mercredi 13 février 2019, par
Satan, le Diable, Lucifer, Belzébuth ou encore le Malin, autant de noms que d’aspects dans lesquels on retrouve le représentant du Mal absolu. Dans une société dirigée par l’Eglise et la traque du Mal, la méfiance s’empare de la population qui voit Satan partout : il représente la tentation qui détourne les croyants du bien suprême. Sa présence se manifeste notamment par l’usage de philtres magiques, d’incantations, de sortilège, la pratique de l’avortement et la désobéissance aux lois divines. La plus évidente se trouve dans les pouvoirs des sorciers et sorcières : ils ne peuvent provenir que de Satan, qui professe le désespoir du malheur et offre en compensation à ses suppôts le bonheur matériel, l’honneur, la richesse et le plaisir charnel.
Le Sabbat, ou le culte du Diable, dans lequel les pratiquants se donnent à Satan leur unique commandant, est considéré comme le paroxysme de l’Hérésie par l’Eglise catholique romaine. En effet, le culte qui devrait être rendu à Dieu est détourné au profit du diable. Ses partisans traitent de la mort, pactisent avec l’enfer, enferment des démons dans certains objets, interrogent et obtiennent des réponses des démons. Il existe deux sortes de Sabbats : le Sabbat ordinaire se déroule la nuit du vendredi au samedi et rassemble les sorcière du voisinage. Le Sabbat œcuménique a lieu trois à quatre fois par ans : il regroupe l’ensemble des sorcières venant de partout. Elles s’y rendent en volant sur un balai ou avec un animal « diabolique ». La nuit, associée aux ténèbres selon les croyances et par conséquent étroitement liée au Mal, la cérémonie a lieu à minuit dans un lieu isolé, comme par exemple un cimetière, le sommet d’une montagne ou à la croisée d’un chemin.
La célébration comprend en premier lieu un hommage au diable sous la forme d’incantations ou d’infanticide. Lorsque le tonnerre retentit et qu’arrive la lumière de l’éclair, le nom du Christ est vomi dans le cercle du mal dessiné sur le sol. Puis suivent des paroles blasphématoires, ainsi que le piétinement des hosties et la rupture d’un crucifix. Après avoir énuméré les Maleficia [1] accomplis, les sorciers et sorcières préparent des potions maléfiques, puis passent à table devant un banquet composé de pain noir, de charognes, de bouillies de chaire humaine et des cœurs d’enfants non baptisés. Des danses obscènes sont exécutées, ainsi que de traditionnelles orgies sexuelles (incestes directs ou spirituels) avant de se séparer et de se promettre l’accomplissement de davantage de Maleficia, jurés sur le sang d’un nouveau-né fraîchement égorgé.
Comme Satan enregistre ses adeptes dans l’état civil de l’enfer, ses adeptes promettent de recruter hommes ou femmes pour agrandir la secte démoniaque. L’alliance est scellée par la « marque du diable » que Satan grave de sa griffe sur le corps du partisan : cette partie du corps appartient dès lors au Malin, et devient par conséquent insensible à la douleur.
Sources : OBADIA, Lionel, La sorcellerie, Paris : le Cavalier bleu, 2005
MAXWELL-STUART, Peter G., La sorcellerie et son histoire, trad. de l’anglais par Anne Boudrot, Saint-Cyr-sur-Loire : A. Sutton, 2005
GOOSENS, Aline, « Législation contre l’hérésie et répression de la sorcellerie », in Revue du Nord, 2012
DELUMEAU, Jean, La Peur en Occident : Une cité assiégée (XIVe-XVIIe siècle), Paris, Fayard, 1978
Image : http://www.chouette-noire.com/sorcellerie/Sabbat.htm
[1] Maleficium, -ii, n. : mauvaise action, méfait
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