverser la situation. La flotte japonaise, entièrement mobilisée pour la circonstance, rassemble 200 bâtiments, emportant 600 avions, auxquels l’amiral Nimitz ne peut opposer que 76 navires et un peu plus de 300 avions. Yamamoto, bien décidé à porter un coup mortel à la flotte américaine, a divisé ses forces de manière à leur conférer le maximum d’efficacité : plusieurs escadres, dont une force de raid comprenant 2 porte-avions légers, doivent attaquer les Aléoutiennes - et obliger en principe les porte-avions américains à remonter vers le nord pour tenter de les intercepter ;
l’attaque contre Midway doit être menée conjointement par une flotte d’invasion (5 000 hommes) venue de Saipan, et la force de raid (porte-avions,4,kagi, Kaga, Hiryu, Soryu) de l’amiral Nagumo, chargée de neutraliser la flotte américaine et de détruire les défenses de lire ; à leur arrivée sur les lieux, les secours américains (flotte de Pearl Harbor) doivent être attaqués simultanément par la flotte de Nagumo et par l’escadre principale - 7 croiseurs de bataille et un porte-avions léger - commandée par l’amiral Yamamoto en personne. Le plan japonais a plusieurs points faibles. En premier lieu, l’État-Major impérial est persuadé que les Américains n’ont plus que 2 porte avions (ce qui est inexact, puisque le Yorktown a été réparé), et que ceux-ci quitteront Pearl Harbor pour remonter vers le nord dès que l’attaque contre les Aléoutiennes aura été déclenchée. De ce fait, ignorant que leurs messages peuvent être décodés , les japonais n’ont prévus aucun plan de rechange .
En second lieu, Yamamoto n’a pas tiré les lessons de la bataille "au delà de l’horizon" de la mer de corail, compte régler le sort de la flotte américaine au moyen d’un engagement classique, dans le plus pur style de la guerre maritime traditionnelle
Prisonnier de cette conception, il a disséminer ses porte-avions n’en laissant que 4 (sur 8) à la disposition de Nagumo.
La flotte japonaise se met en route le 25 mai. L’assaut contre les Aléoutiennes se déroule sans problèmes : Dutch Harbor est bombardé le 3 juin ; le 7, sans avoir rencontrer de réelle résistance, les troupes japonaises prendront les iles Kiska et Attu. Mais les Américains, dûment informés des mouvements des navires japonais, ne sont pas tombés dans le piège.
Peter Young - La deuxieme guerre mondiale - France Loisirs (1980)
Pour participer à ce forum, vous devez vous enregistrer au préalable. Merci d’indiquer ci-dessous l’identifiant personnel qui vous a été fourni. Si vous n’êtes pas enregistré, vous devez vous inscrire.
Derniers commentaires
par ZIELINSKI Richard
par Kiyo
par Marc
par Marc
par Marc
par Marc
par vikings76
par Marie
par philou412
par Gueherec