mercredi 25 avril 2007, par
Date 20 septembre 1792
Lieu Entre Sainte-Menehould et Valmy
Issue Victoire française
Belligérants
Français Prussiens
Commandants
Général Kellermann et Général Dumouriez Duc de Brunswick
Forces en présence
50 000 hommes 80 000 hommes
Pertes
300 morts 184 morts
Pendant la Révolution française, la bataille de Valmy, ou plutôt la canonnade, s’est déroulée à Valmy le 20 septembre 1792 opposant la Prusse et la France.
Après que la France eut déclaré la guerre à l’Autriche le 20 avril 1792, les forces anti ou contre-révolutionnaires envahirent la France le 18 août 1792.
Une armée de 150 000 hommes, troupe combinée de la Prusse, de l’Autriche, et de Hessois sous le commandement du duc de Brunswick, représentant du roi Frédéric Guillaume II de Prusse, à laquelle s’étaient joints 20 000 émigrés, s’était d’abord avancée contre la France, sur toute la ligne de ses frontières, entre Dunkerque et la Suisse. Le 12 août, au lever du soleil les troupes légères prussiennes pénètrent sur le territoire français. Le 15, l’armée prussienne vient camper entre Sierck et Luxembourg, et le général Clairfayt, à la tête des Autrichiens, coupe la communication entre Longwy et Montmédy. Le 19 le maréchal Luckner résiste courageusement à une attaque de 22 000 Autrichiens à Fontoy.
Le 20 août, le Prussien remporte la bataille de Verdun : la route de Paris est alors ouverte. Les commandants en chef des armées françaises deviennent suspects ; aussi, avant qu’une action sérieuse puisse être entreprise, les trois armées de Rochambeau, de Lafayette et de Luckner sont réparties entre les généraux Dumouriez et Kellermann.
Le 23 août, après un bombardement de trois jours, Longwy se rend aux alliés qui marchent alors lentement vers Verdun indéfendable.
Le commandant de la place, le colonel Beaurepaire qui défend la place, indigné de la lâcheté du conseil de guerre qui veut capituler, prend un pistolet et se suicide. Le jeune et vaillant Marceau, qui voulait comme Beaurepaire s’ensevelir sous les ruines de la place, finit par se rendre le 3 septembre 1792, après la défaite du 20 août. Il avait perdu ses équipages, ses chevaux, son argent.
« Que voulez-vous qu’on vous rende ? lui demanda un représentant du peuple.
- Un autre sabre pour venger notre défaite. »
Le 2 septembre le duc de Brunswick prend possession de Verdun au nom du roi de France. L’armée d’invasion, réunie à Verdun, est forte de 80 000 hommes. Pressé de parvenir à son but, le roi de Prusse donne ordre, dès le lendemain, à cette armée d’avancer à travers les plaines de la Champagne et de marcher droit sur Paris. Rien ne lui paraît plus facile. Il s’arrête cependant à quelques lieues de Châlons, arrivé au terme de son voyage qui devait être une suite de fêtes et de triomphes.
Mais Dumouriez, qui entraînait ses nouvelles troupes à Valenciennes avec des actions fréquentes mais réduites dans le dessein d’envahir la Belgique, se porte vers l’Argonne par une marche rapide et osée presque sous les yeux de l’avant-garde prussienne et barre la route de Paris, enjoignant à Kellermann de l’assister depuis Metz. Kellermann se déplace mais lentement et, avant qu’il arrive, la partie nord de la ligne de défense est enfoncée. Dumouriez, non intimidé, change le front pour faire face au nord, avec son aile droite dans l’Argonne et sa gauche s’allongeant vers Châlons-sur-Marne et, dans cette position Kellermann fait sa jonction à Sainte-Menehould le 19 septembre 1792.
Dumouriez campe à une lieue en avant de Sainte-Menehould, sur un plateau peu élevé au-dessus des prairies à droite du chemin qui conduit à Châlons. Cette position s’appuie sur la droite à l’Aisne qui descend de Sainte-Menehould, des prairies marécageuses et un étang en couvrent la gauche. Une vallée étroite sépare le camp des hauteurs de l’Iron et de la Lune où campent les Prussiens. Entre ces deux élévations est un bassin de prairies d’où sortent quelques tertres dont le plus élevé est celui qui se trouve couronné par le moulin de Valmy. Deux petites rivières séparent cet espace, elles tombent dans l’Aisne, au-dessus et au-dessous de Sainte-Menehould, l’Auve est au sud et la Bionne est au nord. Le quartier général est placé à Sainte-Menehould à une égale distance du corps d’armée et de l’avant-garde commandée par le général Dillon. Sur la rive droite de l’Auve. Un bataillon de troupes de ligne se trouve dans le château de Saint-Thomas. Vienne-le-Château, Moirmont et la Neuville sont occupés par trois autres bataillons et de la cavalerie. Le front du camp est couvert de batteries qui découvrent le vallon dans tous ses prolongements. La gauche du camp se terme sur le chemin de Châlons, la rive droile de l’Auve est laissée à l’armée de Kellermann.
Kellermann est arrivé le 18 septembre à Dampierre-le-Château d’où il reçoit le soir une dépêche de Dumouriez lui indiquant en arrière et sur la gauche une position excellente, formant équerre avec la sienne. Le lendemain, Kellermann fait passer l’Auve à ses troupes. Mais à peine est-il rendu sur l’emplacement désigné par Dumouriez que, frappé par ses inconvénients, il court à Sainte-Menehould pour faire observer au général en chef combien cette position est dangereuse. La gauche destituée d’appui, est soumise aux hauteurs qui descendent du moulin de Valmy. La droite touche un étang qui gêne sa communication avec la gauche de l’armée de Sainte-Menehould. Le ruisseau d’Auve, seule retraite en cas d’échec, est trop rapproché des arrières du camp. Une armée fuyant en désordre se retrouverait embourbée. Si les deux armées sont attaquées, elles seraient battues par le seul fait du terrain. Kellermann prévient Dumouriez qu’il est décidé à repasser l’Auve le lendemain 20 septembre, à la pointe du jour. Il n’a pas le temps de mettre son plan à exécution. L’ennemi instruit de son arrivée, et jugeant bien la difficulté de sa position, est déjà en marche pour l’attaquer.
Le duc de Brunswick cependant avait passé les défilés du nord et pivoté pour couper Dumouriez de Châlons. À ce moment, la manœuvre prussienne étant presque achevée, Kellermann, commandant en l’absence momentanée de Dumouriez, fait avancer son aile gauche et prend position sur le plateau adossé au moulin entre Sainte-Menehould et Valmy.
Avant trois heures du matin, le 10 septembre, les Prussiens et les Autrichiens sont déjà en mouvement et bientôt l’avant-garde prussienne, commandée par le prince de Hohenlohe-Singelfingen, rencontre celle du général Kellermann, sous les ordres du général Després-Crassier, établie en avant du village de Hans pour éclairer cette partie et couvrir la gauche de l’armée. L’attaque de l’ennemi fait prendre conscience qu’il s’agit d’une affaire sérieuse et non d’une escarmouche d’avant-postes, les coalisés veulent en finir et écraser d’un seul coup les deux petites armées qui s’opposent à leur marche.
L’avant-garde ennemie se porte directement sur Hans, entre la Bienne et la Tourbe, tandis que le gros de l’armée, remonte la rivière, à Somme-Tourbe suivie des Autrichiens du général Clairfayt.
A la première nouvelle de l’attaque de son avant-garde, Kellermann ordonne de plier les tentes, de prendre les armes et de déblayer la route en arrière en faisant filer les équipages par le grand chemin de Sainte-Menehould. Il n’est plus question de repasser l’Auve, le temps presse. L’avant-garde, vigoureusement attaquée, se replie déjà sur l’armée. Kellermann prend aussitôt ses dispositions pour une bataille en règle.
Jusque vers sept heures, un brouillard épais empêche aux deux armées de connaître leurs dispositions respectives. Lorsqu’il se dissipe un peu, l’artillerie commence à tirer de part et d’autre, et le feu se soutient avec vivacité, sans être vraiment meurtrier pour aucun parti. Vers dix heures, Kellermann, placé au centre de la ligne, étudie les manœuvres de l’ennemi lorsque son cheval est tué sous lui d’un coup de canon. Presque dans le même temps, des obus éclatent au milieu du dépôt de munitions et font sauter deux caissons d’artillerie, blessant beaucoup de monde alentour. Dans le désordre ainsi causé, les conducteurs s’enfuient avec leurs caissons. Faute de munitions, le feu diminue d’intensité. Une partie de l’infanterie opère alors un mouvement de recul et ajoute à la confusion générale. Kellermann s’y rend en personne, et reprend la première position.
Le duc de Brunswick voyant que le feu de son artillerie n’a pas réussi à ébranler les troupes françaises, veut essayer une attaque de vive force. Vers les onze heures, le feu de ses batteries redouble. Il forme trois colonnes d’attaque soutenues par la cavalerie. Les deux colonnes de gauche se dirigent sur le moulin de Valmy, la droite se tenant à distance. Ces attaques en ordre oblique sont la tactique habituelle des Prussiens.
Kellerman comprend que dans cet état d’esprit, il n’est pas non plus possible de maintenir la discipline tout en restant statique. Aussi, il ordonne d’avancer. Il dispose son armée en colonnes par bataillon. Quand elles sont formées, il les parcourt et leur adresse cette courte harangue : « Camarades, voilà le moment de la victoire ; laissons avancer l’ennemi sans tirer un seul coup de fusil, et chargeons-le à la baïonnette. »
L’armée, pleine d’enthousiasme et déjà aguerrie par une canonnade de quatre heures, répond aux paroles de son général par des cris multipliés de : Vive la nation ! Kellermann lui-même met son chapeau au bout de son sabre et répète : Vive la nation ! En un instant, tous les chapeaux sont sur les baïonnettes et un immense cri s’élève de tous les rangs de l’armée.
Ces mouvements, cet enthousiasme, annonce une armée qui brûle de combattre. L’ennemi s’étonne, ses colonnes s’arrêtent : "La victoire est à nous !" crie Kellermann, et l’artillerie, dont le feu redouble, foudroie les têtes de colonnes prussiennes. Devant tant de détermination, le duc de Bruswick donne le signal de la retraite.
Le feu continue jusqu’à quatre heures du soir. Encore une fois l’ennemi reforme ses colonnes et essaie une nouvelle attaque. Mais la bonne contenance de l’armée française, son ardeur manifestée par de nouveaux cris, suffit à l’arrêter une seconde fois. Vers sept heures du soir, les coalisés regagnent leurs premières positions, laissant aux Français le champ de bataille jonché de morts.
La retraite des Prussiens étonne bien des observateurs. Les suppositions vont bon train : le duc de Brunswick n’aurait-il pas été acheté par Georges Danton avec les diamants de la couronne royale de France, volés quatre jours plus tôt (16 septembre 1792) au garde-meuble ?[2]. Mais il faut aussi tenir compte du mauvais temps, de l’état de santé médiocre des Prussiens (dysenterie provoquée par la consommation des raisins verts, le ravitaillement étant coupé). Quelques jours plus tôt, l’invasion de la Pologne par la Russie et l’Autriche a commencé. Or, la Prusse a besoin de cette armée pour participer au partage.
La bataille restera marquée surtout par une intense canonnade au cours de laquelle la nouvelle artillerie française créée par Gribeauval marque sa supériorité. Les deux armées ont assisté à la bataille sans vraiment y prendre part. Il n’y a finalement que 300 morts côté français, 184 chez les Prussiens.
Dumouriez a pris toutes ses dispositions pour venir au secours de Kellermann en cas d’échec, ou pour prendre part à l’affaire si elle devenait générale. Clairfayt s’est contenté de montrer trois têtes de colonnes vers Valmy et Maffrievart pour tenir les Français dans l’incertitude et menacer en même temps la tête du camp de Sainte-Menehould et les derrières de la droite de Kellermann. Le duc de Brunswick était si sûr de vaincre, qu’il avait cru pouvoir se passer de l’assistance efficace de Clairfayt et des Autrichiens.
A la bataille de Valmy, Il y eut 24 000 Français d’engagés contre 100 000 Austro-Prussiens... Dans cette journée, Kellermann avait sauvé la patrie et révélé aux Français le secret de leur valeur. C’en est fait, la coalition est vaincue sur ce point. 80 000 ennemis, qui avaient marché comme en triomphe, s’arrêtent, saisis de crainte, et l’armée française qui, jusque-là, avait redouté son inexpérience, devant des soldats aguerris et disciplinés, s’aperçoit que le courage et le patriotisme peuvent la rendre redoutable, jusqu’au moment où la discipline viendra l’égaler d’abord, pour l’élever bientôt au-dessus de ces Prussiens et de ces Autrichiens si renommés.
Le lendemain, 21 septembre, la nouvelle parvient à Paris. Assurée de la sauvegarde du pays, sûre de sa force, la Convention nationale proclame la République. Ce même jour, Kellermann, dont la position, malgré la retraite de l’ennemi, n’en est pas moins hasardeuse, s’établit sur les hauteurs de Voilemont, son front couvert par l’Auve et sa droite appuyée sur la gauche de Dumouriez.
La bataille de Valmy est à l’origine du mythe du citoyen en arme qui va fonder la conscription (ou service militaire). On sait que les conséquences de cette bataille furent l’évacuation du territoire français par l’armée coalisée le 22 octobre suivant.
* Augustin Daniel Belliard (1766-1832), député, capitaine des engagés volontaires, lors de la bataille, au milieu de la canonnade, il transmet d’un corps d’armée à un autre, les ordres de Beurnonville.
* Jean Ernest de Beurmann (1775-1850), alors capitaine.
* Charles François Dumouriez (1739-1823), général, il commandait une partie des troupes.
* Pierre Dupont de l’Étang (1765-1840), alors adjudant général lieutenant-colonel, il combattit vaillamment.
* Dominique François Xavier Félix (1763-1839), alors adjudant-général, il prit une part glorieuse à la bataille.
* Joseph Diaz Gergonne (1771-1859).
* Paul Grenier (1768-1827, alors capitaine.
* François Christophe Kellermann (1735-1820), général, il commandait une partie des troupes.
* Choderlos de Laclos (1741-1803), écrivain français, (auteur des Liaisons Dangereuses), Commissaire au ministère de la Guerre où il a la charge de réorganiser les troupes de la jeune République, grâce à ses activités, il participe de façon décisive à la victoire.
* Adelaïde Blaise François Le Lièvre de La Grange (1766-1833), alors colonel.
* Louis-François Lejeune (1775-1848), alors engagé volontaire.
* Nicolas Luckner (1722 et mort guillotiné à Paris en 1794), est un militaire français d’origine germanique. Maréchal de France en 1791, commandement de l’armée du Nord, il est relevé de ses fonctions.
* Jean Bernard Gauthier de Murnan, (1748-1796), alors colonel.
* Louis-Philippe d’Orléans (1773-1850), alors lieutenant-général.
* Pierre Claude Pajol (1772-1844), alors lieutenant des grenadiers des futures colonnes infernales.
* Auguste Marie Henri Picot, marquis de Dampierre (1756-1793), alors colonel.
* Jacques Marguerite Pilotte, alors colonel.
* Gabriel Adrien Marie Poissonnier Desperrières (1763-1852), alors colonel, il commandait 2 500 grenadiers qui firent des prodiges de valeur à la bataille.
* Pierre Riel de Beurnonville (1773-1850), alors lieutenant-général, il commandait de l’avant-garde de Dumouriez.
* David Maurice Joseph de Saint-Maurice de la Redorte (1768-1833), alors capitaine.
* Jean Baptiste Donatien de Vimeur, comte de Rochambeau (1752-1821), général, il commandait une partie des troupes.
* Claude Testot-Ferry (1773-1856), alors engagé volontaire.
* Benjamin Zix (1772-1811), dessinateur au quartier général de la Grande Armée, il a réalisé les croquis de la bataille.
* Charles-Guillaume-Ferdinand, duc de Brunswick-Lunebourg (1735-1806), général et prince allemand. Il commandait les forces attaquantes.
* Charles Joseph de Croix, comte de Clerfait (1733-1798), il commandait le corps des 12.000 Autrichiens et coupe la communication entre Longwy et Montmédy.
* Louis de Frotté (1766-1800), alors colonel-général des forces émigrées.
* Johann Wolfgang von Goethe (1749-1832), poète, romancier et dramaturge allemand, également scientifique, il est à la bataille de Valmy aux côtés du duc de Saxe-Weimar.
sources wikipedia
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Messages et commentaires
1. Valmy par Beethoven (op 54), 21 janvier 2018, 13:17, par Georges Kan - musicologue
Il existe une représentation musicale méconnue de la Bataille de Valmy faite par Beethoven dans sa Sonate op. 54. Sur la couverture de la première édition (A Vienne au Bureau des arts et d’industrie) on peut lire "LI me SONATE". La typographie utilisée (un gras renforcé) crée l’illusion d’un "LI" gravé dans le marbre. Il ne peut s’agir de la 51e Sonate car Beethoven d’une part n’en aura composé que 32, et que d’autre part s’il numérote effectivement ses oeuvres (l’op. 54 en l’occurence), il ne comptabilise pas sa production par genre. ’LI’ est une double référence cachée à Louis XVI et à Valmy : le produit de X et V ajouté au I donne LI, et les lettres VY entrelacées créent un V barré (ancêtre du L) et un I. La musique à programme trace dans le 1er mouvement les idées sombres de Louis XVI face à la menace des Sans-culottes, puis la Fuite de Varenne et la Prise des Tuileries. Dans le 2e mouvement c’est le champ de bataille qui est décrit, de loin, puis de près, avec les charges, le grondement de la canonade, le sifflement des obus (avec l’effet Doppler, soit un chromatisme de 3 notes vers le grave), la clameur et l’issue victorieuse. Cette œuvre révolutionnaire est contemporaine de la Symphonie Eroica, initialement dédiée à Napoléon.
Répondre à ce messageGeorges Kan - musicologue
2. Napoléon à Rivoli par Beethoven, 7 février 2018, 22:51, par Georges Kan - musicologue
« Napoléon à la bataille de Rivoli » serait, d’après le musicologue Georges Kan, le sujet de la 23e sonate pour piano de Beethoven. Cette œuvre utiliserait un titre énigmatique (LIVme SONATE) à l’instar de la 22e sonate (LIme SONATE), publiée également au Bureau des arts et d’industrie à Vienne. Beethoven aura cherché à retarder ces deux publications pour pouvoir les placer comme « LI me » et « LIV me » dans le catalogue de son éditeur, et brouiller ainsi la lecture des titres respectifs, à savoir « La Révolution » pour l’opus 54 (LI faisant référence autant à la fin de Louis XVI qu’à Valmy), et « Napoléon à Rivoli » pour l’opus 57 (LIV décomposé en LI et [An] V).
La sonate no 23, surnommée « Appassionata » est composée de trois mouvements.
Le premier, Allegro assai, dépeint la colère de Napoléon Bonaparte : bloqué à Mantoue, il risque maintenant la défaite face aux Autrichiens d’Alvinzy. Le thème tantôt martial, tantôt impérial, ponctué de 4 croches dans le grave (reprises dans la Symphonie no 5), est interrompu par des accords colériques.
Le deuxième mouvement, Andante con moto décrit l’attente. Le thème varié change progressivement d’éclairage : nocturne dans la 1re variation, aux aurores à la 2e, puis plein soleil dans la suivante avant une conclusion résignée.
Le troisième mouvement, Allegro ma non troppo, fait irruption pour annoncer l’arrivée des renforts. Allégresse, vaillance et détermination ponctue ce mouvement qui se clôt sur une tarentelle endiablée.
A noter que Barry Cooper, dans « The Creation of Beethoven’s 35 Piano Sonatas », cite Hans-Werner Küthen selon qui les « LI me » et « LIV me » sonates sont bien les 51e et 54e sonates réellement publiées par Kunst- und Industrie-Comptoir (tous auteurs confondus). Georges Kan s’étonne que le rythme de production de Beethoven entre l’opus 54 et l’opus 57 corresponde exactement aux deux sonates publiées entretemps par le Comptoir, alors que l’opus 53 et 54 sont, eux, distants de soixante six numéros de cotage (respectivement 449 et 507 chez ce même éditeur). Est-il vraisemblable que Beethoven subisse par deux fois l’annonce d’une information qui ne relève en rien de son propre catalogue, lui qui maîtrise les publications dans leur moindre détail ? Beethoven aura donc manipulé son éditeur en lui demandant de publier au moment opportun les deux opus sous ses intitulés de LI et LIV sans que le Bureau des arts et d’industrie n’en saisisse le sens hautement subversif.
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