dimanche 16 juillet 2017, par
La dictature de 1923 s’appuyait sur l’armée. Les militaires étaient contre la République, contrairement aux soldats russes qui changèrent de camp en 1917. Avec la menace de l’Internationale Socialiste, les Républicains devinrent dangereux car ils étaient communistes. Que s’est-il passé en 1936 pour que l’Espagne soit en guerre ? Quelle était cette instabilité politique ? La guerre civile opposa les Républicains et les Franquistes durant trois ans.
https://www.olyarte.com/en/guernica-s-painting-10-009/
En 1814, Ferdinand VII instaure l’absolutisme en Espagne. Ce régime dure jusqu’au 11 février 1873, jour durant lequel la 1re République est proclamée après l’abdication d’Amédée. La monarchie est de retour. C’est pourtant sous la dictature du général Miguel Primo de Rivera que l’Espagne, entre 1923 et 1930, sera dirigée. Le 14 avril 1931, la 2e République est proclamée. Elle met un terme au règne d’Alphonse XIII, car la victoire est pour les Républicains.
Cinq ans plus tard, le 16 février, l’Espagne assiste à la défaite du front national face au front populaire suite aux élections. Les Socialistes et les Communistes adhèrent au nouveau gouvernement, mais la droite, se sentant en danger, s’allie à l’extrême droite afin de « contester les réformes de gauche ». La gauche réagit et se met en grève, celle contre laquelle le général Franco conduira l’événement déclencheur de ce conflit civile : suite à l’assassinat de José Calvo Stelo le 13 juillet, un politicien de droite, Franco se décide à prendre part au mouvement insurrectionnel contre le nouveau gouvernement républicain. L’insurrection est prévue pour le 17 juillet.
Escorté par ses garnisons venues du Maroc, Franco débarque en Espagne par le bas. Il a pour but celui de détrôner d’un coup le gouvernement désormais au pouvoir. La majeure partie de l’armée reste fidèle au gouvernement ; les rebelles sont les Nationalistes, ceux qui suivent Franco et l’insurrection. Celle-ci cherche à conquérir la plus grande partie possible du territoire durant trois jours. Pourtant, heurtés par la résistante populaire, les grandes villes leurs échappent, et restent du côté des Républicains. L’Espagne se voit divisée en deux camps.
L’Espagne est séparée en deux zones : d’un côté les Républicains, possédant les grandes villes et les régions les plus riches. De l’autre les Franquistes, qui compensent le terrain en hommes et en armement, puisqu’ils bénéficient de l’aide des Allemands et des Italiens. Les Franquistes sont appelés Nationalistes, car ils souhaitent une autre nation. Durant trois années, de 1936 à 1939, les deux camps s’affrontent. Les civils se battent, les femmes prennent également part aux combats pour la première fois. Francisco Largo Caballero, marxiste, entraîne son parti vers la voie révolutionnaire avec, en tête, la révolution russe et la victoire du bolchevisme.
Du côté de la gauche, les Communistes font tout pour rassembler les Anarchistes et les Socialistes qui ne cessent de rivaliser, pour que leurs forces s’unissent. D’une autre part, la gauche bourgeoise suit le président Azania, et Indalecio Prieto conduit les socialistes indépendants au POUM (Parti Ouvrier d’Unification Marxiste). En mai 1937, les Républicains écrasent les Nationalistes par les armes. Sur le modèle russe, les villes se remplissent de Tcheka, et les tortures agissent aussi fort que sur le sol russe, à tel point que les Communistes deviennent hostiles à l’égard des Républicains.
Les mineurs de gauche résistent aux assauts de l’armée, jusqu’à l’intervention d’unités marocaines menées par Franco. Après deux semaines de combat, les Marxistes sont vaincus.
La France de 1936 est socialiste, et le front populaire se trouve déchiré. L’Angleterre prône la non intervention, car sa crainte concerne l’engagement de l’URSS, Hitler et Mussolini. Pourtant, ces trois puissances seront les plus présentes dans le conflit civil. C’est la raison pour laquelle des militants de gauche provenant de tous les pays viendront rejoindre spontanément les Républicains dans les combats. La crainte reste : « Il ne faut pas fâcher Hitler ! » car cela reviendrait à rentrer dans une nouvelle guerre. Malgré l’aide reçue du côté des Républicains, l’Italie fasciste est tout aussi efficace chez les Nationalistes et elle occupe progressivement toute l’Espagne.
En Suisse particulièrement, la volonté de partir se battre aux côtés des Républicains est mal vue, car cet élan est interprété par une proximité avec les Communistes, et donc revient à se placer dans la ligne de tire d’Hitler et de Mussolini.
Dès le début de la guerre, l’Allemagne et l’Italie s’engagent auprès des Franquistes. Ayant toutes deux des visées stratégiques, l’Allemagne se montre particulièrement généreuse, et dote l’Espagne notamment d’avions de combat. Le but d’Hitler est de former les officiers allemands en leur présentant cette guerre comme un entraînement à ce que sera la seconde guerre mondiale. L’Allemagne teste ses tactiques sur les villages des Républicains et se prépare au mieux à la Blitzkrieg, qui permettra l’annexion de la Pologne en 39 et l’occupation de la France en 40.
De 1919 à 1922, l’Espagne est le seul pays à adhérer aux idées bolcheviques. Les paysans et les ouvriers voient l’Internationale Socialiste comme une libération, et c’est la raison pour laquelle de nombreux Espagnols deviennent à leur tour communistes. Ils sont les seuls en Europe à créer des Soviets
Durant la guerre civile, l’Union Soviétique se place du côté des Républicains. Elle leur fournit des armes, des chars ou des avions, voire même des hommes, afin de les voir gagner le combat. Elle est l’alliée primordiale des Républicains espagnoles, qui voient la menace de Mussolini en Italie fasciste. Pourtant, l’URSS combat « autant les Anarchistes et les Trotskistes que les Franquistes ».
La victoire des Nationalistes est célébrée le 28 mars 1939. Madrid voit défiler les Franquistes devant le prochain dictateur du pays, le général Franco. La République démocratique de 1931 prend fin, et les exécutions se multiplient, en accord avec le régime autoritaire mis en place sur le modèle de l’Italie fasciste. Trois jours après la victoire des insurgés, l’Espagne entière est contrôlée par Franco.
La dictature du général durera plus de trente ans. Le premier octobre 1936, il avait été nommé le chef du gouvernement de l’Etat espagnol, et trois ans plus tard, il « jouit d’un pouvoir absolu ». Nous parlerons peu des disparitions d’enfants, ceux des Républicains emprisonnés et dont les enfants sont placés dans des familles nationalistes. Toute trace sera soigneusement effacée.
Le 20 novembre 1975, Franco décède, et Juan Carlos I lui succède. Picasso peut alors exposer Guernica, la cicatrice de la guerre d’Espagne, la dénonciation de la dictature franquiste, qui aura conduit le peintre à conserver ce tableau aux Etats-Unis jusqu’à la fin du pouvoir de Franco.
SOURCES : Les collections de l’Histoire n°31 article : La tragédie espagnole et Chronologie
Manuel d’Histoire critique, article : En Espagne, de la révolution sociale à la guerre civile
Pour participer à ce forum, vous devez vous enregistrer au préalable. Merci d’indiquer ci-dessous l’identifiant personnel qui vous a été fourni. Si vous n’êtes pas enregistré, vous devez vous inscrire.
Derniers commentaires
par ZIELINSKI Richard
par Kiyo
par Marc
par Marc
par Marc
par Marc
par vikings76
par Marie
par philou412
par Gueherec