jeudi 5 avril 2007, par
Les fondateurs de Sainte-Marie-des-Allemands envisageaient-ils un si cruel destin pour une milice chargée simplement de protéger les pèlerins compatriotes ? La moisson de chair et de sang semble terminée et l’Ordre de nouveau rendu à son action hospitalière. Les Grands-Maîtres n’ont plus le droit de vie et de mort sur leurs sujets. Entre-temps, que de souffrances endurées dans l’Ordre et par l’Ordre pour accomplir un destin tragique et fabuleux à la fois.
Tout débuta en 1128, quand plusieurs Allemands de la ville de Brême, soutenus par Étienne, patriarche de Jérusalem, fondèrent dans cette ville un hôpital pour accueillir et protéger les pèlerins de même origine.
Bénéficiant de la jeune expérience des deux autres ordres, cette communauté fut aussitôt militaire comme le Temple, mais aussi hospitalière : placée tout d’abord sous l’autorité des hospitaliers de Saint-Jean-de-Jérusalem, elle prendra son indépendance à la chute de la Ville sainte.
Plusieurs confréries chevaleresques seront fondées au temps des croisades, Saint-Lazare-de-Jérusalem,
Saint-Martin des Bretons et des Tourangeaux, Saint-Thomas-d Acre pour les Anglais, le Saint-Sépulcre, Saint-Laurent des Italiens, Saint-Jean-l’Aumônier, Montjoie, Sainte-Trinité des captifs. Sainte-Marie-des-Allemands, dirigée par Henri Walpot, son premier Maître, est reconnue dès 1190 et devient une puissance impressionnante avec deux mille chevaliers sous l’impulsion du quatrième Maître, Herman de Salza.
Ils sont aidés en cela par un soutien de taille, l’empereur germanique Frédéric II de Hohenstaufen, lors de la sixième croisade. Celui-ci est excommunié par le pape Grégoire IX, en 1227, qui lui conseille de partir en Terre sainte avant de le regretter bientôt. Mis à l’index par les différents ordres de Terre sainte, ce dernier se retrouve avec un seul allié, celui de ses sujets, le teutonique.
Il attaque avec eux en 1228, le couvent des Templiers à Acre et même le Château-Pèlerin. Au cours de tractations secrètes avec le sultan el-Kamil, l’empereur obtient la restitution de la plupart des lieux saints mais oublie dans le lot l’esplanade du Temple si cher aux Templiers.
Sa hardiesse le pousse à se couronner lui-même roi de Jérusalem en présence des Teutoniques et la proclamation est lue par le Grand-Maître von Salza en personne.
C’en était trop et les autres ordres de chevalerie vont tout faire pour réduire l’influence de Sainte-Marie des-Allemands qui va choisir un autre territoire à sa mesure. Il faut dire que les chevaliers Teutoniques n’ont jamais eu de grandes possessions en Palestine.
En dehors d’Acre, Montfort, appelé aussi Franc-Château, fut le seul nid d’aigle construit par eux. Cette forteresse renfermait également le trésor et les archives de l’Ordre. Ils possédaient quand même de nombreux casaux et fermes autour d’Acre, de Bethsan et du lac de Tibériade, mais vraiment rien de comparable avec le Temple ou l’Hôpital. Sainte-Marie-des-Teutons eut une activité financière et commerciale aussi importante que celle du Temple.
Les Teutoniques n’oublient pas leur origine et font passer la Terre sainte au second plan de leur préoccupation. Trente ans à peine après leur création, ils privilégient leur implantation en Europe orientale et découpent leur territoire en quatre provinces : Terre sainte, Prusse,
Livonie et Allemagne. L’occasion leur est offerte par Conrad de Pologne en difficulté qui leur demande de l’aider à combattre les Boruses.
Ils s’implantent en Europe orientale et vont se tailler sans pitié pour leurs ennemis un véritable empire, annexant au passage les chevaliers Porte-Glaive, de Dobrin et de Thymau. La résistance sera terrible et Alexandre Nevski les écrasera à la fameuse "bataille des glaces" en 1242, comme l’a montré avec grandiloquence Eisenstein dans son film.
Mais qu’est-ce qui différenciait les chevaliers Teutoniques de ceux du Temple ? D’abord, il fallait être sujet du Saint-Empire pour prétendre y entrer. Par la suite, le chevalier Teutonique était armé de toutes pièces en entrant dans l’Ordre. On lui remettait le casque, la cuirasse, le haubert ou cotte de mailles, les brassards, les gantelets, les cuissards, les grèves des jambes ou les devants des bottines, les armures des pieds, le bouclier et la cotte d’armes décorée de deux croix de l’Ordre, l’une sur la poitrine et l’autre sur le dos, tenant la longueur et la largeur de la cotte, blanche avec la croix noire pour les chevaliers, grise avec la même croix pour les servants d’armes.
Ils reçurent le manteau blanc sous Honorius III et Grégoire IX y ajouta le port de la croix noire cousue sur le côté gauche en mémoire de leur habit noir du début. S’ajoutaient la lance, l’épée, la masse d’armes, la dague, le javelot, la demi-pique et la hache d’armes. Le chevalier ne pouvait être adoubé qu’après dix ans de service : c’est ce qu’on appelait "recevoir l’Ordo" ; obligatoire pour faire partie du Grand Ordre qui pratiquait des rituels secrets de confraternité. Selon la formule, le chevalier adoubé par le plat de l’épée sur le heaume après le chapitre du matin ne s’appartenait plus ; il n’était pas membre de l’Ordre mais incarnait à lui seul l’Ordre, observant la règle de Saint-Augustin. La discipline était beaucoup plus dure que chez les autres ordres.
On y restait jusqu’à sa mort et, en cas de maladie, on ne rejoignait jamais Saint-Lazare qui s’occupait plus spécialement des lépreux, anciens Templiers et Hospitaliers.
Après la chute d’Acre en 1291 et la perte définitive de la Terre sainte, les Teutoniques se replient sur Venise. Par la suite, le siège desSainte-Lance-qui-saigne, et de comprendre les raisons de ce prodige".
voilà le grand secret dévoilé : le Saint-Graal est indissociable de la Blanche Lance. Pourtant, selon Wolfram von Eschenbach, "Templier lui-même", le vase sacré fut confié à la garde du Temple et enfoui au château de Montsalvage. Alors que tout est perdu le 14 juin 1098 pour les croisés assiégés dans Antioche, saint André apparaît au moine Barthélemy et lui révèle la cachette de la Sainte-Lance, près de la basilique Saint-Pierre. On creuse et l’objet précieux dissimulé là au moment où les Perses investissaient le mont Sion, apparaît aux yeux des combattants.
Stimulés par cette découverte, ils vont vaincre les infidèles. Le 18 avril 1124, la relique est aussi montrée pendant la bataille d’Ascalon. Elle aurait été confiée aux Teutoniques qui l’emportent et la conservent dans l’île de Goland. La Sainte-Lance-qui-saigne aurait été perdue à la chute de cette île. Toujours selon Chrétien de Troyes, un ange tient la hampe de la lance de Longin et l’incline de temps à autre vers le Graal. Trois gouttes de sang vermeil s’écoulent de la Blanche Lance jusqu’au Saint-Vaissel, comme celles du pélican vers ses petits. Le précieux sang est le lien sacré entre le Graal et la Lance. Perceval, avant tous les autres chevaliers, nous montre la voie royale. Il existe une autre lance tenue par l’empereur Constantin lors de la bataille des Roches-Rouges : c’est la lance du centurion Maurice (Ille siècle), emmenée par la suite à Trèves. Elle a repris sa place au musée impérial de Vienne et sa copie est dans le trésor d’Aix-la-Chapelle. Elle servait au sacre des empereurs.
On dit qu’une partie des archives du Temple aurait abouti en Belgique puis aurait été confiée en 1307 à la garde des Teutoniques de Maastricht par le commandeur du Temple, le frère Arnoul de Wesemale ; mariage de la carpe et du lapin, rencontre, mais un peu tardive, des deux ordres rivaux cités plus haut, l’un finissant alors que l’autre commence son ascension.
En 1780, des ouvriers creusant sous les remparts de la commanderie des Nouveaux-Joncs, qui dépendait autrefois de la province de Lorraine, trouvèrent dans ladite ville un grand coffre bardé de fer. Mis au courant rapidement, le commandeur des
Teutoniques le réclama aussitôt comme bien de l’Ordre, en précisant qu’il s’agissait de documents ayant appartenu aux Templiers.
Maastricht, sépulture du dernier prince carolingien, duc de Lorraine, aurait-il été le conservatoire d’une partie des archives de la première organisation européenne, commerciale, bancaire et militaire, par l’intermédiaire de l’ordre Teutonique ? Est-ce une légende Sans doute. Mais existe-t-il vraiment des hasards ?
Jean-Marie AUZANNEAU-FOUQUET preface de "L’ordre Teutonique de Louis Lefroid ed. Opera
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