jeudi 26 janvier 2017, par
(Marie Paul Joseph Gilbert Motier, marquis de)
(Château de Chavaniac, Auvergne, 1757 Paris, 1834.) Général et homme politique.
Issu d’une famille noble d’Auvergne, le futur « Héros des deux mondes » se retrouve, dès l’âge de deux ans, orphelin de père, celui-ci, colonel aux grenadiers de France, s’étant fait tuer au cours de la bataille de Minden, en Westphalie, le ler août 1759.
A 11 ans, le jeune homme est envoyé par sa mère au collège du Plessis, à Paris, avant d’entrer en 1771 dans la 2e compagnie de mousquetaires, et deux ans plus tard au régiment de Noailles, avec le grade de sous-lieutenant. En 1774, La Fayette se marie avec la très jeune Marie Adrienne Françoise de Noailles (seconde fille du duc d’Ayen), ce qui lui permet d’être introduit à la cour de Versailles et doté de quelque rang.
Mais, est-ce maladresse ou expression d’un tempérament fougueux, la vie de cour ne lui plait guère ; la possibilité d’étancher sa grande soif de liberté lui est d’ailleurs offerte en 1775 avec l’annonce, en Europe, du début de la guerre d’Indépendance américaine.
Dès lors, tant la cause des Insurgents que la possibilité de partir en guerre contre l’Angleterre, ennemi héréditaire de la France, poussent La Fayette à déployer une énergie farouche pour entrer en contact avec Benjamin Franklin, sans éveiller les soupçons de sa famille, hostile à ses projets. Et, malgré les lettres de cachet sollicitées par les siens afin de l’empêcher de se rendre en Amérique, l’intrépide La Fayette parvient à s’embarquer, le 26 avril 1777, et arrive à Georgetown le 15 juin.
Après avoir reçu du Congrès américain le grade de major général, il est l’hôte de George Washington le 31 juillet suivant. De la rencontre de ces deux hommes exceptionnels naîtra immédiatement une amitié profonde et sincère que le temps ne pourra altérer.
La Fayette participe à la bataille de Brandywine, au cours de laquelle il est blessé puis
reçoit, à la fin de l’année 1777, le commandement des troupes de Virginie. Le bouillant général se distingue encore à la bataille de Monmouth (28 juin 1778) et prend part à plusieurs engagements militaires dont l’heureux dénouement tiendra, en grande partie, à sa perspicacité. Ces brillants succès lui valent, tout naturellement, les chaleureuses félicitations du Congrès, ainsi qu’un accueil triomphal lors de son retour en France, au printemps de 1779.
Dès ce moment, La Fayette oeuvre pour que son pays intervienne aux côtés des armées américaines et obtient, en définitive, qu’un corps d’environ 6 000 hommes, commandé par le général Rochambeau, soit envoyé outre-Atlantique. Ayant devancé le corps expéditionnaire français de quelques jours, La Fayette prépare le plan des opérations et mène avec le célèbre général, une campagne qui oblige Cornwallis, encerclé dans Yorktown, à capituler le 17 octobre 1781. Cette victoire devait aboutir, ni plus ni moins, à l’indépendance des Etats-Unis.
La Fayette, rentré en France au mois de janvier 1785, apparait comme l’instigateur de cette liberté conquise de haute lutte. C’est à ce titre, qu’apres avoir parcouru l’Europe entière, rencontrant notamment Frédéric II et Joseph II, il entame avec son ami Washington une correspondance nourrie et passionnante. Puis, ami de Necker, La Fayette se trouve être au nombre de ceux qui composent l’Assemblée des notables en février 1787 ; mais les idées avancées qu’il y exprime lui valent quelques froideurs de la part des membres influents de l’entourage royal. La Fayette décide alors de reprendre du service et obtient, au mois d’octobre 1788, le commandement d’une brigade d’infanterie. Toutefois, pour avoir pris fait et cause contre les édits Lamoignon*, il se voit retirer ses lettres de service (15 juillet 1788), mais est élu au mois de mars 1789 député de la noblesse de la sénéchaussée de Riom aux États généraux.
Dès lors, l’esprit libéral de cet illustre franc-maçon va pouvoir s’épancher librement. Après avoir créé avec Brissot la Société des amis des Noirs, destinée à lutter contre l’esclavage, il présente, le 11 juillet, un projet de. Déclaration européenne des Droits de l’homme et du citoyen. Il est nommé, le 13, vice-président de l’Assemblée, et, le 15, commandant de la garde* nationale de Paris. Comme il veut démissionner de ce poste à l’annonce du meurtre de Foulon et Denier, on le supplie de rester, et il accepte finalement de continuer à remplir ses fonctions. Le surlendemain, 17 juillet, ’La Fayette propose à ses troupes le port d’une cocarde tricolore — le bleu et le rouge de la ville de Paris ceignant le blanc de la royauté — en s’exclamant : « Je vous apporte une cocarde qui fera le tour du monde ! »
Mais celui que Mirabeau appelait avec dédain « Gilles César » doit faire face à de terribles difficultés. Après avoir cc défendu » le château de Versailles lors des journées d’Octobre 1789, il fonde, le 12 mai 1790, la Société de 1789 et prête, à la fête de la Fédération (14 juillet 1790), serment de fidélité à la Nation, à la Loi et au Roi. Toutefois, celui qui était de plus en plus, et sans doute à tort, considéré comme l’homme de la Cour, voit son étoile se ternir et son rêve d’être le Washington français se dissiper. L’estocade politique lui est donnée, malgré ses ordres pour faire arrêter le roi, à l’annonce de la « fuite de Varennes* ». Lieutenant général à la fin du mois de juin 1791, il réprime sévèrement la manifestation du Champ-de-Mars (17 juillet), faisant tirer sur le peuple, et devra donner sa démission au moment de la séparation de l’Assemblée constituante (8 octobre 1791).
La Fayette, à qui est proposé le fauteuil de maire de Paris, préfère se retirer en Auvergne mais on lui confie, dès la fin de cette même année, le commandement de l’armée du Centre. Après avoir pris publiquement et avec beaucoup de courage la défense du trône, au lendemain des journées de Juin et d’Août 1792, l’impavide général passe la frontière, avec plusieurs membres de son état-major, mais tombe aux mains des puissances ennemies qui, le considérant comme l’un des instigateurs de la Révolution, l’emprisonnent en divers lieux, avant de l’incarcérer, selon un régime pénitentiaire d’une rigueur extrême, à la forteresse d’Olmütz en Moravie. La Fayette restera cinq ans dans sa geôle. Sa femme, l’héroïque Adrienne, et ses deux filles viendront partager sa dure captivité. Ce n’est que par une disposition expresse du traité de Campoformio (1797) qu’il recouvrera la liberté.
Ayant parcouru les Pays-Bas durant plusieurs semaines, le général revient en France à l’annonce du coup d’État du 18-Brumaire, refuse le poste d’ambassadeur aux États-Unis et se retire dans son domaine de La Roche-Blesneau en Seine-et-Marne, d’où il assiste, nanti de 6 000 francs de rente, a l’épopée impériale. Mais la première abdication le plonge de nouveau dans la vie publique.
Après avoir soutenu Louis XVIII, lors de la Première Restauration, il épouse, à l’annonce du retour de l’île d’Elbe, la cause de l’Empereur, celle-ci lui apparaissant comme étant la meilleure pour la France. Son ralliement lui vaut un siège de député en Seine-et-Marne, le 10 mai 1815, et celui de vice-président de l’Assemblée. Toutefois, il est de ceux qui contribueront à la déchéance du vaincu de Waterloo, le 22 juin 1815.
Cette attitude versatile ne l’empêche pas d’obtenir de la part du gouvernement provisoire le poste de commissaire près le quartier général des alliés et de parler, dans l’exercice de ses fonctions, le langage de l’intérêt réel et durable de son pays. La Fayette se retrouve député de la Sarthe, en 1818, et réaffirme à la tribune ses conceptions fondamentales des libertés de l’individu. Membre de la Charbonnerie, il est battu aux élections de 1824 et retourne aux États-Unis où il est reçu avec tous les égards dus à l’homme qui a permis de libérer le pays.
De retour en France durant l’automne 1825, La Fayette est une nouvelle fois élu député de Seine-et-Marne en 1827 puis, après la révolution des Trois Glorieuses, il reçoit le commandement de la garde nationale mais démissionne peu de temps après, à la suite d’un différend intervenu entre lui et le roi Louis-Philippe. Réélu au mois de décembre 1830 député de Seine-et-Marne, il contribue à défendre les causes dictées par la justice, la liberté et la dignité de l’homme, lors de l’affaire de Pologne notamment, mais, au mois de mai 1834, cet être exceptionnel, qui avait su garder toute sa vie l’enthousiasme romantique de ses idées de jeunesse, meurt à Paris où il est inhumé au cimetière de Picpus.
Sources : Dictionnaire de l’histoire de France Perrin sous la direction de Alain Decaux et André Castelot .ed Perrin 1981
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